Par Kim Renaud-Venne
Le Festival international de la littérature (FIL) aura lieu cette année du 18 au 27 septembre 2020. Pour sa 26e édition, 65 activités sont au programme et près de 200 auteur.rices et artistes toutes disciplines confondues seront de la partie. Les événements du FIL seront partagés entre des activités intérieures, extérieures et virtuelles.
Le cabaret de la résistante inaugurera cette édition au Théâtre de Quat’Sous avec une pléthore de textes et d’auteur.rices d’ici tel.les qu’Evelyne de la Chenelière, Alain Farah, Elkahna Talbi et bien d’autres. La pluralité des spectacles, projections et performances en salle ou en ligne, la variété de rencontres et d’échanges littéraires accessibles sur le web animés par Claudia Larochelle ainsi que la présence de libraires «à domicile», conviés en dehors de leurs murs habituels, contribueront sans l’ombre d’un doute au rayonnement du festival.
Le FIL saura également investir l’espace public à l’aide de ses spectacles extérieurs, mais aussi de son parcours littéraire piéton.
Créé par Sacha Buliard et Émilie Proulx, ce débordement littéraire prend forme à travers des citations exhibées sur des affichettes, semblables aux panneaux de signalisation, qui seront dispersées à la place des Festivals dans le Quartier des spectacles, jusqu’au Palais des congrès où aura lieu le prochain Salon du livre de Montréal.
Né durant le confinement, ce projet proposé au FIL par les deux conceptrices a dès lors été accueilli positivement, car elles ont su repenser le design événementiel qui, de prime abord, est associé au grand rassemblement. En temps de pandémie, ce parcours réfléchi permet de circuler de manière sécuritaire et d’éviter les foules. Celui-ci se déploie d’ailleurs sur des lieux peu utilisés normalement, des ruelles ou des espaces originaux du Quartier des spectacles.
Mais au-delà de l’aspect pragmatique, ce débordement littéraire est entre autres un moyen de témoigner aux promeneur.euses de cette étrangeté qui nous as habités et qui nous habite encore, partagée entre solitude et désir de communauté.
«Pendant le confinement, les seules sorties possibles étaient de prendre une marche dehors, on s’est donc inspirées de cette marche quotidienne pour créer cette déambulation littéraire», explique Émilie Proulx.
«Mettre de la littérature en contexte, ça permet d’offrir un regard nouveau aussi. On a sélectionné que des citations qui parlent du vivre ensemble. L’espace public est un espace collectif qu’il faut se réapproprier présentement, mais de manière solitaire, à distance des autres», rajoute Sacha Buliard.
Ces deux diplômées du DESS en design d’événements de l’UQAM avaient envie que le public, dans sa déambulation, puisse s’imprégner de littérature grâce aux passages significatifs des œuvres de Dany Laferrière, Réjean Ducharme, Joséphine Bacon, Kim Thúy, Roland Giguère et Monique Proulx. Certains d’entre eux ont même participé à leur façon au projet en proposant d’autres citations de leurs livres qu’ils considèrent assez révélatrices de leur conception du vivre ensemble.
Voulant que le public soit attentif à son environnement, ces panneaux littéraires, loin d’être flamboyants, se mêlent volontairement au paysage. Il faudra donc garder l’œil ouvert afin de dénicher ces perles d’écriture.
«On ne veut pas donner de cartographie aux visiteurs, on souhaite qu’ils se laissent dériver et guider par ce qui les entoure, par ces panneaux colorés, par exemple, qui ressemblent aux panneaux de parking, à un langage visuel connu», précise Sacha Buliard.
Bien qu’il s’agisse de leur premier projet officiel, les deux créatrices, étant à la fois heureuses du résultat et du travail en commun, comptent refaire l’expérience en s’unissant prochainement pour d’autres conceptions.
