Jusqu’ici, l’année 2020 n’a pas été sans surprises et rebondissements. Avec cela en tête, il est facile de dire que toutes les sphères de notre société ont été chamboulées et ne seront plus jamais les mêmes; il y aura eu un avant et un après. Toutes les industries ont été touchées par la pandémie mondiale, que ce soit pour le meilleur ou pour le pire. Pour en savoir plus sur l’avenir de la formation des entrepreneurs, deux experts nous partagent leurs avis à ce sujet: Maarouf Ramadan, directeur du département Entrepreneuriat de l’Université de Sherbrooke, et Valérie Lesage, chef du Centre de l’intelligence entrepreneuriale de l’École d’Entrepreneurship de Beauce.
L’agilité mise à l’avant-plan
Selon le professeur Maarouf Ramadan, c’est une erreur de penser que la COVID-19 aura un réel impact sur la formation des entrepreneurs. «Ce qui est certain dans la formation aujourd’hui, c’est que l’on doit prévoir la notion d’agilité», précise-t-il. Il s’agit d’être agile, et pas seulement créatif, pour être en mesure de trouver une solution rapide à un problème donné, pas seulement devant la COVID-19. La pandémie mondiale actuelle n’est qu’un exemple d’une situation difficile pour les entrepreneurs, mais ceux-ci font face à un grand éventail de situations difficiles sur une base presque quotidienne.
Le virtuel tend à prendre une plus grande place selon Valérie Lesage. Les thématiques changent toujours pour que les étudiants demeurent pertinents dans un monde en constant changement. «Les planifications stratégiques ont tendance à se faire différemment, dans la mesure où il faut plus souvent ajuster les objectifs dans un monde plus volatile, qui change rapidement», soulève-t-elle.
Autant à l’Université de Sherbrooke qu’à l’École d’Entrepreneurship de Beauce, on s’entend aussi pour dire qu’il est important de travailler sur la théorie, mais aussi sur le coté pratique des choses pour former des entrepreneurs compétents et accomplis. Ils travaillent fort à offrir un volet expérientiel pour que les étudiants puissent mettre en pratique ce qu’ils ont appris et tester des théories qu’ils ont imaginées dans le contexte des cours. Cette approche permet entre autres de faire travailler les deux parties du cerveau de concert, ce qui est une grande force pour les nouveaux entrepreneurs.
Maarouf Ramadan croit également que le volet qu’on n’aborde pas assez en Amérique du nord est la notion d’échec. En effet, on peut apprendre énormément d’un échec. «Un entrepreneur ayant vécu un premier échec a trois fois plus de chance de réussir lors de sa nouvelle entreprise qu’il en avait à sa première», mentionne-t-il. M. Ramadan oriente ainsi ses recherches sur ce sujet et participera au 5ème colloque interdisciplinaire sur la défaillance d’entreprise au printemps 2020.
La fin des loups solitaires
L’époque où un seul entrepreneur pouvait faire fleurir son entreprise à partir d’une seule idée est loin derrière nous. Les entrepreneurs d’aujourd’hui doivent apprendre à jouer en équipe. Que ce soit à cause de la pénurie de main-d’œuvre ou bien pour réussir à garder des employés de plus en plus intéressés par la mobilité, les leaders d’aujourd’hui doivent savoir s’entourer pour que leur entreprise puisse performer à la hauteur de leurs attentes.
«Si on parle des compétences à acquérir par les leaders, je dirais que ce qui est beaucoup valorisé, c’est le leader qui favorise la confiance et l’autonomie des équipes. Le one-man-show ou le one-woman-show n’est pas à la mode! La complexité du monde et des enjeux d’aujourd’hui exige de s’entourer d’équipes solides et agiles», souligne Valérie Lesage.
Le professeur Ramadan est aussi de cet avis. Il importe d’enseigner aux leaders de demain de bien travailler en équipe comme de plus en plus d’investisseurs vont non seulement chercher à placer leur argent au sein d’une entreprise ayant un bon produit mais aussi une bonne équipe.
La formation d’aujourd’hui cherche à faire vivre cette réalité aux futurs leaders pour qu’ils soient bien outillés quand ils arriveront devant leurs équipes.
La culture organisationnelle actuelle est aussi très différente de ce qu’elle était il y a 20 ans. On voit maintenant beaucoup d’entreprises avec des structures organisationnelles beaucoup plus souples que ce que nous avons pu voir dans le passé. Les équipes désirent souvent travailler en collégialité.
L’empreinte positive dans notre communauté prend aussi une place qui n’existait pas nécessairement avant; autant les leaders que les employés désirent sentir qu’ils font une différence dans leur environnement. «Cela exige aussi de la transparence. On veut faire des leaders responsables, qui sont capables de s’adapter et d’évoluer pour créer leur avenir comme entrepreneur, dans leur entreprise et dans leur communauté», mentionne Valérie Lesage.
Enfin, pour tout entrepreneur, la seule chose qui ne changera jamais est le changement lui-même. Cela est aussi applicable à la formation entrepreneuriale. Bien que l’on enseigne toujours la résilience, l’agilité et la créativité, les méthodes et les sujets concrets vont changer d’année en année pour refléter les besoins des entrepreneurs.