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Vanessa DL, sorcière pigiste: «La spiritualité ne s’oppose pas à la science»

Vanessa DL, sorcière pigiste: «La spiritualité ne s’oppose pas à la science»

À une vitesse fulgurante, Vanessa Dion-Lirette est devenue dans la dernière année le visage et la voix d’une jeune génération en quête de spiritualité. La jeune professeure donne des consultations privées en tarot et en astrologie, en plus d’enseigner le yin yoga et d’enregistrer le podcast Mystique. Rencontre avec une sorcière des temps modernes. 

Bonjour Vanessa! Comment es-tu devenue une «sorcière pigiste»? 

Je me suis intéressée au tarot et à l’astrologie à travers l’enseignement du yoga. Puis, j’ai choisi le titre de «sorcière», car c’est un terme parapluie qui regroupe toutes les choses que je fais. J’aime aussi m’identifier comme sorcière pour des raisons politiques. Je me suis mise à m’intéresser à l’astrologie et le cycle lunaire a tissé sa place dans ma vie, à tel point que j’étais incapable de dissocier le yoga et l’astrologie. Les deux se fondent tellement bien l’un dans l’autre. Lorsque je décide ce que j’enseigne cette semaine, je me fie toujours sur l’énergie astrale et quels thèmes prédominants de celle-ci sont à intégrer dans le cours. 

J’ai ensuite créé ma niche quand je me suis blessée il y a un an. Je marchais avec des béquilles pendant 3 mois, donc je ne pouvais pas enseigner le yoga. En tant que travailleuse autonome, je n’avais pas d’assurance et quand ton corps, c’est ton outil de travail premier, plusieurs professeurs de yoga blessés se retrouvent dans une situation précaire. Ça peut être inconfortable au niveau de la santé mentale. Mais ça m’a poussé à assumer mes services de tarot et d’astrologie, à les promouvoir davantage et la réponse a été instantanée.  

Revirement de situation: l’astrologie et le tarot sont devenus mon emploi à temps plein et le yoga, celui à temps partiel. Le fait de ne plus pouvoir utiliser mon corps pour créer mes séquences a été un wake up call que la vie m’envoyait, comme si elle me disait: «Arrête de te mettre des bâtons dans les roues. Arrête de t’imaginer que ce que tu souhaites n’est pas possible!» Je voulais prioriser le yin et le tarot, mais je n’osais pas le faire, parce que je pensais que je n’aurais pas assez de clients, ou que les gens souhaitent juste du yoga vinyasa. Un an plus tard, j’ai maintenant une liste d’attente pour mes consultations. 

«La spiritualité ne s’oppose pas à la science, de la même manière qu’on n’oppose pas l’art à la science. L’un n’enlève pas de crédibilité à l’autre. La spiritualité permet de voir notre vie comme notre oeuvre d’art, d’y attacher de la signification, des symboles et des rituels. On a confondu la science dure et la raison, mais la raison, ce n’est pas que des hard facts

Pourquoi les arts mystiques connaissent un aussi grand engouement actuellement selon toi?

Les sujets de la spiritualité et de l’ésotérisme sont en expansion depuis environ cinq ans, et au Québec, on commence à sentir cette vague. Je crois qu’il y a un très grand nombre d’êtres humains qui ont besoin de trouver une signification à leur vie, qui ont une fibre spirituelle ayant besoin d’être nourrie. Dans le passé nord-américain, le prêtre, le rabbin ou toute autre autorité spirituelle agissait en tant qu’intermédiaire entre le divin et la personne. Dans les courants spirituels, on entre en contact direct avec cette information. J’agis bien sûr comme intermède entre la carte du ciel et l’individu, mais la personne demeure en pleine possession de son pouvoir. La force extérieure ne connaît pas mieux les réponses que lui-même. 

Je ne pense pas que de croire au tarot et à l’astrologie nous place nécessairement dans la niche de ceux qui croient au destin. On peut s’intéresser à ces arts mystiques tout en croyant à notre libre arbitre. 

