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Quartier Artisan, un accélérateur pour former les artisans à l’entrepreneuriat

Quartier Artisan, un accélérateur pour former les artisans à l’entrepreneuriat

Né à Lac Mégantic après la catastrophe ferroviaire de 2013, l’organisme Quartier Artisan a voulu miser sur l’entrepreneuriat pour reconstruire la ville. Il accompagne aujourd’hui des entreprises artisanales de toute la province. La mission: les former aux rudiments de l’entrepreneuriat et constituer une communauté d’entreprises tricotée serrée.

«Aborder l’artisanat sous l’angle entrepreneurial: ça n’existait pas au Québec», annonce d’emblée la directrice générale, Sarah Girouard. Il s’agit d’une clientèle bien particulière. De fait, l’artisan n’a souvent pas le choix de porter la casquette d’entrepreneur: «Ce sont souvent des solo-entrepreneurs, qui font tout, tout seul.»

Il y avait ainsi un manque à combler pour accompagner des professionnels pas toujours formés au marketing ou à la gestion de projets. Et c’est donc à Lac-Mégantic que l’initiative a été mise sur pied.

Sarah Girouard, directrice générale de Quartier Artisan. Courtoisie: Quartier Artisan – Facebook. Crédit photo: Claude Grenier, Numéra photographie

Un accélérateur pour les artisans-entrepreneurs

On trouve sur le site internet de Quartier Artisan un coffret à outils composé de vidéos et d’articles de blogs sur des sujets allant de la présence en ligne à la réalisation d’un plan d’affaires. «C’est notre porte d’entrée. C’est gratuit, et c’est un moyen de démocratiser notre offre», explique la directrice.

Mais le cœur du projet, c’est l’accélérateur, un programme pédagogique sur huit mois, qui accompagne chaque année huit entreprises en croissance, sélectionnées après un appel à candidature. Le programme doit les amener à structurer leur entreprise, préciser leur stratégie et développer leur réseau professionnel. Il est composé – en temps normal! –  de six séjours thématiques de trois ou quatre jours à Lac-Mégantic, avec des coachs et des experts professionnels. «On s’est rendu compte rapidement que le partage entre pairs c’est la clé pour aider ces entrepreneurs», souligne Sarah Girouard.

Forcément, la cohorte 2020, qui aurait dû démarrer en mars, a eu droit à une formule repensée. «Notre quatrième cohorte est virtuelle. Le contenu est plus parsemé dans le calendrier. On propose des blocs de deux à quatre heures plutôt que trois jours d’affilée. On a créé un groupe Facebook, on a dû réinventer le réseautage.» Avec la situation sanitaire qui semble se stabiliser, l’organisme espère pouvoir organiser un séjour à Lac-Mégantic en octobre.

En moyenne, les entreprises affichent une augmentation de 48% de leurs revenus dans l’année qui suit leur participation à l’accélérateur.

Courtoisie: Quartier Artisan – Facebook.

Atteindre les artisans de toute la province

Pour atteindre un plus large public, Quartier Artisan organise deux événements: la grande rencontre des artisans entrepreneurs, à Mégantic à l’automne, et la tournée des artisans au printemps.

La grande rencontre est une journée de conférences et de réseautage. L’an dernier, elle a attiré 180 personnes. «On travaille avec les écoles-ateliers à Montréal et à Québec pour acheminer les gens en autobus scolaires», précise Sarah Girouard.

La tournée des artisans, c’est un peu la même chose mais en sens inverse. «Au lieu d’amener les gens à Mégantic, on part dans le Québec.» Une caravane d’artisans entrepreneurs se promène ainsi dans différentes villes pour discuter d’une thématique particulière.

COVID-19 oblige, la tournée des artisans 2020 s’est faite en ligne, sous la forme d’un webinaire qui a attiré 104 artisans. «On a quand même découvert un beau potentiel en ligne», se console Sarah Girouard. On a rejoint du monde d’un peu partout, jusqu’en Gaspésie.»

Favoriser la «coopétition»

L’idée derrière Quartier Artisan, c’est aussi de favoriser la coopération et de jeter les bases d’une compétition saine entre artisans dont tout le monde devrait sortir gagnant. «C’est de créer une communauté tricotée serrée et de favoriser la coopétition», nous dit Sarah Girouard. On pense que si tout le monde est en santé, tout le monde va en bénéficier.»

On a aussi vu naître des collaborations entre les artisans passés par l’accélérateur. Annie Legault, designer textile spécialisée dans la création de lampes, tapis et suspensions, s’est ainsi associée à l’équipe d’Atelier Bussière, qui fabrique des meubles et objets en pierre naturelle. Les deux entreprises, qui ont fait partie de la première cohorte accélérée en 2017, ont conçu ensemble une collection de mobilier en granit.

François Bussière de l’Atelier Bussière. Courtoisie: Quartier Artisan – Facebook.

Les artisans, au temps de la COVID-19

On imagine assez bien la pandémie avoir toute sorte d’impacts sur la communauté artisane du Québec. Mais Sarah Girouard est plutôt optimiste. «Les entrepreneurs ont été bousculés. Mais beaucoup sont bien passés au travers. Ce sont des gens déjà proches de leur clientèle, qui produisent à petite échelle. Les valeurs locales, pour lesquelles il y a un regain d’intérêt, ils sont déjà dedans

Et va-t-on voir les artisans s’installer en région? «Les régions vont profiter du momentum, chacune avec ses couleurs. Lac-Mégantic a une petite longueur d’avance parce qu’il y avait déjà des entreprises implantées ici.» Un programme d’attraction des artisans entrepreneurs, avec une série d’incitatifs dont un programme d’accès à la propriété, est d’ailleurs en cours de préparation à Lac-Mégantic. Et pour l’anecdote, Sarah Girouard a déjà franchi le pas. En télétravail depuis Montréal jusqu’à cet été, elle a décidé de plier bagage pour s’installer durablement à Lac-Mégantic.

💼Quartier Artisan

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