Close
Cybèle B. Pilon, l’artiste céramiste aux créations uniques

Cybèle B. Pilon, l’artiste céramiste aux créations uniques

On reconnait facilement les œuvres de Cybèle B. Pilon puisque ses pièces de poterie se distinguent par leurs formes imparfaites et leurs compositions colorées faisant écho au kaléidoscope ou encore au folklore canadien. Avec ses tasses, tripodes et assiettes alliant l’objet fonctionnel et l’œuvre d’art, la céramiste nous propose ainsi de voir la beauté artistique à travers le savoir-faire artisanal.

Rencontre avec l’artiste de talent qui a ouvert récemment sa boutique en ligne.

Qui êtes-vous, quel est votre médium de prédilection et pourquoi?

Mon nom est Cybèle B. Pilon. Je suis une artiste montréalaise qui fait des céramiques et d’autres choses ornementées. J’aime travailler la terre parce que c’est une matière que l’on retrouve partout, elle regorge de possibilités mais elle est également sans pitié. Dans mon travail, je perçois aussi l’ornementation comme «un médium» à part entière. Pour moi, l’ornementation est intrinsèquement liée à l’humanité, au désir d’exister et d’habiter l’espace.

Courtoisie: Cybèle B. Pilon

Quelles ont été vos influences artistiques à vos débuts et quelles sont celles d’aujourd’hui?

J’admire de nombreuses et nombreux artistes de tous horizons. En céramique, j’ai toujours apprécié les pièces colorées où l’intervention humaine est visible comme le travail de Betty Woodman et Lynda Draper. C’est surtout le regard que je pose sur la création qui a changé. Par exemple, ma façon de percevoir la céramique a évoluée depuis mes débuts dans ce milieu fantastique. Je suis plus nuancée et j’apprécie un éventail beaucoup large de travail qu’avant.

Comment organisez-vous votre horaire? Comment planifiez vous le temps de cerveau disponible à la création et celui accordé à la gestion plus technique de votre entreprise?

Il faut apprendre à jongler. C’est un work in progress.

Quels sont vos meilleurs trucs pour mousser votre créativité?

La curiosité.

Quelles sont les outils indispensables pour passer une journée productive?

Je ne sais pas? J’imagine qu’au-delà des gadgets et autres applications ou logiciels de gestion, savoir bien communiquer est un atout indiscutable.

Courtoisie: Cybèle B. Pilon

Quels ont été les principaux défis auxquels vous avez pu faire face en tant qu’artiste lors de vos débuts?

Une des choses les plus difficiles est la peur de décevoir. Faire quelque chose qui n’est pas 100% parfait et qui est très personnel, puis devoir affronter le regard des autres, c’est terrifiant. Mes premières céramiques étaient très laides. D’ailleurs, il m’arrive encore souvent de faire des choses laides…mais passer par le laid ou le moyen est primordial pour arriver à quelque chose d’intéressant et d’unique!

Quels sont vos principaux défis aujourd’hui et comment arrivez-vous à les surmonter?

Le plus grand défi a toujours été le même: Concilier mon temps entre la production, la création, la recherche, la vente et la paperasse. Être céramiste dans le monde actuel est carrément un acte de résistance. Le principal défi, c’est le temps de production et la capacité de production d’une personne. En gardant une production à échelle humaine, comment être rentable tout en conservant un rythme de vie sain?

Quelles ont été les personnes marquantes dans votre parcours professionnel?

J’ai vu beaucoup de situations ou de modèles en création et en métiers d’art dans lesquels je ne voulais pas me retrouver. Je me suis donc demandé si je pouvais faire la même chose mais différemment ou arriver au même but sans emprunter le même chemin. Il y a toujours plusieurs manières de faire les choses, le modèle unique n’existe pas, mais lorsqu’on prend un chemin moins populaire ou plus inusité, il faut garder confiance en soi et apprendre à dire «non» aux autres et c’est difficile.

À court terme, c’est tentant de dire oui à une opportunité de vente, un petit contrat, une collaboration ou un évènement. Toutefois, il faut garder une vision à long terme. D’ailleurs, un de mes premiers emplois, lorsque je travaillais dans le domaine des communications, était au sein de l’ATSA, une organisation artistique québécoise. Je ne savais pas encore clairement vers où je voulais me diriger dans la vie et alors que j’y travaillais, l’artiste Pierre Allard m’a dit: «tu vas savoir que tu es au bon endroit quand tu vas dire non aux autres». Lorsque j’ai terminé mes études professionnelles en céramique, Pierre m’a rappelée pour un contrat et j’ai dû refuser afin de me consacrer à mon projet entrepreneurial!

Courtoisie: Cybèle B. Pilon

Quelle œuvre avez-vous réalisée dont vous êtes la plus fière et pourquoi?

En création, je retire de la satisfaction lorsque je vois que mon travail évolue et change. Je ne peux donc pas m’arrêter sur une pièce.

Quel regard posez-vous sur votre secteur d’activité au Québec par rapport à ce qui se passe ailleurs dans le monde?

L’arrivée d’Instagram et des médias sociaux confèrent une certaine autonomie à l’artiste qui dépend moins des intermédiaires pour assurer son marketing, ses ventes, etc. En revanche, ça rajoute du boulot et des compétences à maitriser dans l’assiette déjà pleine de créateurs. Désormais, le créateur ne peut plus se contenter de créer, il doit aussi être un bon entrepreneur.

Je vois plutôt d’un œil optimiste le secteur de production à échelle humaine et de «l’artiste-entrepreneur». Ce n’est pas une sphère exempte de défis, mais à l’instar des grosses bannières et du retail qui souffrent beaucoup depuis les dernières années, notre place n’est pas menacée. Notre activité permet d’entretenir un contact plus intime avec notre clientèle, offrir des objets uniques et distinctifs.

Bien que nous ne brassons pas les mêmes chiffres qu’une multinationale, notre activité économique n’est pas négligeable non plus: nous achetons nos matières premières à des fournisseurs locaux, collectons des taxes sur nos ventes, faisons rayonner nos créations locales partout dans le monde grâce au web, et ce, tout en participant à la réactualisation d’un patrimoine culturel contemporain.

Au Québec, l’achat local a gagné ses lettres de noblesse, mais il reste du chemin à faire pour qu’on accepte de payer le prix juste du «fait ici». C’est certain qu’il peut y avoir une certaine dissonance à payer 50 fois plus cher qu’au Ikea pour une tasse à café, mais c’est une question de perception. Cette tasse, c’est avant tout une sculpture, une œuvre unique, qui peut aussi être utilisée pour boire son café.

Quel est le pire ennemi et le meilleur allié d’un artiste?

Les contraintes.

Que changeriez-vous, si vous aviez la chance de revenir en arrière?

Pas grand chose.

Quel(s) conseil(s) donneriez vous à quelqu’un qui souhaite vivre de son art?

1.Ne pas se décourager

2.Ne pas sous-estimer la maitrise technique, mais considérer celle-ci comme un outil (et non une fin en soi).

3.Savoir dire non

☕Cybèle B. Pilon

site web | facebook | instagram

 

Close
0