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«Quand on est seul, on arrive à bien méditer sur la mélodie et on a moins peur de s’exprimer» – Entrevue musico-bouffe avec LÔTRE

«Quand on est seul, on arrive à bien méditer sur la mélodie et on a moins peur de s’exprimer» – Entrevue musico-bouffe avec LÔTRE

L’artiste montréalais d’origine rwandaise Tony Nkurunziza, connu aussi sous le nom de LÔTRE, sort le 13 novembre un EP intitulé Un voyage au bout de la noche. Sous des textes poétiques accompagnés d’une rythmique urbaine, LÔTRE explore les thématiques des plaisirs du corps, de la philosophie et de la société en général.

À travers son EP, il raconte la nuit tumultueuse d’un jeune homme à la recherche de lui-même. Une quête de cette vérité qu’il espère trouver dans les ténèbres de la nuit, le monde de LÔTRE. Autoproduit et autoréalisé, l’artiste poursuit sa collaboration avec le beatmaker Lil Cocobeatz et les rappeurs Youri Dominique (aka Naufrage), Outra du duo RainmenKoopsala et Lil Deezy pour l’aide à la direction artistique.

En attendant la sortie de son EP, Baron s’est entretenu avec Tony Nkurunziza sur ses expériences aussi bien musicales que culinaires!

Comment en es-tu arrivé à faire carrière en musique?

Depuis que je suis très jeune, j’ai une fascination pour l’écriture de poèmes, de textes et même parfois de livres. Sur le tard, l’été 2019, des amis m’ont conseillé d’aller dans un studio. Ils trouvaient que j’avais une facilité à écrire et peut-être aussi un petit talent musical que je pourrais travailler. Depuis un an, j’explore vraiment cet aspect créatif.

Je pars de mélodies. Puisque je n’ai pas vraiment de talent musical, j’ai la chance de connaître beaucoup de personnes qui écrivent de la musique et qui sont plus musiciens que moi. Avec mes textes, j’arrive à créer une espèce de mariage qui me plaît.

Je travaille avec toutes sortes de musiciens, mais il y en a un en particulier que j’ai rencontré à Montréal et qui s’appelle Lil Cocobeatz. Ça s’est fait par l’entremise de l’application Hit Story, un genre de Tinder pour les artistes. Ça permet à des vocalistes de rencontrer des beatmaker et c’est en format saison. Au printemps, on a ainsi créé une chanson ensemble, «Requiem», et on a fait une nouvelle collaboration pour mon EP avec «Rien».

Comment décrirais-tu ton univers musical?

Le rap a été mon introduction à la musique. C’est simple de m’identifier comme rappeur parce que je me sens plus à l’aise dans la musique urbaine. Mais je trouve qu’en 2020 la musique urbaine est tellement influencée par toutes sortes de saveurs que c’est difficile de se catégoriser uniquement comme rappeur. Surtout que je ne viens pas du tout du monde du freestyle comme la plupart des gens qui font du rap aujourd’hui.

Je me vois plus comme un artiste qui aime le rap comme Damso et Orelsan ainsi que le hip-hop. Dans la vie de tous les jours, j’aime aussi beaucoup écouter des musiques du monde: africaines, latines… Je suis quelqu’un qui aime beaucoup l’humour aussi, donc ça me fait aussi plaisir d’écouter des rappeurs qui savent tourner les choses en dérision et qui font un peu réfléchir de cette manière. Dans la musique en général, il y a Stromae. Quand j’étais adolescent, il était très actif et ça représente le moment où je me suis rendu compte qu’on pouvait faire de la musique différemment, avec des sons peut-être plus africains et plus américains, tout en pouvant chanter en français.

Je suis d’origine rwandaise et mes parents m’ont enseigné le français en premier. J’ai grandi à Montréal et j’ai passé un peu de temps en Afrique, donc j’ai toujours vu le français comme étant une francophonie qui s’étend partout dans le monde.

Pourquoi LÔTRE?

Ce qui m’attire beaucoup dans la musique, ce sont les émotions. Même si elles sont souvent très lourdes, peut-être négatives ou tristes, je pense que par la musique, elles deviennent magnifiques et amusantes. C’est dans cette optique que j’écris toujours mes chansons.

