Si vous ne connaissez pas son nom, vous avez sûrement eu vent de ses différents projets entrepreneuriaux florissants. Frédérique Marseille est une femme aux multiples idées! Elle est derrière plusieurs projets en musique, en art visuel, en sport et en voyage, et c’est désormais un centre d’escalade aussi chaleureux qu’axé sur l’humain qui a vu le jour il y a un peu plus d’un an.
Situé à Bromont, le Backbone est le résultat d’une famille dynamique, soucieuse d’offrir un lieu convivial aux grimpeurs expérimentés, aux néophytes, mais aussi aux visiteurs curieux souhaitant se ressourcer dans une ambiance décontractée. Le crédo de Frédérique Marseille pour réussir à faire preuve d’autant de créativité? Doser équitablement travail et personnalité, faire fusionner grandes idées et impact local. Inspirante et toujours inspirée, voici son histoire de bureau.
Allô Frédérique. Pouvez-vous nous parler un peu de votre riche parcours?
Je suis une entrepreneure de trente ans qui en est à sa quatrième entreprise, dans toutes sortes de domaines. J’ai un parcours un peu original! J’ai été guide touristique on and off pendant 6 ans pour des voyages dans les grandes villes des États-Unis. Après un début de vingtaine à voyager surtout en Asie pour la plongée sous-marine et les langues, j’ai presque complété un baccalauréat en histoire de l’art que j’ai finalement interrompu pour démarrer ma première entreprise: la startup web ArtBangBang que j’ai léguée deux ans plus tard à MR63.
Je me suis ensuite embarquée dans un projet artistique auquel je participe encore, le Projet 1001Fesses. Entre temps, j’ai démarré une compagnie de production de vidéoclips avec mon ex-copain Ogden de Alaclair Ensemble, spécialisée en clips de rap. Ensuite, j’ai démarré avec nulle autre que ma mère l’agence de voyages Nomadarts spécialisée en stages de danse et d’escalade à l’étranger. Cette agence est toujours en place et permet à des gens de vivre leur passion dans des pays incroyables! Il y a trois ans, j’ai quitté mes projets en ville pour m’établir dans les Cantons-de-l’Est et m’ancrer définitivement au Québec. ENFIN, j’ai démarré il y a un an et demi le Centre d’escalade Backbone avec toute ma famille qui vit elle aussi, désormais, dans notre belle région. Le Backbone est ouvert depuis le 27 avril 2018.
Quelle est l’histoire derrière Backbone Boulder, ses activités et sa mission?
Backbone est une idée que j’avais eue en 2011, alors que j’avais seulement 22 ans et qu’aucun centre d’escalade de bloc n’existait à Montréal. J’essayais déjà d’embobiner mon père Jean dans ce projet, mais j’avais peu de crédibilité! Des années plus tard, je suis déménagée à Sutton où ma famille vivait déjà depuis quelques années et j’ai ramené ce projet de centre de bloc sur la table. Mon rêve était de faire un centre d’escalade en nature, à l’image de cette passion que tout le monde ici a pour les voyages, le paysage, le soleil, le jeu, la vie relax, le sport.
Par chance (!), mon père a perdu son poste d’ingénieur qu’il avait depuis 13 ans et, avec les yeux brillants d’un homme enfin libre, m’a annoncé qu’il sautait à pieds joints dans le projet! Nous nous sommes associés au Quartier Natura pour bâtir un bâtiment from scratch, sur mesure pour le centre d’escalade. Ma mère, Andrée, s’est retrouvée à administrer non seulement notre petite agence de voyages, mais aussi ce gros projet incroyable qu’est le Backbone. Ce lieu se veut le reflet d’un désir de communauté, de jeu, un «home away from home», pour quiconque aime la bonne musique, le café, la bière de micro, l’escalade et la slackline.
Quel est votre plus grand défi en tant qu’entrepreneure?
Trouver un moyen pour que mes projets deviennent plus indépendants de mon implication de gestionnaire afin de pouvoir mettre tout mon temps dans la création de nouvelles idées ou entreprises qui, chaque jour, font surface dans ma tête.
