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Maillon vert aide les pharmacies québécoises à devenir plus écoresponsables

Maillon vert aide les pharmacies québécoises à devenir plus écoresponsables

Marc-André Mailhot a créé Maillon vert en 2012. Son entreprise à taille humaine propose des services de consultation stratégique en développement durable à travers des outils et des communications clé en main pour répondre aux besoins de terrain. Si son premier programme sectoriel s’adressait aux pharmacies, il en développe aujourd’hui d’autres pour rejoindre un maximum d’entreprises de la province.

Son diplôme de pharmacie en poche en 2004, Marc-André Mailhot débute sa carrière professionnelle en faisant des remplacements pour pallier aux congés ou aux pénuries de main-d’œuvre dans la province. Il travaille pour plus de 150 pharmacies et découvre leurs réalités. 

Quatre ans plus tard, M. Mailhot se tourner vers des études de deuxième cycle en gestion de projet. «À ce moment-là, je ne me considérais pas comme étant un entrepreneur, raconte-t-il. J’avais un projet à court terme, mais potentiellement un projet de vie, qui était d’améliorer la performance environnementale et sociale des entreprises, tout en leur permettant d’être plus rentables.»

Marc-André Mailhot.

Il commence son parcours entrepreneurial auprès du SAJE, aujourd’hui appelé École des entrepreneurs du Québec, où il obtient un DEP en vente-conseil et un ASP en lancement d’une entreprise en 2012. Maillon vert voit le jour avec son programme intitulé «Pharmacie éco+responsable» dans la foulée.

Miser sur le développement durable

M. Mailhot évoque plusieurs facteurs pour expliquer sa volonté d’avoir un impact positif. «Mes parents ont une grande conscience environnementale et sociale. Ils font partie du groupe qui a créé les premiers jardins communautaires à Montréal. […] Je pense aussi que cela vient des voyages. Tu te rends compte des inégalités, des paradoxes et de la beauté de tout ce qui se passe sur la planète. Il y a un côté de toi qui tombe en amour avec tout ce que représente», explique-t-il.

«En 2008 et même en 2012, quand je parlais de pharmacies écoresponsables […] les gens ne comprenaient pas du tout ce que ça pouvait donner!»

Le pharmacien de formation choisit de lancer ses services auprès des pharmacies où il détient alors un grand réseau et une crédibilité. «Je trouvais fascinant de voir comment les pharmaciens se butaient à toutes sortes de défis de croissance, de gestion, d’image, de réputation, etc., se souvient l’entrepreneur. À chaque fois que j’y réfléchissais, je me disais que le développement durable pourrait les aider.»

Maillon vert est également un projet d’éducation qui lui permet peu à peu de convaincre sa cible. «En 2008 et même en 2012, quand je parlais de pharmacies écoresponsables, le nombre de fois où je me suis fait demander “c’est quoi le rapport avec la pharmacie?” Les gens ne comprenaient pas du tout ce que ça pouvait donner! Maintenant, ils ont une meilleure idée [de ce que ça implique], souligne Marc-André Mailhot.

Depuis deux ans, il élargit ses services de consultant à d’autres secteurs, dont un hôpital vétérinaire, des restaurants, ou encore une entreprise en textile.

Un lancement relativement lent

L’entrepreneur estime que Maillon vert a été le moyen d’arriver à ses fins alors qu’habituellement, il convient de créer une entreprise et développer des moyens afin de la faire vivre. «Ça a été plein d’apprentissages et d’échecs aussi. Ça a été très long. Si c’était à refaire, c’est probablement ce que je ferais le plus différemment dans mon parcours entrepreneurial. On a été 3 ans en projet pilote, ça ne fait aucun sens», insiste l’entrepreneur.

Il affirme avoir mis du temps à ne plus ressentir le syndrome de l’imposteur, à prendre confiance en sa capacité d’entrepreneur et en son offre. 

«J’ai eu beaucoup de personnes dans mon parcours qui n’ont pas cru à ce que je faisais, qui me l’ont dit, et tant mieux parce que ça augmente l’esprit combatif, reconnaît le Montréalais. J’ai aussi eu plusieurs types de mentors à travers tout ça. J’ai eu la chance d’avoir des employés qui se sont joints à mon équipe très tôt, alors qu’on ne générait pas de profits, et certains sont restés plus de cinq ans. Je pense que c’est ce qui a fait qu’on a traversé les épreuves.» Il ajoute qu’il a pu subsister financièrement quelques années grâce au salaire de sa conjointe pharmacienne.

Des bases solides

Depuis sa création, le programme de Maillon vert propose 15 actions dont les 4 grandes lignes sont: la diminution du gaspillage grâce à des matières résiduelles utilisées lors des opérations, améliorer le type de fournitures utilisé (réutilisable plutôt que jetable) et les coûts; l’implication sociale autant à l’externe avec le communautaire qu’à l’interne avec la gestion des ressources humaines; une offre de produits plus écoresponsables et de services professionnels à valeur ajoutée et la valorisation des moyens de transports moins polluants.

Le programme de Maillon vert repose encore sur les mêmes grandes lignes que celles de ses débuts: les matières résiduelles utilisées lors des opérations pour diminuer le gaspillage, l’amélioration du type de fournitures utilisé et les coûts; l’implication sociale autant à l’externe avec le communautaire qu’à l’interne avec la gestion des ressources humaines; une offre de produits plus écoresponsables et de services professionnels à valeur ajoutée; l’énergie dans les transports et les gaz à effet de serre émis.

L’entrepreneur estime que la réaction du public est à ce jour excellente. «Dès le début, tout le monde trouvait que c’était très bien parce qu’il y a cette dualité dans la conscience populaire entre la vocation du pharmacien qui est la santé et le bien-être de la population, ainsi que l’aspect commercial d’une pharmacie. Si la pharmacie adopte des gestes écoresponsables, ça réconcilie ces deux volets.»

L’enjeu reste de démystifier la rentabilité qui se retrouve derrière une approche écoresponsable et l’intervention en 2015 de l’économiste Pierre Emmanuel Paradis lui permet de s’appuyer sur des chiffres. «On a pris un échantillon de 7 pharmacies et on a fait une étude économique, rapporte M. Mailhot. La conclusion est qu’il y avait un retour sur investissement annuel, récurrent, en moyenne d’environ 45 000$ suite à l’implantation du programme Pharmacie éco+responsable.»

Il ajoute que le développement durable est de plus en plus reconnu comme étant une bonne pratique en affaires.

De nouveaux défis

Aujourd’hui, ce sont les pharmacies qui approchent l’entrepreneur pour faire appel à ses services. «Le défi de vente n’en est plus un, mais présentement, on a un gros défi de mise à l’échelle. Sans décupler le nombre de personnes dans mon équipe, comment pourrait-on décupler notre impact et le nombre d’entreprises qu’on accompagne en formule «1 à 1»; 1 consultant – 1 entreprise, pour générer plus d’impact positif?», s’interroge l’entrepreneur dont l’équipe est passée de 3 à 9 personnes en deux ans.

L’entreprise est également en processus de branding pour développer son ADN et mieux communiquer son identité. «On est plus qu’une simple boîte de consultation, constate-t-il. On ne sait pas encore quel mot mettre là-dessus. Est-ce qu’on est un réseau? Est-ce qu’on est un mouvement? Ce qu’on veut, c’est transférer des modèles d’inspiration ou bien faire rayonner des inspirations à travers les entreprises qu’on accompagne?»

Marc-André Mailhot espère également créer ou co-créer une certification «éco+responsable» pour le domaine de la pharmacie.

➡️ Maillon vert

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