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Sous la loupe: Sylvie Lajoie, l’artiste textile derrière les dessins sur fil

Sous la loupe: Sylvie Lajoie, l’artiste textile derrière les dessins sur fil

Inspirée par son entourage et les arts en tout genre, Sylvie Lajoie s’est trouvé une place de choix dans le milieu artistique auprès des créateurs.trices d’art textile avec ses œuvres uniques qui combinent papier, fil et photographie. Technique originale, créations méticuleuses et combinaison tout en douceur, les «dessins sur fil» de l’artiste ont un langage qui leur est propre. 

Entrevue avec la créatrice dont l’inspiration est perpétuelle.

Qui êtes-vous, quel est votre médium de prédilection et pourquoi?

Mon nom est Sylvie Lajoie et mon médium de prédilection touche tout ce qui concerne la fibre: papier, tissu et fil, et ce, depuis de nombreuses années. Le papier est venu s’intégrer graduellement par sa grande parenté avec le monde de la fibre. Et depuis 2016, je travaille surtout sur ce que j’appelle le «dessin sur fil». Ce sont des dessins brodés à la machine à coudre basés sur de vielles photos de famille. Le trio fil, papier et photo est ce qui me démarque présentement.

Quelles ont été vos influences artistiques à vos débuts et quelles sont celles d’aujourd’hui?

À la suite d’études en design de mode, j’avais envie d’utiliser les tissus à des fins artistiques. J’ai alors découvert l’artiste textile française Gisèle Acker, les Britanniques Cas Holmes et Anne Kelly qui ont fortement contribué à mes expérimentations de départ. Je suis retournée aux études en arts visuels au Cégep Marie-Victorin, car je voulais orienter ma démarche et mon langage visuel plus en lien avec l’art contemporain. J’ai eu la chance d’avoir des enseignants qui ont des carrières artistiques très actuelles et florissantes et qui se sont avérés d’excellents mentors.

Comment organisez-vous votre horaire? Comment planifiez vous le temps de cerveau disponible à la création et celui accordé à la gestion plus technique de votre entreprise?

J’ai fait le choix de travailler à temps partiel pour avoir plus de temps à consacrer au travail en atelier. Je suis hyper disciplinée et jamais à la dernière minute pour respecter mes échéanciers d’exposition. Le stress, dans mon cas, gâcherait le plaisir de la création. Mon cerveau est constamment en mode «recherche d’idées». Un rien le titille et comme je dis souvent: «Je suis bien dans ma tête, je ne m’ennuie jamais». Pour ce qui est de la gestion technique, je profite des soirées pour y consacrer du temps. Je garde précieusement les heures en atelier pour la production.

Crédit: Sylvie Lajoie.

Quels sont vos meilleurs trucs pour mousser votre créativité?

Définitivement, aller voir les expositions d’autres artistes. Cela permet une ventilation des idées. Peu importe le médium, il y a toujours un quelque chose qui me touche et me tient groundée artistiquement. Souvent le processus de création d’un artiste nous inspire beaucoup. Cela nous aide à penser «à côté de la boîte». Je suis fascinée par ce qui peut ressortir du cerveau d’un autre créateur. Parfois, je sors fébrile d’une exposition avec l’envie pressante de retourner en atelier.

Quels sont les outils indispensables pour passer une journée productive?

Un atelier bien organisé m’est nécessaire, pas nécessairement tout bien rangé, mais que tout soit à sa place quand j’en ai besoin. Je passe régulièrement de la machine à coudre à la peinture acrylique et je dois organiser les étapes de production en conséquence.

Quels ont été les principaux défis auxquels vous avez pu faire face en tant qu’artiste lors de vos débuts?

Hum, au début (il y a environ 10 ans), c’est se faire accepter comme artiste utilisant les textiles dans les rencontres en arts visuels. Aujourd’hui, c’est plus ouvert, le textile fait ouvertement partie de l’art contemporain, même s’il y a des poches de résistance. J’ai vu l’exposition «Fait main» à Québec, qui m’a fait prendre conscience d’une communauté artistique vivante. Travailler seule en atelier demande une certaine dose de motivation et de persévérance. Savoir que «nous ne sommes pas seuls» est en quelque sorte la petite lumière qui nous guide.

L’artiste Sylvie Lajoie.

Quels sont vos principaux défis aujourd’hui et comment arrivez-vous à les surmonter?

Le principal défi est de continuellement se renouveler et de garder toujours frais ce «titillement du cerveau» qui m’anime. J’aime explorer, mon atelier est parfois un laboratoire expérimental et j’en retire toujours quelque chose de nouveau à renouveler dans ma pratique.

Quelles ont été les personnes marquantes dans votre parcours professionnel?

Sans aucun doute Jannick Deslauriers. Elle a été une de mes enseignantes au Cégep Marie-Victorin lorsque j’ai fait un retour aux études. Elle m’a laissé explorer les textiles de toutes les manières possibles. Julie Jacob, agente culturelle de l’arrondissement RDP-PAT, pour ses encouragements au développement artistique par le biais de médiation culturelle et d’expositions.

Quelle œuvre avez-vous réalisée dont vous êtes la plus fière et pourquoi? 

En fait, j’ai développé une façon personnelle de faire de la broderie à la machine à coudre, c’est ce qui me démarque présentement, et que j’ai baptisé le «dessin sur fil». L’un de ces «dessins sur fil» est une œuvre qui s’intitule «Voir loin» (16 x 16 po). Ce que j’aime de cette œuvre, c’est le petit défi technique que j’ai relevé. Je suis assez fière des bicyclettes que je reproduis en broderie machine. De plus, elle a un beau message sous-jacent de persévérance et de dépassement de soi.

«Voir loin» de Sylvie Lajoie.

Quel regard posez-vous sur votre secteur d’activité au Québec par rapport à ce qui se passe ailleurs dans le monde?

Que l’on regarde ce qui se passe en Europe, aux États-Unis et même dans l’Ouest Canadien, les artistes de la fibre ont beaucoup plus d’opportunités d’expositions par divers événements textiles. Au Québec, nous avons tout de même la Biennale du Lin, La Triennale Internationale des Arts Textiles en Outaouais, la Biennale de Courtepointe Québec, qui contribuent à la reconnaissance des arts textiles.

Quel est le pire ennemi et le meilleur allié d’un artiste?

Le pire ennemi est le doute, mais il peut devenir ton meilleur allié, car il permet de se remettre en question et d’aller constamment plus loin dans sa démarche. Le temps est un pas pire ennemi lui aussi, mais il faut le mettre à profit.

Que faut-il avoir pour atteindre votre point d’équilibre personnel?

Prendre du recul, relativiser les choses et savoir apprécier les bons moments quand ils se présentent.

«Glamour on the road» de Sylvie Lajoie.

Que changeriez-vous, si vous aviez la chance de revenir en arrière?

Je commencerais plus tôt ma carrière artistique. J’ai commencé de façon autodidacte, bien que je sois retournée aux études par la suite, mais j’aurais aimé étudier en arts plus jeune.

Quel est le meilleur conseil qu’un artiste vous ait partagé?

L’art prend du temps: à faire et à développer. Il faut persévérer et avoir du plaisir à créer.

Quel(s) conseil(s) donneriez vous à quelqu’un qui souhaite vivre de son art?

Étudier, aller chercher du bagage, ne pas se presser à «faire carrière». Vivre de son art n’est pas donné à tous, mais je crois que développer sa carrière artistique peut comprendre divers volets comme l’enseignement ou la médiation culturelle. Ce qui peut mener à des rencontres dans le milieu et surtout, surtout, persévérer.

Sylvie Lajoie

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