Comment disposer de toutes les ressources nécessaires à son bon fonctionnement lorsqu’on est une PME? Comment mettre à profit des ressources sous-utilisées? Créée en 2015 par Elliot Daigneault, BizBiz Share met en contact des entreprises montréalaises pour qu’ensemble, elles dévoilent leur plein potentiel.
C’est dans le nord de l’Alberta que BizBiz Share est née, lorsqu’Elliot Daigneault était journalier et que l’excavatrice qu’il utilisait sur un chantier pétrolier s’est brisée par -40°C. «Pendant deux jours, le travail était arrêté alors que c’était un chantier avec une centaine de contracteurs, raconte-t-il. En faisant le tour du site, on passait devant les cours d’autres compagnies et il y avait plusieurs machines sous la neige. L’idée m’est venue à ce moment-là: pourquoi ne peut-on pas louer temporairement une machine sous-utilisée lorsqu’on a un besoin imminent?!»
M. Daigneault revient à Montréal à la fin de son contrat en 2014 et un an plus tard, il lance son entreprise. «L’économie de partage prenait de l’ampleur, mais au niveau consommateur. Par exemple Airbnb et Uber sont venus changer un peu les modèles d’affaires, mais il n’y avait pas grand-chose qui se retrouvait du côté des entreprises», soutient l’entrepreneur.
Pour convaincre les acteurs du marché, il mise sur une approche personnalisée. «Le domaine entrepreneurial, spécialement manufacturier [qui représente 80% de sa clientèle], est beaucoup plus conservateur, considère-t-il. Ça prend un peu plus de temps à évoluer. Plusieurs de nos clients utilisent encore Internet Explorer des années 97. Initialement, on a fait du démarchage en personne pour bâtir une confiance. On a commencé très petit, dans le parc industriel de baie d’Urfé.»
En deux semaines, il convainc 20 entreprises à le rejoindre. Plusieurs grandes étapes s’ensuivent, dont sa présence dans le parc industriel de Saint-Laurent, et aujourd’hui, avec ses 25 employés, il compte plus de 2 000 clients.
Gestion du marché
«10-15% des compagnies qu’on rencontre se catégorisent en termes de early adopters, donc elles sont prêtes à s’investir, en se basant uniquement sur l’idée. 50% du monde qu’on rencontre sont pragmatiques, mais si tu es capable de leur montrer un gain net de l’utilisation d’un système comme BizBiz Share, ils vont sauter dessus. Et tu as aussi du monde sceptique, qui attend de voir qu’une masse critique se lance pour le faire à leur tour», analyse-t-il.
M. Daigneault se dit très proche de sa clientèle qui est composée majoritairement de PME, ce qui lui permet d’être directement en contact avec des preneurs de décisions comme des président.es, des propriétaires et des directeur.rices généraux. Il estime disposer d’une position privilégiée pour les aider à rester compétitifs et augmenter leurs revenus potentiels.
«On identifie leurs actifs: machines, outils, équipements, espaces d’entreposage, mêmes ressources humaines qui sont sous-utilisées ou complètement dormantes, explique-t-il. On leur dit combien ça peut représenter en termes de revenus potentiels. Et/ou on trouve aussi du monde qui a des besoins temporaires, par exemple une augmentation de leur productivité liée à un nouveau contrat ou à une saison particulièrement occupée. Quand tu leur trouves une solution, ils sont toujours preneurs.»
C’est d’ailleurs parce que les entreprises manufacturières ont généralement beaucoup d’actifs et des modèles d’affaires cycliques qu’elles se sont imposées alors que la cible initiale était les compagnies de construction, voire les commerces de types centres d’achat et tours à bureaux.
Gestion des ressources
Les demandes les plus fréquentes concernent des chariots élévateurs, des imprimantes 3D, ou encore des découpeurs au laser.
«Quand on se fait demander une ressource qu’on n’a pas, ce qui arrive de moins en moins souvent puisqu’on est rendu à environ 200 millions de dollars de ressources disponibles, on met des employé.es dessus. Leur travail est de trouver les ressources chez certaines compagnies. On utilise ça pour notre développement des affaires», soulève l’entrepreneur.
Au début, les entreprises devaient payer 200$ par an avec des transactions qui se faisaient hors ligne, dans le même principe que Kijiji. Tout se passe désormais en ligne. Ce changement permet de récupérer de l’argent sur chacune des transactions et ainsi de proposer des comptes gratuits à l’entrée. Pour les plus grands utilisateurs, des forfaits mensuels payants permettent d’avoir accès à certains avantages technologiques ainsi que des réductions de coûts de transactions. BizBiz Share agit donc en tant que fiduciaire et dispose d’un fond de protection pour couvrir les éventuels bris, ce qui le rendrait plus sécuritaire et inciterait à la confiance.
Un partenariat avec Desjardins Entreprises en Mauricie permet aux entreprises sur place d’avoir accès à BizBiz Share avec des avantages, dont des taux préférentiels. Elliot Daigneault souhaite profiter du réseau de la coopérative pour développer sa présence dans tout le pays.
Parallèlement, il vient de lancer BizBiz Stock. «On se concentre à 100% sur l’inventaire, spécifiquement sur le surplus, annonce-t-il. C’est un problème majeur dont on a été témoin auprès des compagnies manufacturières. Environ 20% de leur inventaire dort, c’est-à-dire reste sur des étagères alors que ça coûte de l’argent en entreposage et que c’est du capital investi. Il n’y a aucun marché pour s’en débarrasser.»
Son ambition est également de conquérir le marché américain.