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À la rencontre des Québécois en affaires à Toronto: Matt Rainville de Rainville Audio

À la rencontre des Québécois en affaires à Toronto: Matt Rainville de Rainville Audio

Après ses études en littérature, Matt Rainville ne se destinait pas du tout à la vie entrepreneuriale. Et pourtant, un temps d’arrêt dans sa carrière de traducteur et éditeur de contenus numériques le pousse à ouvrir son propre atelier d’accessoires pour son instrument préféré, la guitare électrique. En 2017, il vend ses premiers micros et modules d’effets pour guitares et basses depuis son atelier chez lui. À ses yeux, Montréal représente une mine d’or sur le plan du talent musical, mais Toronto retient le monopole sur l’industrie musicale. 

Matt Rainville.[/caption]

Bonjour Matt! Qu’est-ce qui vous a mené à lancer votre propre entreprise à Toronto?

Rien ne me destinait à être entrepreneur. J’ai étudié la littérature à l’UQAM, puis j’ai travaillé comme traducteur pour Monster.ca, la filiale canadienne du site d’emploi Monster.com. Pendant cette période, je me suis découvert un côté anglophile et la compagnie m’a offert une porte d’entrée vers Canada anglophone. En 2010, Workopolis proposait de m’embaucher pour un poste à Toronto, à titre de traducteur et porte-parole pour le marché francophone.

Au fil des années, tous ces sites d’emploi ont été grugés par les LinkedIn et Indeed de ce monde. Des dix personnes qui composaient l’équipe de marketing dont je faisais partie à Workpolis, nous n’étions plus que trois en 2016, et c’est avec eux que j’ai décidé de partir à mon compte pour fonder ensemble l’entreprise de contenu Yackler.

Comme nous n’étions pas toujours les trois occupés à temps plein avec les clients pour Yackler, j’ai sauté sur l’occasion pour lancer mon passion project. J’ai toujours adoré la guitare électrique, mais je n’avais aucune formation pour me lancer en affaires. Ceci dit, à 38 ans, je comptais derrière mois au moins 15 ans de travail en entreprise où j’ai été témoin de prises de décision, donc je me suis quand même senti bien outillé pour rouler le tout moi-même. Aujourd’hui, je continue toujours à Yackler, mais je dirais que Rainville Audio exige 95 % de mon temps.

L’atelier de Rainville Audio.

Avez-vous suivi une formation et/ou trouvé des ressources pour vous outiller en démarrage d’entreprise?

Je me suis juste lancé, tout naturellement. Avant Rainville Audio, j’avais déjà eu une petite entreprise où je fabriquais des gants en cuir pour la moto que je vendais via une boutique en ligne. Cette première expérience m’a donné assez de confiance pour concevoir un produit et le vendre à d’autres, en plus de contrôler de A à Z tous les aspects de l’entreprise.

Avez-vous des employés?

Je n’ai pas d’employés, mais je reçois beaucoup d’aide de l’extérieur. Je travaille avec un infographiste, une autre partenaire m’épaule dans les circuits électroniques, mais sinon je gère les opérations à partir de chez moi, dans un espace uniquement dédié à Rainville Audio.

Après quelques temps à Toronto, pensiez-vous avoir «idéalisé» le potentiel de la ville concernant les affaires?

J’ai déménagé à Toronto un peu à reculons, mais je me cherchais une aventure, je voulais travailler ailleurs. Ma famille habite toujours près de Montréal. Au palmarès des villes où je voulais aller, Toronto n’aurait même pas figuré sur la liste! Je me donnais un an pour rentrer à Montréal. Contre toute attente, j’ai adoré le quartier The Annex où je m’étais loué un petit appartement dans la vieille ville avec ses grosses maisons victoriennes. Ce fut un coup de coeur et j’ai apprivoisé la ville assez rapidement.

Je me aussi suis marié avec une Ontarienne qui vivait à 2h au nord de Toronto… À Québec(!). La première expérience de mon épouse dans une grande ville a été Montréal où elle a réalisé un doctorat scientifique à McGill. Notre fils connaît presque uniquement Toronto.

De Montréal, on cultive une perception de Toronto comme étant une ville plate. C’est un cliché, jusqu’à ce qu’on se rende compte que c’est complètement autre chose. C’est une ville faite de gens très ambitieux. Si on nourrit cette ambition, Toronto va la faire sortir de nous, tandis que l’ambiance est plus casanière, plus bohème à Montréal. J’allie ces deux profils, mais sur le plan du développement professionnel, Toronto me stimule plus.

Selon vous, quelles sont les différences majeures entre Montréal et Toronto dans votre domaine en particulier?

À Montréal, l’industrie des guitares électriques est très talentueuse et beaucoup d’artisans s’y sont installés, mais tous les sièges sociaux du domaine de la musique sont à Toronto. En matière de taille du marché ou de l’industrie, l’une ou l’autre ville ne comporte pas d’avantage significatif.

Franco ou non, Toronto détient tout ce dont un entrepreneur a besoin. Le fait d’être francophone ne peut pas vraiment nuire, car cette deuxième langue est convoitée et représente une richesse et la ville compte de plus en plus de francophiles à Toronto. C’est un endroit qui recèle énormément de services et des ressources où l’on peut grandir.

Quels sont vos plus grands défis en tant qu’entrepreneur Québécois à Toronto?

Sans vouloir verser dans la controverse, Toronto est un autre pays. Je ne dirais pas que ça a été difficile, mais c’est une autre culture avec des quartiers très multiculturels. Quand on déménage à Toronto, on s’attend à se faire narguer, alors que la plupart du temps, les gens ne se rendent même pas compte que je suis Québécois. Le centre-ville de Toronto est un gros melting pot, et je trouve ça très stimulant de fréquenter autant de gens de partout dans le monde qui racontent tous un éventail d’histoires sur l’intégration.

Aussi, j’ai donné mon nom à mon entreprise, donc je me positionne nécessairement comme quelqu’un qui n’est pas d’ici, mais c’est possible de tourner cette différence en richesse. J’ai commencé il y a à peine un an et demi dans le domaine, et je concurrence avec des gens qui oeuvrent depuis des décennies, mais le nom ne m’a jamais empêché de faire des ventes.

Quels sont vos plans pour la suite?

Tout se passe très rapidement présentement, depuis ma nomination au prix de Jeune entrepreneur de RelèveTO.  Je sentais que j’avais le devoir de poser ma candidature, pour les entrepreneurs francophones à Toronto. Le passage de CBC/Radio-Canada à l’atelier m’a propulsé à la croisée des chemins. Je suis de plus en plus débordé, donc je cherche actuellement un espace commercial. Je vais bientôt lancer une nouvelle gamme de produits, incluant des pédales branchées entre la guitare et l’ampli, et je vais participer à plusieurs salons de la guitare.

J’ai une vision un peu mégalomane de me bâtir une offre aussi grande que Fender avec des instruments et des amplificateurs, mais je prends ça étape par étape pour l’instant. Comme je n’ai pas beaucoup de formation en affaires, je suis peut-être un peu frileux, donc j’y vais de manière graduelle.

Rainville Audio

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