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Arrivage: l’approvisionnement professionnel de la ferme à l’assiette 

Arrivage: l’approvisionnement professionnel de la ferme à l’assiette 

Faciliter l’accès à la grande diversité de l’offre locale en direct des producteurs, c’est le défi qui a amené le Montréalais Thibault Renouf à créer en 2017 Arrivage. L’entreprise encourage les circuits courts entre producteurs, restaurateurs et épiciers via une plateforme en ligne.

équipe arrivage crédits Stéphanie Marcotte

Après une école de commerce et des études en administration des affaires à l’Université Laval, Thibault Renouf a trouvé sa job de rêve en travaillant pour la start-up Provender qui connecte sans intermédiaire les agriculteurs et les restaurants. Et ce, jusqu’à ce qu’elle fasse faillite. Il a alors décidé de reprendre l’intention et de l’ajuster. 

Mettre les agriculteurs en contact avec les clients

« On veut protéger les agriculteurs qui sont des petites entreprises et les plus sensibles dans l’économie, insiste le Français d’origine. Le premier défi est d’aider l’agriculteur à construire son offre et de la diffuser aux bonnes personnes. On demande qu’il soit responsable de ses conditions, c’est-à-dire qu’il détermine en combien de temps il veut être payé, ses jours de livraison, ses frais de livraison, ses distances…

Trouver des clients, sachant que ce n’est pas le métier de l’agriculteur, c’est difficile. Ce qu’il aime, c’est être dans son champ, mais rarement venir à Montréal et frapper à la porte de restaurants de façon assez aléatoire. »

Depuis sa création, Arrivage a séduit plus de 260 agriculteurs, pêcheurs, cueilleurs, artisans-transformateurs ainsi qu’une centaine de restaurants, et même des épiceries.

Arrivage

Faciliter l’entrée des produits artisanaux locaux chez les restaurateurs

« Les restaurants ont été notre première cible parce que les chefs sont les plus sensibles à la question de la diversité des aliments et ils sont les premiers à avoir des problèmes à les trouver. Ça fait cinq ans que je fais ce métier et toutes les semaines, je découvre de nouveaux producteurs et de nouveaux produits. Pour un chef qui doit gérer ses équipes, il finit par signer avec le distributeur parce que c’est une question de simplicité et de coûts », reconnaît Thibault Renouf.

Sa plateforme se veut être un outil neutre qui rassemble l’offre au même endroit et facilite la transaction. À date, le restaurant doit payer un abonnement pour avoir en temps réel l’information sur l’offre des agriculteurs. Dans les prochaines semaines, une application permettra directement aux restaurants de commander. Ce modèle transactionnel devrait permettre de démocratiser Arrivage et de le rendre plus accessible.

Protéger la biodiversité

« Le premier impact est de protéger la biodiversité et de prendre du plaisir en mangeant des choses différentes, insiste l’entrepreneur. Par nécessité, les distributeurs doivent arriver avec des produits standardisés, bien souvent importés. Le choix est donc très limité pour un acheteur professionnel. Quand on regarde du côté des agriculteurs, ça devient illimité, ne serait-ce que sur un produit comme une tomate, on pourrait avoir une centaine de variétés.

La qualité de l’offre a également évolué, notamment grâce au contact direct qui permet aux agriculteurs d’ajuster leur production, que ce soit le produit lui-même, sa conservation ou encore son emballage. 

« En Europe, on parle de fromages qui sont menacés de disparaître à cause de l’industrie qui achète les marques. Par contre, au Québec, on voit des entreprises qui se créent, par exemple avec des fromages qui n’existaient pas il y a cinq ans, qui font des choses extraordinaires et qui sont capables de rivaliser avec les meilleurs du monde. C’est inspirant ! », s’enthousiasme Thibault Renouf.

Arrivage

Gardiens de semences

Arrivage bâtit un catalogue avec des artisans semenciers locaux qui proposent chaque année les variétés qu’ils aimeraient valoriser, grâce à l’opération Gardiens de semences. Chaque chef peut alors choisir une semence, puis celle-ci est proposée à un maraîcher partenaire qui la cultivera. Les deux professionnels se rendent ensuite visite pour être confrontés aux réalités du terrain.

« La statistique officielle qu’on entend régulièrement, c’est que 75 % de la biodiversité alimentaire a disparu en 100 ans et c’est irréversible, souligne l’entrepreneur. Ça fait peur ! Les semenciers sont un peu dans l’invisible alors qu’ils préservent le patrimoine semencier. L’idée est donc de mettre la lumière sur ces produits qui ne sont en général pas ou peu achetés par les agriculteurs qui n’ont pas les moyens puisqu’elles sont beaucoup plus coûteuses et incertaines. »

Le projet a débuté en 2018 avec 14 semences, le chiffre a grimpé à 50 en deux ans. Cette année par exemple, la courge Arikara qui était cultivée par les Indiens d’Omaha a été proposée par la semencière Julie Ross du Jardin de Julie, est cultivée par Lorraine Nadon des Jardins de Stéphanie et a pour ambassadrice Lauren Rochat de BocoBoco.

Club Arrivage

« Qu’est-ce qu’on fait en temps de pandémie, surtout quand les restaurants ferment et que c’est 90 % de notre clientèle ?! Encore une fois, l’objectif était d’aider les agriculteurs. On a imaginé une solution avec les restaurants qui sont devenus des points de chute. On a développé une plateforme sur laquelle les clients peuvent acheter les produits. C’est un projet qui sera probablement éphémère. On n’a pas l’intention de rester sur du B2C, du grand public. Ça nous permet toutefois de développer des relations avec de nouveaux producteurs et restaurants », explique Thibault Renouf.

La prochaine cible d’Arrivage reste les épiceries.

 Avec la Covid, les paniers fermiers sont saturés, ou alors les clients ne sont pas toujours prêts à s’engager. Arrivage a créé une solution qui permet d’acheter des produits de la ferme à la carte ainsi que des produits complémentaires comme de la viande, du pain ou encore des conserves. 

« Je n’arrive pas à trouver une bonne tomate en pleine saison dans une épicerie, s’insurge le Montréalais. La clientèle est en demande de qualité. Les épiceries perdent des parts de marché face à des marchés fermiers, à des En direct de la ferme… L’idée est donc de proposer une solution aux épiceries pour revenir s’approvisionner auprès des agriculteurs. C’est mettre de plus en plus de produits artisanaux et faciliter l’accès à la marchandise. Les épiceries sont souvent de bonne volonté, mais travailler avec 50 nouveaux fournisseurs devient complexe et coûteux. »

La plateforme qui permettra de centraliser toutes les informations, les commandes et les factures sera en test fonctionnel à l’automne. Un lancement officiel est prévu au courant de l’automne, en privilégiant les épiceries de quartiers et les épiceries zéro déchet. 

La limite géographique restera Montréal pour les prochains mois, bien qu’une intention se fait ressentir, notamment du côté d’Ottawa.

🌾 Arrivage

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