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«François de Roubaix accompagne idéalement une douzaine d’huîtres» : Entrevue musico-bouffe avec Institut

«François de Roubaix accompagne idéalement une douzaine d’huîtres» : Entrevue musico-bouffe avec Institut

Le groupe français Institut lance le 5 mars prochain son troisième album L’effet waouh des zones côtières. Musicalement parlant, il s’agit d’un mélange créatif d’afrobeat et de new wave auquel se greffent des mix ingénieux. Quant aux paroles des chansons, elles abordent les réalités d’aujourd’hui sans gêne et avec beaucoup d’ironie: amours réinventés, plaisirs distanciels, livraison à domicile.

Fondé par l’auteur-compositeur-multi-instrumentiste Arnaud Dumatin et le batteur-arrangeur-producteur Emmanuel Mario, le groupe inclut aujourd’hui la chanteuse indie pop folk Nina Savary. Il a déjà travaillé avec le Québec, aux côtés du réalisateur et directeur de photographie Michel La Veaux pour la bande originale de son documentaire Labrecque, une caméra pour la mémoire et du producteur Denis Côté pour la réalisation du clip Ici aussi.

En attendant sa sortie, Baron s’est entretenu avec Arnaud Dumatin sur ses influences musicales… et culinaires!

Comment en es-tu arrivé à faire de la musique?

J’ai commencé à jouer de la musique au lycée. Un peu comme un exutoire. J’ai d’abord appris la basse, l’instrument des timides. C’était l’époque du slap, une technique percussive qui m’impressionnait beaucoup. J’essayais de jouer le plus vite possible, je mettais des notes partout. Avec mon groupe, on répétait deux fois par semaine dans la cave de mes parents. Je me demande comment les voisins ont fait pour supporter ça. C’était tout sauf de la musique, mais je crois que l’expérience a été formatrice. J’ai appris plus tard à aimer les tempos lents et les silences.

Comment décrirais-tu ton univers musical?

C’est une question que je ne me pose pas souvent. J’essaie de tracer ma route. Mes influences sont multiples, mais je ne les retrouve pas vraiment dans notre musique: Nick Cave et Nick Drake par exemple sont des artistes qui me touchent profondément. Je dirais qu’il s’agit de chanson française même si je ne me considère pas comme chanteur. De la chanson électronique minimale, avec un semblant de structure classiquement pop.

Pourquoi le nom Institut?

Peut-être parce que j’aime me placer dans une position embarrassante. C’est une question à laquelle je ne sais pas répondre avec clarté.

Pourquoi un album intitulé L’effet waouh des zones côtières?

Ce qui m’intéresse est d’entrechoquer les signifiants: il y a sur chacun de nos albums une forme de décalage entre le nom de notre groupe, les photos de nos pochettes et les titres. Sur celui-ci, c’est la même chose. La photo représente un groupe d’humains, encadrés par deux chasseurs, face à une ville en construction, en train de la prendre en photo avec leur smartphone. J’aime avoir un objet énigmatique entre les mains.

«L’effet waouh des zones côtières» est aussi le premier titre de l’album. C’est pour moi une bonne porte d’entrée.

Crédit photo: Institut

Quelle est ta relation avec la nourriture?

Je ne mange jamais entre les repas. Aussi, la nourriture rythme mes journées. Elle est une forme de rituel. Le déjeuner est l’horizon de la fin de matinée, le dîner est celui de la fin de journée.

Est-ce que tu écoutes de la musique quand tu cuisines?

Oui, toujours. Les deux sont de l’ordre du sensuel. Ça s’accorde très bien.

En fait, la cuisine et la musique ont ceci en commun que ce sont parmi les domaines où je me sens moi-même, dans l’instant. Alors, les deux ensemble, c’est parfait.

Quels sont les ingrédients de base dont tu as toujours besoin?

Ça dépend de mon humeur et des jours de la semaine. Le lundi, ce sera farine et œufs, le vendredi, plutôt salicorne et lentilles corail.

Quelle est la première recette que tu as appris à faire?

Le Chili con carne. C’est impossible à rater.

Quel est ton plat signature?

Le Kig ha farz, un plat typique breton, très roboratif. Parfait pour les hivers québécois. Je ne sais le préparer que depuis 3 ans, mais j’ai acquis un savoir-faire.

Quel est le plat que tu aimes commander?

Tout dépend dans quel type de restaurant je me trouve. J’aime commander ce qui me semble être le meilleur mix entre qualité et quantité (j’ai toujours peur de ne pas en avoir assez) et ce qui satisfait mes penchants carnivores.

Ca dépend aussi de l’instant. Là, par exemple, ce que j’aimerais commander, tout de suite, si les restaurants étaient ouverts, ce serait une choucroute.

Quel est le dernier repas de groupe que vous avez partagé?

Il y a deux semaines, pour le tournage de notre prochain clip dans le sud de la France. Nina et Emma, les deux autres membres d’Institut, aiment beaucoup cuisiner, toujours avec de bons produits, qu’ils prennent le soin de choisir auprès de producteurs locaux. On a mangé un axoa de veau.

Quelles sont tes règles en cuisine?

Faire confiance à mon instinct et aller vite, à l’énergie.

En musique?

C’est la même chose. Si je passe plus de deux jours sur un morceau, inutile d’insister. Il faut que ça coule, que ce soit évident.

Quelles sont les bonnes conditions pour cuisiner?

Être seul, avoir un plan de travail bien nettoyé, des outils prêts à l’emploi.

Pour faire de la musique?

C’est un peu la même chose. Mon lit doit être fait, le sol nickel, la guitare accordée, mon cerveau aéré, sans interférence. C’est un équilibre pas évident à trouver. Résultat: on sort un album tous les 5 ans.

Quel est le meilleur assemblage repas-musique que tu aies expérimenté?

François de Roubaix accompagne idéalement une douzaine d’huîtres, sans prendre le pas mais en les sublimant.

Quelle est ta dernière découverte culinaire?

Une recette de boudin noir revisitée. Je révise plutôt mes classiques en ce moment. J’ai mangé des galettes complètes tout l’automne.

Et musicale?

Visions of Bodies Being Burned: Enlacing & Pain Everyday de Clipping, un album de hip hop ambitieux. Sombre et prenant. Ça me fait un peu penser à Buck 65.

🎙️Institut

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Photo de couverture: Membres du groupe Institut. Crédit: Ph. Lebruman 

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