La première épicerie zéro déchet LOCO est née en 2016. Les quatre cofondatrices Sophie Maccario, Martine Gariépy, Marie-Soleil L’Allier et Andréanne Laurin, se considèrent désormais expertes dans leur domaine. Elles remarquent aussi que les consommateurs ont changé leur mode de vie et que la demande est aujourd’hui plus forte, c’est pourquoi elles ont décidé d’ouvrir une nouvelle adresse à Ahuntsic. Elles ont également choisi de venir en aide aux fournisseurs en les aidant à réduire davantage les déchets produits.
«Au début, les gens changeaient leur mode de vie quand une épicerie zéro déchet s’installait dans le quartier, c’était dans ce sens-là, se souvient la cofondatrice, Sophie Maccario. Maintenant, il y a des gens qui changent leur mode de vie avant qu’il y ait une épicerie et qui sont même prêts à se déplacer. Il faut que le nombre d’épiceries augmente pour suivre la demande.»
Aujourd’hui, les clients font aussi des demandes de produits en vrac comme la levure de boulanger. De son côté, LOCO cherche tous les mois à agrandir sa liste de produits.
«C’est incroyable le nombre de produits qu’on a amené au fur et à mesure. Dès qu’il y a un nouveau type de produit zéro déchet, dès qu’un de nos fournisseurs sort un nouveau produit pour s’adapter à la demande, ou encore des startups novatrices, nous, tout de suite, on est intéressées et on essaye d’intégrer ces produits-là en magasin. Notre offre évolue vraiment en fonction de ce qui est disponible sur le marché», assure l’entrepreneure. Parmi les dernières nouveautés figurent la mayonnaise et la margarine véganes.
Limites rencontrées
Certaines limites se font toutefois ressentir, par exemple avec les laits végétaux comme le lait de soya ou d’avoine.
«Quand vous le faites chez vous, ça se garde deux ou trois jours et vous êtes corrects, mais deux ou trois jours, c’est vraiment court pour une épicerie, souligne Mme Maccario. Pour ce qui est d’une méthode à plus grands volumes, les fournisseurs actuels ne sont pas encore prêts à faire les modifications pour les produire en vrac.» Des milliers de litres seraient nécessaires pour changer les coûts de la production.
De manière plus générale, elle considère que la vente peut être limitée lorsque certains produits ne permettent pas de réutiliser le contenant dans lequel il est livré, à cause de leur texture ou de leur conservation. Le deuxième frein se situe du côté des fournisseurs qui peuvent avoir de la difficulté à passer au vrac, car cela demande un important travail de logistique et investissement financier pour gérer le nettoyage des contenants.
Oeuvrer pour toujours moins de déchets
C’est pour répondre à cette problématique que le concept de l’Entre-pots a vu le jour et sera développé dans la quatrième épicerie LOCO, à Ahuntsic.
L’Entre-pots aidera au nettoyage des contenants et par la même occasion dans leur rotation, ce qui permettra d’augmenter le pourcentage zéro déchet de chaque producteur.
LOCO aussi améliorera son empreinte. «On a besoin de plus centraliser la réception des commandes parce que ça devient difficile pour nos fournisseurs de livrer dans toutes les succursales, souligne Sophie Maccario. On fait vraiment affaire avec beaucoup de petits producteurs, donc pour eux, plus il y a de commerces zéro déchet et plus c’est compliqué de faire les trajets pour livrer tout le monde et ça a un impact au niveau de la livraison.»
Le projet pilote durera plusieurs mois et inclura des trajets entre succursales en transport électrique ou vélo-cargo. Il vise aussi à faire gagner du temps aux fournisseurs et leur permettre notamment de développer de nouveaux produits zéro déchet, notamment de développer de nouveaux produits zéro déchet.
Si les épiceries LOCO sont les premières visées, selon les résultats, l’offre pourrait s’élargir aux autres commerces.
«La problématique qu’ont tous les commerces zéro déchet, c’est que pour l’instant chacun fait un peu de son côté, mais on a les mêmes fournisseurs, donc le but est, encore une fois dans un esprit de collaboration, de créer un système alternatif au niveau de la distribution des produits d’épicerie qui soit efficace, mais le plus environnemental possible», insiste la cofondatrice.
S’améliorer au fil des ans
Depuis août dernier, LOCO calcule ses émissions carbone émises par sa consommation d’énergie et par sa gestion des matières résiduelles pour que ses épiceries soient carboneutres. L’entreprise collabore ainsi avec Compensation CO2 Québec qui plante des arbres au Canada.
L’objectif de LOCO reste le même: verdir l’alimentation québécoise. Le moyen d’y arriver a toutefois évolué.
«Au début, on se disait que le meilleur moyen pour ça était de créer le plus possible d’épiceries zéro déchet, donc on parlait beaucoup de franchises, raconte l’entrepreneure. Une fois que le modèle est créé et inspirant, il y a du monde qui est prêt à se lancer. C’est là qu’on s’est dit qu’en tant que leaders un peu dans ce domaine, la phase deux était davantage de venir en support à tout le monde, en servant de plateforme, de lien.»
Les cofondatrices pensent ouvrir une cinquième et dernière épicerie LOCO, puis concentrer leurs efforts sur le développement l’Entre-pots et du réseau de distribution.
Les quatre femmes veulent aussi faire bénéficier de leur expertise aux entreprises, en donnant par exemple des formations aux employés, ou encore en proposant des lunchs zéro déchet.