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«Cuisiner des œufs à la bénédictine sur du Mr Bungle»: Entrevue musico-bouffe avec Cirrhose et cendrier

«Cuisiner des œufs à la bénédictine sur du Mr Bungle»: Entrevue musico-bouffe avec Cirrhose et cendrier

Le groupe québécois Cirrhose et cendrier a décidé de rester indépendant pour la production de leur album Coquerelle Molotov sorti le 24 juillet. Liant des influences punk, métal et hardcore qui peuvent rappeler System Of A Down ou encore Grimskunk, le quintette entièrement masculin garde ainsi son entière liberté et évoque entre autres le féminisme, la mort, ou encore les imprévus tragiques.

À la guitare électrique, Philippe Le Boulaire partage avec Baron ses expériences culinaires.

Comment en es-tu arrivé à faire carrière en musique ?

On est trois frères dans le groupe [Philippe, Simon et Gabriel Le Boulaire] et deux autres membres [Cédric Bérubé et Benjamin Samaha] sont devenus des frères par la suite. À la base, notre père musicien nous a montré très tôt la musique et nos parents nous ont acheté des instruments. On jouait dans le sous-sol, on faisait du bruit, on a appris à jouer ensemble et ça nous a donné envie de persévérer. On a décidé d’en faire le plus possible, de faire des spectacles et on est allé à Montréal pour en faire encore plus.

Comment votre groupe s’est-il formé ?

Au début, je jouais de la basse, notre batteur [Simon Le Boulaire] jouait de la guitare et on a changé d’instruments entre temps. C’est là qu’on a décidé d’avoir un bassiste [Cédric Bérubé]. On a aussi décidé d’acheter un piano et de trouver un musicien supplémentaire [Benjamin Samaha]. Ce sont des gens qu’on a rencontrés par hasard dans notre vie. On côtoie beaucoup de musiciens lorsqu’on évolue dans le milieu et ils ont été de gros coups de cœur, autant dans leur personnalité que dans leur playing.

Comment décrirais-tu votre univers musical ?

On ne s’est jamais jamais imposé un style, mais on a toujours eu un penchant pour faire danser les foules et donner un boost d’énergie. C’est là que la musique un peu plus heavy est venue. Nos chansons sont assez éclectiques et peuvent passer de dansant à festif à très très violent.

Pourquoi Coquerelle Molotov ?

Souvent pour les noms d’album, on pige deux ou trois mots dans les chansons. Coquerelle Molotov vient d’une chanson [Ça Sent L’Brûlé] pleine de métaphores qui parle autant du musicien underground qui est comme une coquerelle en dessous du plancher qui a envie de tout brûler pour recommencer, que de la femme qui, prise dans le patriarcat, devrait tout brûler aussi, et qu’on encourage à recommencer à bâtir des fondations. C’est un beau soutien pour refaire le monde comme on le veut.

Quelle est ta relation avec la nourriture ?

Je suis devenu végétarien il y a à peu près deux ans et demi. Notre bassiste aussi un an plus tard. Tout le monde dans le groupe a fait un pas de recule par rapport à la viande et à ce que l’on mange. Notre batteur s’est bâti une maison dans le village d’où l’on vient [St-Isidore], une fois par semaine on se rend sur place pour jammer et comme nos parents vivent toujours dans le coin, on mange chez eux. 

Quel est le dernier repas que vous avez partagé ensemble ?

C’était lors du tournage d’une vidéo promotionnelle. On fait souvent des vidéos absurdes parce qu’on aime mettre de l’humour dans tout ce qui est hors composition musicale. On était donc chez ma mère où il y a une ferme et les gars se sont roulés dans la bouette avec les cochons. Le dernier repas était un hamburger végétarien.

Est-ce que tu te considères comme un bon mangeur ?

Oui. C’est drôle parce que j’ai fait un retour aux études. Au début de l’université, j’étais dans une phase où je misais sur la santé parce que je ne mangeais plus de viande, mais je voulais que ce soit le plus rapide possible avec le moins de vaisselle possible. Je pouvais craquer des œufs crus dans un verre et les boire le matin avant d’aller à l’école. C’était à ce point-là ! En ce moment, c’est totalement l’inverse. Mon niveau de cuisine a vraiment évolué et aussi mon envie de prendre le temps de bien manger. Maintenant, je ne peux plus retourner en arrière parce que j’apprécie trop le bon !

Est-ce que tu écoutes de la musique quand tu cuisines ?

Absolument. Et je chante, surtout au moment de faire la vaisselle. C’est un moment qui est moins malaisant que de chanter dans le salon pour rien et en même temps, c’est utile et nécessaire. C’est un moment que j’aime, en fait.

Quels sont les ingrédients de base dont tu as besoin ?

Depuis que je suis végétarien, plus ça avance, plus je découvre que c’est facile et vraiment bon. Les gens ont un peu l’idée que c’est fade, mais là, je suis dans un autre monde. Je ne m’ennuie absolument pas de la viande. J’aime beaucoup le sel d’ail, la moutarde de Dijon et les épices comme le piment de Cayenne.

Quelle est la première recette que tu as appris à faire ?

Il y en a une qui m’a marquée parce que c’était tellement simple et tellement bon. C’était à l’époque où je mangeais encore de la viande, j’étais chez ma mère avec le groupe. Tu fais juste mettre des poitrines de poulet dans un pot en verre qui va au four, de la salsa partout et du fromage mozzarella par-dessus. 

Quel est ton plat signature ?

Les burritos végétariens qui sont vraiment bons et efficaces.

Quel est le plat que tu aimes commander ?

Toutes les formes de restaurant-déjeuner avec des œufs à la bénédictine qui sont assez difficiles à faire. J’en ai raté une couple de fois…

Quelles sont tes règles en cuisine ?

J’ai beaucoup à apprendre à cause de mon passé anti-culinaire, j’écoute beaucoup et je veux aider. Je suis le helper numéro 1 ! 

En musique ?

Avec les années, on s’est très bien partagé les rôles et on a une bonne manière de construire nos chansons. Personne n’a de veto, ni le dernier mot. Il faut que ça plaise aux cinq membres. Au début, c’était assez laborieux et ça créait des tensions lors de la composition, mais c’est très satisfaisant, car il y a une infinité de possibilités. Quand on est tous d’accord, c’est un début pour que ça plaise à encore plus de gens.

Cirrhose et cendrier

Quelles sont les bonnes conditions pour cuisiner ?

Les goûts musicaux de tes coéquipiers en cuisine. Comme ça, même si la préparation du repas tourne mal, on va quand même passer un bon moment.

Pour faire de la musique ?

Être avec des gens d’univers différents, mais qui s’écoutent beaucoup pour s’enrichir les uns les autres.

Quel est le meilleur assemblage repas-musique que tu aies expérimenté ?

Cuisiner des œufs à la bénédictine sur du Mr Bungle.

Quelle est ta dernière découverte culinaire ?

La sauce à salade césar de mon livre de recettes véganes. Il y a du vinaigre de riz, de l’huile… un mélange absolument pas blanc et là tu mets des amandes bouillies dedans et ça change tout. J’en revenais pas et c’est tellement bon !

Et musicale ?

Corpo-Mente, c’est un groupe français qui fait un peu de classique simple, mais lugubre, avec de l’opéra et il y a de l’électro. C’est un mélange improbable qui donne quelque chose de merveilleux.

🌯Cirrhose et Cendrier

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