La brasserie artisanale ontarienne Beau’s ne se contente pas de produire et vendre de la bière. Depuis onze ans, elle soutient la petite communauté de Vankleek Hen en organisant un Oktoberfest dans les règles de l’art: de la musique, de la nourriture et du houblon à profusion.
Van Leek Hill est un petit village de 2 000 âmes niché dans l’Est de l’Ontario. Au mois de septembre dernier, sa population a explosé jusqu’à 17 000 festivaliers à l’occasion du Beau’s Oktoberfest. À 1h en voiture de Montréal, Ottawa et Cornwall, la kermesse brassicole offre une vitrine à plus de 50 producteurs de la région et d’ailleurs. «Selon la perspective, nous sommes autant au milieu de nulle part, que nous sommes au centre de tout. L’opportunité d’attirer les habitants de ces trois centres urbains est à saisir», estime Jennifer Beauchesne, spécialiste en marketing et communications pour Beau’s.
Si la région n’abrite pas beaucoup d’hôtels, les festivaliers peuvent facilement se procurer des forfaits incluant un trajet aller-retour en autobus ou camper en VR ou avec une tente sur le site pour transformer l’excursion d’une journée en évasion d’une fin de semaine. «Le camping a développé sa propre microculture. Il prolonge le plaisir éprouvé pendant la journée passée à l’Oktoberfest», s’enthousiasme l’ambassadrice de l’événement.
«Je prends soin de dénicher des musiciens qui se situent au même calibre que ceux des éditions précédentes, mais qui offrent aussi au public une certaine nouveauté, une fraîcheur artistique, et cela vaut aussi pour la sélection de bières.»
La tradition bavaroise rencontre le terroir canadien
Beau’s tient à préserver les racines bavaroises de l’événement au-delà du titre. L’Oktoberfest, qui veut littéralement dire fête d’octobre en allemand, est une fête célébrée sur la place à Munich. Sous plus d’une douzaine de tentes, la bière s’y déguste obligatoirement dans d’énormes pintes d’une litre appelées Mass. Le concept a depuis fait le tour du monde, y compris au Québec et au Canada où les biérophiles sont nombreux.
L’hymne national canadien est chanté en français et en anglais, suivi par celui de l’Allemagne et les terres autochtones sur lesquelles l’Oktoberfest se tient sont reconnues. La programmation compte aussi beaucoup d’artistes traditionnels comme le roi canadien de la polka Walter Ostanek, de retour à la demande générale après plusieurs apparitions.
Comme le premier Oktoberfest soulignait le 12 octobre 1810 le mariage du futur roi Louis Ier de Bavière avec la princesse Thérèse de Saxe-Hildburghausen, plusieurs couples les ont imités à Vankleek Hill.
La nourriture s’imprègne également de la touche bavaroise. «Plusieurs plats traditionnels européens vont être revisités à la sauce canadienne», indique Jennifer Beauchesne. Les spätzle, une préparation culinaire à base de pâtes originaires de l’Allemagne du Sud, seront par exemple servis sous forme de poutine.
«La plupart des premières bières brassées par Beau’s sont de style allemande, c’est donc pour nous l’expression de notre respect et de notre amour pour l’histoire brassicole allemande», relève la porte-parole. L’offre diverse de produits inclut des bières biologiques, et sans alcool ou gluten. Selon Jennifer, il ne faut pas manquer de déguster les rares bières vieillies en tonneau pendant près de deux ans produites en petite quantité par la brasserie soeur de Beau’s, Halcyon Barrel House.
Derrière l’alléchante teinte dorée de ses boissons, la marque Beau’s se révèle verte. «Nous pouvons tracer le trajet des ingrédients de notre bière jusqu’à la ferme où ils ont poussé. L’agriculture biologique se marie bien aux valeurs environnementales de la brasserie en général. Le développement durable va de soi pour nous, parce que c’est impossible de produire de la bière sans eau pure. Notre savoir-faire pour lui donner un goût délicieux dépend à 100% de ce que nous faisons aujourd’hui et le jour d’après pour l’environnement. C’est pourquoi la gestion d’une entreprise demande des valeurs qui dépassent la gratification instantanée du profit et reflètent ce que nous voulons voir dans le monde, que ce soit à travers la levée de fonds ou choisir des produits biologiques».
«Chacun choisit sa propre aventure à l’Oktoberfest de Beau’s. Il y a tant à voir et à essayer que personne n’aura la même expérience. Ici, il ne suffit pas de s’asseoir au beerhall pour siroter une bière, mais bien de vivre une expérience qui change au fil des heures.»
Faire le bien, se sentir bien
Voilà la règle d’or de Beau’s qui, depuis sa fondation en 2009, a récolté plus de 2 millions de dollars pour une kyrielle de causes, dont 710 000 $ provenant des retombées de l’Oktoberfest. «Nous privilégions les initiatives environnementales et communautaires Hidden Harvest Ottawa ou Ottawa River Keep qui recherchent constamment des fonds pour continuer d’exister», précise Josh Gottlieb, producteur des événements Beau’s.
L’événement appuie également Centraide Ottawa et Centraide Stormont, Dundas et Glengarry en organisant une balade à vélo caritative. Avec un don minimum de 125 $, les cyclistes au départ de Cornwall, Ottawa et Montréal ont accès au festival, au trajet du retour en autobus et différents prix selon le montant versé. «Les participants redonnent à la communauté tout en vivant une excursion sécuritaire et amusante depuis différents points de départ. Et puis, une bonne froide après le vélo ou la course goûte toujours le ciel!», souligne Jennifer Beauchesne.
Du son 100 % canadien
Toute l’année, Josh Gottlieb sillonne le pays pour recruter les noms de la musique canadienne qui animeront le prochain festival. Deux scènes s’érigent près des kiosques pour accueillir musiciens reconnus et artistes émergents. La chasse a été bonne cette année: le groupe de rock The New Pornographers se produit vendredi sur la scène principale. Caravane de Québec et les Montréalais John Jacob Magistery représenteront quant à eux la Belle Province vendredi. En lice pour le prestigieux prix Polaris, le rappeur Shad leur succède la journée suivante.
Une quinzaine d’artistes émergents se produiront également sur la scène Black Forest vouée à la révélation de nouveaux talents. Cing groupes montréalais font partie de la cuvée 2019 dont les formations Oakhearts et Lost Love.
«C’est l’un des aspects les plus amusants de mon travail. À travers tout ce que j’entends au cours des mois précédant l’Oktoberfest, je prends soin de dénicher des musiciens qui se situent au même calibre que ceux des éditions précédentes, mais qui offrent aussi au public une certaine nouveauté, une fraîcheur artistique», explique Josh Goettlieb.
«Chacun choisit sa propre aventure à l’Oktoberfest de Beau’s. Il y a tant à voir et à essayer que personne n’aura la même expérience. Ici, il ne suffit pas de s’asseoir au beerhall pour siroter une bière, mais bien de vivre une expérience qui change au fil des heures, du moment de la journée, de la polka, aux groupes canadiens en passant par la course en sac. Le type de journée que vous souhaitez avoir ne dépend que de vous. Et en plus, le coût de votre billet contribue au bien-être de la société. Tant qu’à faire du bien aux autres, autant avoir du plaisir en le faisant», résume Jennifer Beauchesne.
Une poignée de semaines avant le début du festival le 21 septembre, il ne reste plus qu’à préparer son bock, gonfler les pneus du vélo et se donner rendez-vous à Vankleek Hill.