Mon personnage, LÔTRE, je l’ai créé parce que je voulais donner une place à la partie la plus sombre de mon être. Je voulais pouvoir l’exprimer à travers un alter ego qui met un peu en dérision les aspects que je trouve le plus difficiles dans ma vie.

Pourquoi un EP intitulé Un voyage au bout de la noche?

C’est un clin d’œil au livre de Céline Un voyage au bout de la nuit que j’ai lu l’été dernier pendant l’écriture de mon EP. J’ai trouvé que ça représentait bien la métaphore du voyage au bout de soi-même. Quand on fait une introspection de ses péchés, de ses rêves, de ses peurs, on voit un peu l’obscurité. Et au bout de cette nuit, il y aura le jour parce que lorsque j’aurais tout compris ce qu’il y a à l’intérieur de moi, je pourrais vivre en paix dans la lumière.

Quelle est ta relation avec la nourriture?

J’ai une bonne relation avec la nourriture, une relation saine. J’ai eu la chance d’apprendre assez tôt les bienfaits d’une bonne alimentation. J’ai toujours aimé le sport et l’exercice intellectuel. Bien me reposer, être actif et manger.

Je ne me prive jamais. Je suis d’origine rwandaise et j’ai grandi avec des plats bien garnis à l’africaine, avec du manioc, par exemple. J’ai aussi grandi au Québec et on a tellement de possibilités.

Est-ce que tu écoutes de la musique quand tu cuisines?

Oui et quand je cuisine, 80% du temps, je suis avec ma mère. Je fais surtout ce qui est poisson et viande, tandis qu’elle s’occupe plutôt des légumineuses. On aime bien écouter Cesaria Evora ou de la musique nigérienne plus actuelle.

Quels sont les ingrédients de base dont tu as toujours besoin?

Je suis aussi un accro à la moutarde de Dijon quand je cuisine. Du poivre noir aussi et des huiles comme l’huile d’olive.

Quelle est la première recette que tu as appris à faire?

Je pense que c’est une recette de gâteau à la vanille très simple qu’une grande tante m’avait montré quand j’avais peut-être 10 ans. J’avais obligé mes parents à m’acheter le même moule pour avoir la même forme que son gâteau.

Quel est ton plat signature?

Du poulet que je fais avec de la moutarde de Dijon, des frites et des légumes comme des choux de Bruxelles. Et une bouteille de vin, bien sûr!

Quel est le plat que tu aimes commander?

J’aime bien tout ce qui est shish taouk, la nourriture libanaise. Je trouve aussi qu’ils ont les meilleurs desserts!

Quelles sont tes règles en cuisine?

La seule règle est que tout le monde participe. Si quelqu’un vient dans ma cuisine, mais ne sait pas cuisiner, il peut dresser la table ou faire la vaisselle, par exemple. J’ai grandi avec beaucoup de gens dans ma famille, donc on a toujours eu du plaisir à mettre la main à la pâte.

En musique?

J’ai une règle que je m’impose, c’est toujours de me laisser aller dans la musique. Je pense qu’aujourd’hui on met beaucoup de pression pour que les artistes aient des positions sur certains sujets, qu’ils portent en eux une certaine responsabilité face à la société qui les entoure. Ma perception de la musique, c’est vraiment un divertissement. Même si ça peut être bénéfique pour le développement de ma carrière, ma règle est de rester fidèle à moi-même.

Crédit photo: LÔTRE

Quelles sont les bonnes conditions pour cuisiner?

Le temps. J’essaye toujours de tout faire la fin de semaine.

Pour faire de la musique?

La solitude, sans pression, avec des instrumentaux que j’écoute. Quand on est seul, on arrive à bien méditer sur la mélodie et on a moins peur de s’exprimer.

Quel est le meilleur assemblage repas-musique que tu aies expérimenté?

C’était pendant le temps des fêtes, on avait fait une raclette avec des amis et on écoutait du rock alternatif comme Les louanges.

Quelle est ta dernière découverte musicale?

Un chanteur qui s’appelle Wesley Joseph et sa chanson Ghostin’. Je n’aime pas vraiment les chansons qui sont très figées dans un style. J’aime voir des artistes qui voyagent. Il chante en anglais et il voyage dans une ambiance un peu psychédélique et hip-hop, j’aime beaucoup l’agencement.

🎤 LÔTRE

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