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«C’est un album de maraîcher, avec des ingrédients longuement fermentés» – Entrevue musico-bouffe avec Gabriel Noël

«C’est un album de maraîcher, avec des ingrédients longuement fermentés» – Entrevue musico-bouffe avec Gabriel Noël

Gabriel Noël a devancé la sortie de son premier album folk-alternatif au 17 avril, plutôt qu’en juin. Comme s’il avait le don de la prémonition, l’artiste tombe à point alors que sa musique mesure la distance entre soi et le reste du monde. 

Sur fond sonore vintage et structuré, les airs éthérés de l’album «Essai de danse sans gravité» explorent toutefois des thèmes angoissants comme la peur de ne pas être vus tel que nous sommes. Le dénouement de ces intrigues de l’esprit demeure néanmoins empreint de sérénité. Retrouvez-le dans sa cuisine.

Qui es-tu et quel est ton parcours?

Je suis quelqu’un qui n’aime pas suivre le sentier le plus évident. Curieux de nature, j’aime toucher à tout: ébénisterie, photographie, architecture, sommellerie, cuisine, jardinage et j’en passe. Ceci étant dit, mes premiers amours restent et resteront toujours la musique et la poésie. C’est là où je me sens le plus en moyen et c’est la plus grande flamme de toutes mes passions.

Comment a démarré ton aventure dans la musique?

Il y a toujours eu de la musique chez nous. Mon père jouait de l’harmonica en se berçant sur le bord du poêle le soir et ma mère avait plusieurs instruments, dont une guitare. J’ai commencé à gratter par moi-même, puis mes parents ont engagé le mécano de notre village (lui-même diplômé en musique) pour me donner des cours. Ça a fini par virer en jams qui se terminaient souvent très tard la nuit.

Comment décrirais-tu ton univers musical ?

Si j’avais à le décrire en un mot, ce serait authentique. Je n’essaie pas de me faire croire des choses à travers mes chansons. Je veux être le plus vrai, le plus près de mes émotions dans chaque pièce. Ce qui fait qu’encore là, au niveau des styles, je me promène pas mal. J’aime flirter avec plusieurs genres. Évidemment, en tant qu’homme blanc qui joue de la guitare et qui chante, le folk n’est jamais bien loin de moi.

Quelle est ta relation avec la nourriture?

Ah, la bouffe! J’ai beaucoup de relations avec elle. Premièrement, je dois l’admettre, je suis assez gourmand. J’adore les longs et bons repas. D’un autre côté, je vois aussi la nourriture comme le carburant de mon corps, alors je maintiens une diète assez équilibrée entre les excès et la discipline.

Si tu étais un plat quel serait-il?

Une fondue chinoise. Le plat varie au goût du jour et se déguste sans presse.

Si «Essai de danse sans gravité» était une recette, quels en seraient les ingrédients?

Des ingrédients semés, arrosés et cueillis à la main. C’est un album de maraîcher, avec des ingrédients longuement fermentés (sur une période de 10 ans) agrémentés de quelques fraîcheurs de la dernière saison. On a rajouté une bonne dose de sirop d’érable, de sel de mer et de flocons de chili en studio avec JB Pinord (réalisateur) et le groupe de musiciens (Zouz, Guillaume Guilbault, Eugénie Lalonde et San James) pour donner un bon umami à cette petite galette. En gros c’est un plat végétarien, mais cochon!

Es-tu aussi doué derrière les fourneaux que sur scène?

Je me débrouille très bien, mais je côtoie tous les jours une cuisinière professionnelle (ma fiancée Isabelle) et je dois dire que je lui laisse souvent le contrôle des chaudrons. Pas que j’aime pas cuisiner, mais c’est une artiste culinaire et je suis un grand amateur d’art, voyez-vous…

«Mes premiers amours restent et resteront toujours la musique et la poésie. C’est là où je me sens le plus en moyen et c’est la plus grande flamme de toutes mes passions.»

Qu’est-ce que tu écoutes comme musique lorsque tu cuisines?

De tout, mais depuis février, c’est l’album «Boîte aux lettres» des Hay Babies qui tourne en boucle dans ma cuisine… Et partout où je vais en fait!

Quelle est la première recette que tu as apprise à faire?

C’est un plat que j’aimais bien faire quand je recevais des amis ou de la famille à 17 ans dans mon premier appartement (j’ai commencé sur le tard dans la cuisine). Il s’agit d’une poitrine de poulet sur laquelle je mets des quartiers de tomates fraîches, puis une généreuse couche de pesto avec noix de pin, le tout gratiné sur un riz parfumé.

Quels sont les aliments dont tu ne pourrais jamais te passer et pourquoi?

Les fruits! Je suis ce qu’on appelle une «bébitte» à sucre, donc si je ne mange pas une bonne dose de fruit, je me jette en sauvage sur les desserts et les bonbons. Je panique aussi un peu quand je n’ai plus de sirop d’érable dans mon frigo.

Quel est le pire repas que l’on t’ait servi?

Des pâtes à la sauce béchamel. C’était dans mon premier appartement, je n’étais pas très riche et mon ami Mathieu (un chef très talentueux avec qui j’ai ouvert un restaurant il y a un peu plus d’un an) a fait avec ce qu’il avait sous la main. On n’avait pas de lait pour la sauce, alors il n’a utilisé que du beurre. La première bouchée était correcte, la deuxième m’a probablement bouché une artère à vie.

As-tu des demandes spéciales aux promoteurs de spectacles lorsque tu es en tournée?

Non, je n’aime pas faire mon difficile. Je mange de tout!

Quel est ton plus gros «fail» culinaire?

Quand j’étais ado chez mes parents, j’ai fait cuire du bacon et je l’ai oublié la poêle sur le feu. Cela a empesté la maison pendant des jours.

…Et ton plus gros «fail» musical?

La première fois que je suis allé en studio, j’avais 16 ans, alors inutile de vous dire que j’ai quelques squelettes dans mon placard. Mon ami Mathieu a aussi des enregistrements maison qu’on avait faits à l’époque. Je ne connaissais pas bien mon timbre de voix et disons que cela reste insupportable à entendre. Il les ressort quand il veut me remettre à ma place et cela fonctionne.

Si je t’invite à souper, qu’est-ce que je devrais cuisiner et passer comme musique pour t’impressionner?

Cuisine avec des ingrédients locaux, parle-moi des maraîchers à qui tu achètes tes légumes et de ton boucher avec un bon vin du Domaine du Nival ou des Pervenches. Fais-moi jouer quelque chose que je ne connais pas et tu seras coincé.e avec moi pour la soirée!

Ton dernier repas et la dernière musique que tu écouterais… Si tu devais mourir demain?!

La lasagne aux pâtes fraîches de ma blonde avec l’album Ágætis Byrjun de Sigur Rós avec une bonne bouteille de Carignan et ma copine. Ciao!

Quels sont tes projets futurs?

Je travaille déjà sur un deuxième album, sinon je finalise les plans d’une maison que je vais bâtir moi-même quelque part dans les Cantons-de-l’Est d’ici 2-3 ans. De là, je compte vivre de la façon la plus autosuffisante possible en continuant d’écrire, de composer et de grandir.

🎸Gabriel Noël

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