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Montréal pionnière en agriculture urbaine avec la Centrale Agricole

Montréal pionnière en agriculture urbaine avec la Centrale Agricole

Depuis quelques années, Montréal voit fleurir des espaces d’agriculture urbaine sociaux et commerciaux. En témoigne le succès des Fermes Lufa, qui ont annoncé l’ouverture de la plus grande serre sur toit au monde pour le printemps 2020. Un nouveau pas a également été franchi en novembre 2019 lors de l’inauguration de la Centrale Agricole dans le quartier d’Ahuntsic-Cartierville. Une coopérative unique au monde qui joue aussi le rôle d’incubateur pour les agriculteurs urbains. Jean-Philippe Vermette, président de la nouvelle entité, nous explique son fonctionnement.

M. Vermette lors du lancement de la Centrale Agricole. Crédit photo: Mathieu B. Morin.

Bonjour Jean-Philippe! Pouvez-vous m’expliquer en quelques mots le concept de la Centrale Agricole?

C’est un incubateur et accélérateur d’entreprises agricoles urbaines. Nous permettons à des entreprises en démarrage ou qui ont envie de grossir d’avoir un lieu pour se développer, dans un écosystème innovant incluant d’autres producteurs, mais aussi des acteurs de la transformation et de la distribution alimentaire. À notre connaissance, un tel établissement en milieu urbain est une première mondiale!

Comment le projet s’est-il mis en place?

Le Laboratoire sur l’Agriculture Urbaine a piloté une étude sur les freins du développement de l’agriculture urbaine commerciale. Parmi ceux-ci, il y avait la difficulté de trouver des lieux adéquats pour la production. Nous avons donc cherché un lieu avec des loyers bon marché et des infrastructures de qualité. Nous avons démarché quelques arrondissements montréalais et c’est Cartierville qui a répondu présent pour le secteur Acadie. Nous avons donc investi cet espace qui dispose d’un toit de 40.000 pieds carrés – dont 10.000 ont été transformés en jardins – à côté des Fermes Lufa.

Lancement de la Centrale Agricole. Crédit photo: Mathieu B. Morin.

Quelles sont les principales caractéristiques du projet?

Nous fournissons des espaces industriels modulaires aux 12 sociétés qui nous ont rejoints. En tenant compte des surfaces disponibles sur le bâtiment et son toit, nous prévoyons de pouvoir accueillir 30 membres au total d’ici quatre ans. Nous offrons à la fois des espaces individuels et collectifs avec une cuisine industrielle, une chambre de lavage, des chambres froides, salles de réunion, etc. Mais aussi un espace dédié à des ateliers et formations.

Parmi nos douze entreprises, certaines sont technologiquement innovantes et nous mettons sur pied avec elles des vitrines pour assurer la diffusion de leurs connaissances.

«Nous souhaitons créer un écosystème innovant autour des producteurs agricoles urbains.»

De quelle manière les entreprises peuvent-elles intégrer la Centrale Agricole?

Il y a deux manières de nous rejoindre. La première est de se faire accompagner par le service Arterre, qui effectue une présélection et nous présente des candidats. Notre conseil d’administration évalue alors les candidatures. La deuxième voie, ce sont nos appels à candidatures. Nous en avons lancé un en automne 2019 et en organiserons un autre au printemps 2020. 

Quel genre d’ateliers avez-vous mis en place depuis l’ouverture?

Nous avons par exemple proposé une formation de démarrage d’entreprise et des ateliers sur la culture de champignons. Chaque entreprise peut proposer des ateliers dans son domaine, mais nous invitons aussi des organismes externes.

Crédit photo: Mathieu B. Morin.

Vous hébergez notamment Tricycle, une société de production d’insectes qui fait partie des sociétés innovantes que vous mentionnez.

Oui tout à fait. D’ailleurs nous avons monté une vitrine technologique avec le Laboratoire sur l’Agriculture Urbaine et Tricycle. Les insectes peuvent être au service de l’humain comme aliment, mais aussi pour optimiser le processus de décomposition de la matière organique. Si l’on fait manger notre compost aux insectes avant de l’envoyer aux sites de traitement, on diminue nettement les volumes.

Par ailleurs, la production d’insectes permet de créer de la protéine qui pour l’instant est davantage utilisée pour l’alimentation animale, mais pourrait servir d’aliment pour l’homme dans le futur. Enfin, les déjections de ces insectes peuvent servir de fertilisant pour l’agriculture urbaine.

Crédit photo: Mathieu B. Morin.

L’économie circulaire est donc facilitée par la Centrale Agricole?

Exactement! Nous sommes d’ailleurs en train d’étudier les possibilités de capter les grandes quantités de gaz carbonique dégagées par les champignons pour faire pousser des micropousses et nous accueillerons bientôt une entreprise de pisciculture qui pourra mettre à disposition de la boue de poisson. Une fois décomposée, cette boue pourra servir d’engrais. Nous souhaitons amener le plus possible les entreprises à créer des synergies entre elles, à la fois sur le plan biologique, mais aussi humain et commercial.

La Centrale Agricole a-t-elle d’autres projets à plus grande échelle?

Nous travaillons à la mise en place d’un projet pilote de gestion décentralisée du compostage à haute valeur agronomique au niveau du secteur Acadie, qui pourrait s’étendre par la suite à Montréal. Nous menons ce projet avec la société Cannafish, gagnante du Coopérathon 2019, qui transforme la matière organique en engrais liquide fertilisant stable, pour faire en sorte que les déchets organiques produits soient localement transformés. 

Nous souhaitons ainsi que la Centrale Agricole soit une pépinière de producteurs, mais aussi boucler la boucle en produisant une matière fertilisante de qualité qui permettrait de coloniser d’autres espaces en ville à travers une meilleure gestion de nos matières résiduelles. 

Crédit photo: Mathieu B. Morin.
Crédit photo: Mathieu B. Morin.

«Nous souhaitons amener le plus possible les entreprises à créer des synergies entre elles, à la fois sur le plan biologique, mais aussi humain et commercial.»

Quels sont les principaux challenges que vous anticipez pour le futur de la Centrale Agricole?

Nous devons créer de la cohésion entre nos membres, pour transformer la compétitivité en complémentarité et en synergies. Il y a un bel engouement pour notre coopérative, mais nous avons mis en place un processus de sélection rigoureux pour permettre cette cohésion.

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