La spiritualité ne s’oppose pas à la science, de la même manière qu’on n’oppose pas l’art à la science. L’un n’enlève pas de crédibilité à l’autre. La spiritualité permet de voir notre vie comme notre oeuvre d’art, d’y attacher de la signification, des symboles et des rituels. On a confondu la science dure et la raison, mais la raison, ce n’est pas que des hard facts. 

As-tu rencontré des obstacles en démarrant cette carrière? 

J’ai surtout rencontré des gens qui pensaient que ça n’allait jamais marcher, que je devrais me concentrer sur des formes de yoga plus traditionnelles, plus acceptables. J’ai dû combattre la poussée qu’on me donnait vers le conformisme pour honorer ce qui était plus authentique à ma pratique personnelle. 

J’ai eu ensuite de beaux problèmes. J’ai connu une expansion tellement rapide dans mon travail, que j’ai éprouvé des difficultés de structure. Par exemple, après mon passage à l’émission Banc public, j’ai reçu trop de demandes de cartes du ciel à la fois. 

Aussi, personne ne t’enseigne comment gérer ta business de sorcière! Ça prend de l’essai-erreur, et une volonté de construire mes propres structures qui allaient supporter ma pratique et respecter mon propre rythme, de ne pas me bruler, mais en même temps bien vivre. Trouver l’équilibre m’a pris quelques années. 

J’ai réalisé en fait que le métier le plus similaire dans sa structure est celui des tatoueurs. Je me suis inspirée de leurs façons de gérer les réservations, du rythme qu’ils prennent, j’ai engagé une adjointe administrative qui note les rendez-vous pour la saison et bâtit une liste d’attente avec elle. 

Un autre obstacle était que je recevais tous mes clients à la maison. Toutefois, avec la radio et la télévision, je me suis mise à attirer des gens sur une plus large échelle que le bouche-à-oreille. Je ne me sentais plus en sécurité d’accueillir des inconnus chez moi, donc je réalise maintenant la très grande majorité de mes rencontres via Internet. Aux États-Unis, la plupart des tarologues et astrologues offrent leurs services exclusivement par Internet. 

«Je pense qu’on s’enligne pour s’éloigner de la vision charlatane de la spiritualité.»

Comment vois-tu ton domaine évoluer au Québec dans les prochaines années? 

Je pense qu’il va suivre une croissance similaire au monde du yoga. On commence par voir des offres qui nous donnent envie d’expérimenter, les gens vont être plus intéressés à faire des lectures de tarot, puis va venir un moment où le public voudra s’approprier l’outil.

On devrait assister à une explosion de formations et certifications créées pour répondre à cette demande. Le défi va être de départager les entrepreneurs qui surfent sur la tendance de ceux qui souhaitent réellement s’investir dans la pratique. Entre les vrais professeurs et les opportunistes, je pense aussi qu’on s’enligne pour s’éloigner de la vision charlatane de la spiritualité. Au-delà d’un outil de divination, mais aussi de développement personnel. Je pense qu’on pourrait éventuellement incorporer le tarot à une séance de psychothérapie classique, en guise de complément que les gens pourraient continuer à utiliser en dehors de la thérapie conventionnelle afin de poursuivre l’introspection et la recherche intérieure. 

Quels sont tes projets futurs? 

Je travaille actuellement sur une série web autour du tarot qui sera diffusée à la fin du mois d’octobre. Je caresse le rêve d’offrir des services gratuits pro bono pour ceux et celles qui n’ont pas les moyens de payer une consultation d’ici 2021. Je pars également au Guatemala tout le mois d’octobre pour écrire un livre qui devrait paraître en 2020. Je ne peux pas en dire beaucoup pour le moment, mais ce sera très près de qui je suis et d’aborder le tarot et l’astrologie sous l’angle de ma pratique personnelle. 

🔮Vanessa DL

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