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La Transformerie: Valoriser les invendus pour réduire le gaspillage alimentaire

La Transformerie: Valoriser les invendus pour réduire le gaspillage alimentaire

C’est à partir d’un défi entre amis lancé en octobre 2016 que La Transformerie a vu le jour l’année suivante. Thibault Renouf, qui proposait alors des produits locaux aux chefs de Montréal, a incité Guillaume Cantin, qui travaillait au restaurant Les 400 coups, à cuisiner un souper gastronomique pour 15 personnes à partir de produits récupérés dans les poubelles d’épiceries. L’organisme à but non lucratif (OBNL) situé à Rosemont commercialise à présent ses propres tartinades sucrées.

«Ça a vraiment été un événement marquant et un tournant parce qu’ils ont réalisé qu’il y a une énorme quantité d’invendus qui sont jetés tous les jours dans les commerces. Ce qui les a vraiment marqués, c’est surtout la qualité des produits», raconte Marie Gaucher, a rejoint l’équipe pour devenir co-initiatrice après son diplôme en agroéconomie à l’Université McGill.

Ensemble, ils ont voulu comprendre la réalité des épiciers, ce qui génère leurs pertes et les alternatives qui existent pour les contrer. «Les systèmes d’alimentation et de commercialisation de la nourriture gaspillent beaucoup, rapporte Mme Gaucher après un an de travail sur le terrain. Pour les commerçants, il s’agit de pertes économiques, donc ils n’ont pas vraiment intérêt à gaspiller. Ils font tout leur possible pour gérer au mieux leurs inventaires, mais il y a des pertes un peu inévitables.»

Le portrait de dix épiceries situées à Rosemont-La Petite-Patrie a été analysée par l’équipe montréalaise afin d’évaluer la situation des denrées alimentaires jetées. En semaine, les organismes caritatifs iraient chercher les invendus des épiceries, mais ils semblent manquer de moyens pour cette activité en fin de semaine. Comme les produits sont périssables et qu’il n’existerait pas d’autres alternatives, les épiceries seraient alors contraintes de les composter les samedi et dimanche. Ce facteur oblige aussi les organismes à rapidement transformer les aliments et, par manque de temps, ils ne pourraient pas toujours tout récupérer.

Élaborer de nouveaux produits

L’objectif de La Transformerie est aujourd’hui d’aider les commerces à mieux valoriser les invendus, tout en facilitant le don aux organismes, et faire de la transformation une valeur ajoutée des invendus.

«On ne veut pas simplement récupérer les invendus et en faire quelque chose, souligne Marie Gaucher. On veut en faire quelque chose de bon pour sensibiliser sur cette qualité du produit et faire réfléchir les gens, autant les commerçants que les consommateurs.»

La Transformerie a commencé par récupérer les dons de fruits pour en faire des tartinades sucrées sous l’appellation «Les rescapés». Pour le moment, elle propose trois goûts: mangue et épices créoles, tarte aux pommes, poire et gingembre. Elle les vend ensuite aux commerçants où elle a récupéré les invendus afin qu’ils les mettent à leur tour dans leurs rayons fruits et légumes. Un affichage permet de sensibiliser les consommateurs sur l’origine de ces nouveaux produits. Les premiers partenaires de l’initiative montréalaise sont la Fruiterie chez Nino, Rachelle Béry et IGA Marché Barcelo.

«On va progresser sur les six prochains mois, en embarquant chaque mois deux commerces supplémentaires. Le but est de pouvoir se donner la flexibilité d’ajuster au fur et à mesure nos opérations, s’assurer qu’on réponde bien et de manière efficace aux besoins. Au bout de six mois, on devrait collaborer avec une dizaine de commerces en collectant tous les dimanches. On devrait collecter environ 800 kilos de denrées alimentaires par semaine d’ici six mois», annonce la co-initiatrice.

Une entente a été conclue avec le Centre de ressources et d’action communautaire de La Petite-Patrie qui fait de la redistribution alimentaire. Le Centre leur prête leur camion réfrigéré pour la collecte et en échange La Transformerie leur donne les invendus qu’ils ne peuvent transformer, tels que le poisson, la viande ou les produits de boulangerie.

Évolutions en perspective

Les premières tartinades sont faites à base de fruits parce qu’il y a un certain taux d’acidité dans les recettes qui permet la mise en conserve en utilisant une technique d’empotage à chaud. Un équipement de base est suffisant et l’investissement en cuisine est minime comparativement à celui nécessaire pour transformer les légumes.

​«Au niveau de la salubrité, on est obligé d’utiliser un équipement qui s’appelle un autoclave pour faire de la mise en conserve des légumes sous pression et ça coûte assez cher. On a déjà développé des recettes pour faire des tartinades à base de légumes, mais on ne peut pas encore les commercialiser, car c’est un trop gros investissement. C’est quelque chose qu’on a en tête et qu’on espère pouvoir lancer en deuxième étape», explique la co-initiatrice.

Elle ajoute que si les tartinades sont pour le moment vendues dans les épiceries participantes afin de faire connaitre le concept de l’économie circulaire, ils pourraient dans le futur se retrouver dans des cafés ou des boulangeries si la quantité produite dépasse la vente en magasin.

La Transformerie a emménagé fin mai dans ses nouveaux locaux du boulevard Saint-Laurent qu’elle partage avec La Maisonnette des parents qui renforce notamment l’entraide et la prise en charge des familles. «On a choisi Rosemont-La Petite-Patrie en premier lieu parce que c’est un arrondissement super engagé vers un objectif de zéro déchet, avec des valeurs environnementales et sociales qui nous parlent, souligne Mme Gaucher. On a aussi rencontré l’arrondissement à plusieurs reprises et on nous a accordé un financement afin de nous aider dans le lancement du projet. Les commerces qu’on a rencontrés étaient aussi très sensibles à la cause et ouverts à travailler avec nous.»

En plus de vouloir transformer d’autres types d’aliments, l’OBNL souhaiterait à l’avenir étendre son projet à d’autres arrondissements pour continuer de faire grandir son impact en matière de réduction du gaspillage.

La Transformerie

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