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Dans l’atelier de Cab: La BD pour briser les barrières créatives

Dans l’atelier de Cab: La BD pour briser les barrières créatives

La bédéiste et illustratrice montréalaise Caroline Breault, alias Cab, est connue notamment pour sa trilogie Hiver Nucléaire, une épopée graphique qui a réussi à lancer sa carrière. On y fait la connaissance de Flavie qui effectue ses livraisons en motoneige dans un Montréal où l’hiver est devenu permanent. Un brin de réalisme et une pincée de science-fiction post-apocalyptique qui a valu à l’artiste le prix Aurora/Boréal en 2017 pour son second tome. Rencontre avec une créatrice qui a le souci du décor et la passion du récit. 

Bonjour Cab! Quel est votre processus de création en BD?

Pour faire une page de BD je commence par un storyboard et un découpage graphique très grossier où je place les bulles et les personnages en sorte de bonhommes allumettes. Je fais plusieurs pages comme ça. J’essaie de faire un chapitre à la fois au storyboard avant de passer à un crayonné [l’esquisse d’une illustration] à la main, qui est un peu plus raffiné, avec les expressions des personnages, le décor, les détails techniques. Je mets ensuite au propre à l’encre, façon vieille école, avec une plume à tremper et sur du papier. Il y a enfin la numérisation, le lettrage, les finitions, et on a une page de BD!

Crédit Cab. 

Et pour l’illustration ?

Pour les illustrations, on n’est pas obligé de commencer par un storyboard car il ne s’agit pas d’un médium narratif, il n’y a pas d’enchaînement ou d’histoire à raconter. C’est généralement un sketch et une approbation du client avant de répéter à peu près les mêmes étapes. Les outils changent selon le rendu. Je travaille parfois en digital, parfois à la main. Ça peut même être un mélange des deux. Ce qui est sûr, c’est qu’on commence par un sketch et qu’on finit par un produit couleur avec un rendu qui nous paraît acceptable. 

«La BD est probablement le médium avec le moins de barrières créatives, ça prend peu de moyens pour raconter des choses qui n’ont pas de limites.»

Dessinez-vous depuis toujours?

J’aimais les arts quand j’étais petite, je pense que tous les enfants aiment dessiner et s’exprimer de cette façon, mais j’ai commencé à dessiner sérieusement au milieu du secondaire. Je n’ai jamais arrêté depuis, mais je ne suis pas née avec un crayon dans les mains.

L’urbanisme et l’architecture sont omniprésents dans votre travail. Est-ce qu’il s’agit d’éléments particulièrement importants pour vous?

C’est drôle, car j’ai toujours aimé dessiner des décors. Quand j’ai commencé, je dessinais souvent de petits personnages dans de grands décors. J’aimais plus dessiner l’entourage que le personnage, je trouvais ça plus facile. Même si j’ai eu une passe comme beaucoup d’artistes où je préférais dessiner des personnages, quand j’ai compris les bases de la perspective et la technique de base pour faire un décor qui se tient, j’ai commencé à prêter plus attention aux détails architecturaux.

Je prends beaucoup de photos quand je me promène. Je me suis aussi efforcée avec les années à regarder l’architecture. Ce n’est pas très répandu avec les artistes, il y a beaucoup de gens qui détestent dessiner les décors, mais moi je trouve ça vraiment le fun! 

Crédit Cab.
«Hiver Nucléaire», Tome 3.

Que représente le format de la BD pour vous?

La BD est probablement le médium avec le moins de barrières créatives, ça prend peu de moyens pour raconter des choses qui n’ont pas de limites. Un artiste peut décider de raconter la naissance de l’univers en 32 pages, et si c’est bien fait, ça se tient. Il n’y a pas de limite de budget à ce qu’on peut dessiner. D’autres artistes diront autre chose d’autres médiums, mais je pense que pour raconter une histoire de façon efficace, la BD c’est vraiment le top.

«J’aime la présence de mes collègues. Ce n’est pas le métier solitaire qu’on imagine!»

Qu’aimez-vous le plus dans votre travail?

J’aime la présence de mes collègues. Ce n’est pas le métier solitaire qu’on imagine! J’ai décidé que je travaillerais en atelier avec beaucoup de gens. Je loue un espace d’atelier au studio Lounak, dans le Mile-End, depuis à peu près cinq ou six ans. C’est super le fun d’échanger des techniques et des idées avec d’autres artistes du même milieu. D’un point de vue plus quotidien je pense qu’on vit pour ces moments où on a une idée pour une scène et que le dessin est réussi: ce sont plein de petites victoires. J’aime un peu l’inattendu, c’est ce mode de vie qui est intéressant.

 

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Quels sont les défis que vous rencontrez en tant qu’illustratrice autonome?

L’un des plus grands défis est de gérer son temps et son énergie, ce qui vient avec l’expérience. Ça ne s’apprend pas, ça se vit. Il faut se tromper souvent avant de comprendre où doit aller notre énergie. C’est plus facile quand on est consciente de notre valeur et de celle de notre temps. Je pense que le plus grand défi est également de dire “non”! [rires] 

Pouvez-vous nous parler d’un projet qui vous a particulièrement marqué?

C’est le projet sur lequel je travaille en ce moment, Utown, un webcomic que je veux faire depuis que j’ai commencé à dessiner sérieusement. J’y travaille depuis longtemps, mais je ne savais pas que je voulais faire de la BD. Ce n’est pas tout de savoir dessiner, il faut aussi savoir écrire.

Je n’ai jamais autant appris qu’avec ce projet, qui me donne l’impression d’écrire mon premier vrai scénario. J’ai déjà fait trois livres, mais là il s’agit de quelque chose de très important pour moi, c’est un genre d’univers que j’ai hâte de terminer pour le laisser aller. C’est ce qui m’apporte le plus de défis en ce moment. 

Crédit Cab.

🖍️💬 Cab

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