Associer culture et gourmandise, c’est le pari de Local Food Tours. Implantée à Toronto depuis mai 2019, et à Québec et Montréal depuis 2012, cette jeune pousse propose de découvrir les villes autrement. Entretien avec Frédérik Nissen et Ismaël Ulvik, deux entrepreneurs adeptes de la croissance tranquille qui ont lancé cette audacieuse idée.
Frédérik Nissen et Ismaël Ulvik se sont rencontrés au CÉGEP de Sherbrooke. Depuis, ils ne sont plus quittés. «On a même déménagé ensemble à Montréal», s’amuse Frédérik Nissen.
En plus de Local Food tours, les deux jeunes entrepreneurs s’impliquent, chacun de leur côté, dans des projets à forte valeur locale et sociale tels que le Restaurant Day et Givebox. Des valeurs qu’ils souhaitent aussi insuffler dans leur entreprise. «Tourisme durable, bonnes conditions pour nos employé.e.s et guides. Et surtout, laisser une trace positive», résume-t-il.
S’ils se sont lancés dans ce projet, c’est par passion du terroir québécois, pour en faire goûter la diversité au plus grand nombre. Et parce qu’ils souhaitaient partager les trésors culturels d’une province à l’histoire riche et méconnue. Pari payant puisque Local Food Tours a baladé 38 000 personnes en 2018, à Québec et Montréal. Un chiffre non négligeable lorsque l’on sait que leur modèle d’affaires repose sur la conviction de ne pas s’appuyer sur des entreprises intermédiaires pour se faire connaître. Pour que les quartiers visités profitent en priorité de la manne, selon les deux entrepreneurs. «C’est aussi gagnant pour les voyageurs qui en ont pour leur argent», affirme Frédérik Nissen. Exit donc les référencements à tout va. Leur publicité, ils la fabriquent d’abord sur leur site internet, via leur blogue, et leurs réseaux sociaux dédiés.
À Toronto, un seul circuit est pour le moment proposé: 1 000 personnes y ont déjà participé depuis son lancement, relève fièrement le cofondateur. Les nombreux atouts de Toronto ont tout de suite plu aux deux associés. «L’offre culinaire y est aussi multiculturelle que la ville, s’enthousiasme Frédérik Nissen à propos de ce nouveau terrain de jeu.Toronto est la première ville canadienne en termes touristiques.»
Selon le top 100 des villes les plus visitées en 2018 par Euromonitor, Toronto se place au 52e rang avec 4 millions 600 000 arrivées en 2018 dans la capitale ontarienne.
Croitre en douceur
«Nous avions développé deux circuits en parallèle à Toronto, mais on a préféré se recentrer sur celui qui se promène autour de Chinatown et Kensington Market, pour le moment.» Un choix qui, selon l’entrepreneur, va leur permettre de se consolider localement avant de dérouler de nouvelles offres gourmandes dans la ville la plus américaine du Canada.
«Créer un nouveau parcours, c’est complexe», prévient toutefois Frédérik Nissen qui liste les nombreux critères à prendre en compte. Ce qui explique leur offre serrée de circuits comparée à leurs concurrents (une dizaine sur le site de Local Food Tours). Entre les visites de commerces pour s’assurer qu’ils puissent accueillir les visiteurs et proposent de délicieux plats locaux, l’histoire du quartier à détailler et prévoir les 5 à 6 arrêts gourmands d’une visite qui dure en moyenne trois heures, en plus de trouver un guide assermenté (une obligation québécoise), un tour se fabrique sur du long-terme. «Ce sont ces détails qui en font une expérience formidable», confie-t-il.
Ces défis plaisent aux deux amis, qui n’ont pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin. Pour 2020, Toronto aura les honneurs de nouveaux circuits. «Montréal et Québec, on va plutôt améliorer l’existant.» Local Food Tours continue d’explorer différentes pistes: ouverture au marché corporatif, réflexion sur les prochaines villes à développer, d’autres thèmes. etc. Bref, les idées ne manquent pas pour ces deux entrepreneurs qui comptent bien faire grandir Local Food Tours à leur rythme, loin de la frénésie commerciale.