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Vignes en ville: Du vin montréalais en production

Vignes en ville: Du vin montréalais en production

Faire pousser des vignes en pleine métropole, produire un vin urbain, est-ce un rêve? Véronique Lemieux, fondatrice et coordinatrice de Vignes en ville est bien décidée à prouver que ces cultures sont à la portée des villes qui souhaitent se verdir. Le tout en bio, bien évidemment. Depuis 2017, près de 300 vignes ont été plantées à travers Montréal par le projet.

Le projet de Véronique Lemieux, installé sur le toit du Palais des congrès depuis 2017, démontre que les vignes peuvent aussi pousser dans cet endroit inusité. Utilisant un terreau particulier (argile et verre broyé) qui n’avait jamais été testé auparavant, les vignes se portent bien après deux ans en plein air. Le verre du terreau est issu de la collecte sélective. 

Le premier vin tiré de ces cépages particuliers sera à déguster dès janvier 2021, après une première vendange à l’automne 2019. «Nous avons planté des Frontenac noir et blanc, des Marquette et des Petites Perles, des cépages communément plantés au Québec», explique Véronique Lemieux. Ces 80 vignes ont été choisies pour leur adaptation au climat et leur résistance.

Véronique Lemieux. Courtoisie.

«La production alimentaire en ville est souvent plus propre que celle à la campagne parce que nous n’avons aucun résidu de pesticides.»

Tout a commencé par un projet de recherche un peu fou: les vignes peuvent-elles pousser en ville? Véronique Lemieux, passionnée d’agriculture urbaine et de vin, se lance dans cette chasse au raisin urbain grâce à une rencontre fortuite à l’université montréalaise où elle suit des cours: Éric Duchemin, directeur scientifique et formation au Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB) et du Carrefour de recherche, d’expertise et de transfert en agriculture urbaine du Québec (CRETAU).

«Ce n’était pas gagné d’avance», s’amuse Véronique Lemieux, qui s’est battue pour faire accepter le projet et le lieu d’installation. «La première réaction autour de moi, c’était que ce n’est pas parce que cela fonctionne à New York que cela va fonctionner à Montréal», se remémore-t-elle. On lui oppose notamment la rudesse du climat québécois. Des résistances qui, loin de la décourager, renforcent sa conviction que son étude tient la route. De longs mois de travail auront été nécessaires, entre choix des meilleures vignes rustiques à installer et écriture d’un argumentaire parfait, pour que fleurissent ces vignes en ville.

Pollution et terreau recyclable

Ce qui a emporté l’adhésion des derniers frileux, c’est le terreau. «Au lieu de planter les vignes dans un terreau classique (mélange de sable et d’argile), j’allais plutôt planter dans un mélange d’argile et de verre broyé issu de la collecte sélective. Personne ne croyait que le verre pilé pourrait faire un bon substrat», se rappelle Véronique Lemieux en riant. 

Courtoisie.

L’innovatrice a aujourd’hui prouvé que remplacer le sable est possible. Véronique Lemieux, qui a vécu en Chine deux ans, a été sensibilisée là-bas à la problématique du sable, l’ingrédient premier du béton. «Le sable est une ressource naturelle non renouvelable. À chaque fois qu’on prend du sable, ça affecte les écosystèmes», souligne-t-elle.

Quant à la pollution, c’est contre-intuitif, explique Véronique Lemieux, mais elle est impacte moins les cultures urbaines. «La production alimentaire en ville est souvent plus propre que celle à la campagne parce que nous n’avons aucun résidu de pesticides», note Véronique Lemieux. Les pesticides étant interdits sur l’île de Montréal, la pollution atmosphérique est le polluant principal de l’agriculture urbaine et affecte moins les cultures. La chercheuse rappelle, par ailleurs, qu’il faut toujours laver les fruits et légumes avant de les manger, qu’ils aient poussé à la campagne ou en ville.

Véronique Lemieux a aussi été approchée pour concevoir des terrasses végétalisées et quelques projets éphémères pour diverses entreprises montréalaises. Par exemple; la création d’un vignoble urbain et écologique pour les employés du siège social de la SAQ.

Courtoisie.

Infatigable, la chercheuse aux multiples casquettes a déjà un second projet de recherche en gestation, portant sur la biodégradation du verre broyé dans le terreau utilisé. «Presque par accident, dit-elle. On a découvert que la quantité de verre dans leur terreau diminuait, ce qui nous a menés à nous questionner et à monter cette étude.» Quant à l’agriculture urbaine, Véronique Lemieux en est convaincue, elle est appelée à se développer. «On peut cultiver mille choses sur les toits», conclut-elle.

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