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Jungle Fleur: Un atelier floral local et écoresponsable

Jungle Fleur: Un atelier floral local et écoresponsable

À l’heure où acheter vert devient une préoccupation pour un nombre croissant de consommateur.ices, la fleuristerie se démarque. En effet, ce secteur n’est pas aussi écologique qu’on aimerait le penser. Pour y remédier, Laurie Anne Perron a fondé en 2014 l’atelier Jungle Fleur, aujourd’hui situé dans le quartier Hochelaga de Montréal.

Son credo: la fleuristerie locale et écoresponsable, au fil des saisons. Un pari risqué, car pendant près de six mois aucune fleur ne pousse au Québec. Mais, pour Laurie Anne Perron, c’est un moyen de rappeler ce que «local» veut dire.

Formée au jardin botanique de Montréal et détentrice d’un baccalauréat en architecture paysagère, elle a d’abord travaillé chez des fleuristes. «Je n’aimais pas ça du tout, travailler dans des conditions où les fleurs arrivaient de très loin, emballées, pleines de pesticides», dit-elle.

La fleuristerie repose largement sur l’importation de fleurs cultivées aux quatre coins de la planète. Offrir des roses à la Saint Valentin, quand on réside au Québec, a un coût écologique élevé. C’est donc pour proposer une alternative verte aux consommateurs que Laurie Anne Perron a fait le choix de vendre des fleurs cultivées localement. «J’avais le terrain, j’avais les connaissances, mais surtout, j’avais envie qu’il y ait des fleurs locales sur le marché.»

Laurie Anne Perron fait sa récolte dans le jardin de Jungle Fleur, sur la rive sud de Montréal, en juin 2019. Crédit: Sarah Quesnel-Langlois.

Les débuts sont modestes. «J’annonçais sur Facebook ‘j’ai tant de bouquets cette semaine’, raconte l’entrepreneure. Les gens m’écrivaient en privé [pour acheter], c’était vraiment petit.» Elle propose ensuite des abonnements pour des bouquets d’été, un modèle que Jungle Fleur suit encore aujourd’hui.

Laurie Anne Perron et son employée, Sarah Quesnel-Langlois, livrent désormais chaque semaine entre 30 et 50 bouquets dans le grand Montréal. Les fleurs de saison sont cultivées par Mme Perron elle-même, sur la rive sud de la métropole. Sa mère y détient trois parcelles, totalisant environ 8000 pieds carrés. 

Saisonnalité et pluriactivités

«Notre concept, c’est les saisons. Ce n’est pas du tout typique d’un fleuriste, observe la fondatrice de Jungle Fleur. Nos bouquets suivent le paysage de la fleur au Québec pendant 6 mois.» Et quand la saison est terminée, il n’y a plus de fleurs fraîches. Hors de question pour Laurie Anne Perron d’en importer.

Pour pallier leur absence, elle fait rimer saisonnalité avec pluriactivité. «On ne se tanne jamais», exprime-t-elle. En automne et en hiver, le travail se déplace des parcelles à la boutique, située rue Moreau. Jungle Fleur y vend des plantes d’intérieur à l’année longue et propose aussi des ateliers. Les deux femmes enseignent l’art de la bouture et les secrets des plantes d’intérieur. Lorsqu’elles attendent les beaux jours, elles confectionnent des couronnes d’épinette, des sachets de lavande et des bouquets de fleurs séchées. Le tout rejoint les tablettes de leur boutique et de leur site.

Sarah Quesnel Langlois (gauche) et Laurie Anne Perron (droite) posent dans l’atelier floral Jungle Fleur, à Montréal, en février 2020. Crédit: Hemingway Gagnon.
Laurie Anne Perron travaille dans la cour de Jungle Fleurs, rue Moreau à Montréal, en juillet 2019. Crédit: Sarah Quesnel-Langlois.

«On aime ça recevoir et apprendre aux gens à mettre les mains dans la terre», indique Laurie Anne Perron qui au passage évoque sa peine de ne plus rencontrer les clients à cause de la pandémie. Toutefois, l’entrepreneure a déplacé les échanges en ligne, via le blogue de Jungle Fleur et grâce aux réseaux sociaux. L’atelier jouit d’une belle popularité sur Instagram, où il est suivi par plus de 17,000 abonnés. 

Sensibilisation à l’achat local

Ces échanges, en ligne et hors-ligne, sont d’ailleurs essentiels pour sensibiliser la clientèle à l’importance de l’achat de fleurs locales et à la signification des saisons en fleuristerie. «On veut éduquer sans brusquer, explique Laurie Anne Perron. On essaye toujours de le faire avec humour, on ne veut pas dénigrer.» Par exemple, en février 2018, quelques jours avant la Saint-Valentin, Jungle Fleur publie sur Instagram la photo d’un bouquet de neige, dont la légende précise qu’il s’agit des «récoltes du moment.» Ce trait d’humour, «c’était pour montrer qu’en ce moment, il faut faire attention, il n’y a rien de local», illustre Mme Perron.

Elle ajoute que l’étiquette ‘local’ est parfois utilisée à tort et à travers pour vendre des produits qui ne sont pas vraiment d’ici. L’une des missions de Jungle Fleur est donc de conscientiser les clients pour leur permettre «de faire des choix plus réfléchis».

Depuis la fondation de son entreprise en 2014, les choses ont beaucoup évolué dans le monde de la fleuristerie, affirme Laurie Anne Perron. Il existe désormais une offre croissante de fleurs locales proposée par plusieurs petits ateliers. «Maintenant c’est aux gens de choisir cette option-là, conclut-elle. Je souhaite que les gens embarquent, pas nécessairement avec nous, car on n’est pas les seules. Tant que les gens achètent éthique, ça me fait plaisir.»

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