«Toujours revenir au plan de vie, avant de revenir au plan d’affaires. Et toujours considérer les humains avec le plus de délicatesse, de sensibilité et d’intelligence possible.»
Un mot pour définir le type de travailleuse que vous êtes…
Crinquée, ben raide.
Quels outils et routines sont essentiels à votre vie d’entrepreneure chevronnée?
LE TRUC ULTIME? Ne pas regarder de séries télé et ne pas scroll down les réseaux! Si on enlève toutes ces heures perdues, on peut bâtir un empire! Comme outil, j’utilise un cahier papier dans lequel chaque soir j’écris ma «to do list» du lendemain. Je dois aussi avoir une routine de solitude très stricte, pour rattraper l’énergie humaine que mes projets requièrent. Je fais évidemment du sport pour rester saine d’esprit, souvent je clenche quelques heures de gestion sur l’ordi le matin en me levant puis je pars courir pendant vingt minutes avant de luncher. Je me couche tôt, je lis énormément pour me nettoyer le cerveau et je me lève tôt!
À quoi ressemble votre espace de bureau?
Je fais de la gestion de la maison, sur un ordi installé face à une grande fenêtre qui donne sur la forêt. J’ai choisi un petit bureau, sinon je m’éparpille. Au centre d’escalade, je m’assois au bar pour pouvoir superviser les staffs, jaser et travailler en même temps! J’ai de foutus bons speakers, pour écouter de la musique qui me motive à travailler.
Avez-vous une façon particulière d’organiser vos journées de travail?
Une fois levée tôt, je travaille directement en me levant avec mon café. Je «clenche» un maximum, puis avant de diner je vais courir ou marcher dans le bois. Puis je mange, puis je retravaille quelques heures en fou, puis je fais mes projets personnels, je lis, j’écris, je vois des humains qui n’ont rien à voir avec mes projets, je fais les commissions pour le centre d’escalade, je passe au gym dispatcher le monde, etc.
Quelle est votre philosophie d’entreprise et comment appréhendez-vous votre rôle de patronne?
Business is people. Je ne sais pas comment le dire en français, mais vraiment, cette phrase est immense. Il faut être le plus authentique possible, ne jamais perdre de vue notre identité sincère, même quand on est confrontés à des épreuves ou au désir du succès. Toujours revenir au plan de vie, avant de revenir au plan d’affaires. Et toujours considérer les humains avec le plus de délicatesse, de sensibilité et d’intelligence possible.
Vous êtes meilleure que vos collègues de travail pour…
Être efficace et faire du problem solving. Je travaille tellement vite… Mais je coupe les coins ronds.
Quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné?
Il n’y a ABSOLUMENT RIEN de no brainer (désolée pour mon franglais, encore une fois). Dans le sens où chaque fois qu’on se dit qu’un projet sera facile, que ça va y aller comme dans du beurre, on se trompe. Tout projet, rêve, idée, demande du temps, de l’amour, de l’énergie, des gens, etc.
À votre tour, quel conseil donneriez-vous à un.e jeune entrepreneur.e?
Fais un plan de vie. T’es qui, tu te couches à quelle heure, tu veux vivre en ville? En campagne? T’es-tu sociable? Tu préfères être seul.e? T’es-tu bon.ne pour travailler en équipe ou t’es un lone wolf? Quand tu vas avoir répondu à tout ça, trouve un plan d’affaires qui répond à ces besoins-là avant tout. Ah! Et dis-toi jamais «au pire je ne me paye pas pendant un bout de temps». Paye-toi, dès le jour un. Sinon ton entreprise va mourir.
Enfin, à quelles évolutions aspirez-vous pour votre «jeune pousse» Backbone Boulder?
Que ça devienne un resort d’escalade! Un genre de camping avec des cabanes, un lac avec un mur d’escalade et des slacklines, un food truck, etc. Que le Backbone devienne LE spot ultime pour passer du bon temps au Canada, quand on est un trippeux de grimpe et de bon temps.
🧗🏾♀️ Backbone – Centre d’escalade
100 rue du Rubis, Quartier Natura, Bromont