Par Sophie Poisson
Les vagues de chaleur se succèdent et l’utilisation de la climatisation empire la situation avec une dépense énergétique colossale et des problèmes de qualité de l’air. C’est alors que l’idée de villes tropicales naturellement ventilée ressurgit.
La conception d’un bâtiment repose sur le concept de l’arbre, c’est-à-dire que l’occupant doit ressentir le même confort thermique qu’à l’ombre d’un arbre, avec un système d’air ventilé et une protection solaire efficace. Pour ressentir les effets rafraîchissants d’une vitesse d’air en climat chaud et humide, elle doit être au minimum d’un mètre par seconde. Il faut donc prendre en considération les éléments qui peuvent l’encourager et ceux qui peuvent la freiner.
Une Zone d’aménagement concerté (ZAC) a vu le jour à La Possession, commune située au nord-est de l’île de La Réunion. L’objectif du gérant du Laboratoire d’Ecologie Urbaine Réunion, Antoine Perrau accompagné de son équipe, était de construire 1700 logements, en plus de services et d’équipements liés, tout en adoptant une stratégie « aéroclimatique ». Il s’agit de prendre en considération l’environnement existant, d’intégrer des effets topographiques (plaine, colline, montagne), ainsi que d’avoir une réflexion à toutes les échelles (environnement lointain, organisation de la ville, forme du bâtiment, organisation intérieure).
Pour ce faire, les professionnels ont d’abord élaboré des scénarios d’aménagement avec un expert aéraulique pour définir des organisations différenciées. L’idée est de varier les hauteurs avec des bâtiments plots (largeur du bâtiment équivalente à la profondeur et à la hauteur), des bâtiments en forme de barres (un bâtiment plus long que large) ainsi qu’à l’échelle bâtie (variation de la hauteur). L’étape suivante a consisté à travailler sur l’échelle des bâtiments, par exemple, des bâtiments ont été implantés en décalage les uns par rapport aux autres selon la direction des vents. Le plan du quartier a enfin été transcrit réglementairement pour être opposable aux tiers dans le Plan local d’urbanisme et préserver le potentiel de ventilation naturelle.
La première tranche des travaux finie, la ZAC est jugée satisfaisante, puisqu’elle apporte une réduction notable du recours aux systèmes actifs énergivores, de l’impact carbone de la ville ainsi que de la concentration des polluants. Malgré tout, certains dysfonctionnements ont été notés, en lien avec la complexité de l’aéraulique. Il est notamment question de porosité trop faible et de forme architecturale non-efficace.
Antoine Perrau insiste alors sur la nécessité impérative pour les architectes d’inclure l’ingénierie aéraulique dès la phase d’esquisse. Il considère aussi qu’une partie de ces concepts pourrait être adapté aux villes tempérées qui sont de plus en plus soumises aux conséquences du réchauffement climatique.
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