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Josée Ladouceur: Pilier du monde brassicole québécois

Josée Ladouceur: Pilier du monde brassicole québécois

Pour Josée Ladouceur, surnommée la «maman de la bière», le malt et le houblon sont une affaire de famille. Elle mène avec passion Moût International, l’entreprise fondée par son père il y a plus de 30 ans, qui distribue les matières premières et les accessoires nécessaires aux fabricants de la fameuse boisson. Rencontre.

Les Bâtisseurs x Baron en collaboration avec le festival Bières et Saveurs de Chambly | #bièresetsaveurs

«J’aime l’univers rassembleur des microbrasseries, car derrière chaque bière, il y a une petite histoire, lance Josée Ladouceur. Il est peuplé de gens chaleureux et passionnés, d’artistes.»

Un monde qui dépend actuellement beaucoup de son savoir-faire et de celui de son entreprise qui compte autour de 195 microbrasseries et pubs québécois parmi ses clients, en plus de quelques-uns en Ontario et au Nouveau-Brunswick. Le chiffre d’affaires de Moût International augmente d’ailleurs d’un million de dollars chaque année, depuis six ans.

Depuis quelques mois, l’équipe a même ouvert une épicerie fine, C’est un Must, située à l’angle des rues de Marseille et Monsabré, dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. C’est la fille de Mme Ladouceur, Alexandra, qui gère la boutique.

Le service avant tout

Cette réussite s’est construite avec passion et patience, et n’est certainement pas due au hasard, mais plutôt à la proximité avec le client entretenue par Josée Ladouceur. «Le contact humain est primordial, affirme celle qui, encore aujourd’hui, répond au téléphone pour prendre les commandes. Il n’y a pas de secret, il faut simplement être à l’écoute.»

Son objectif est le même depuis 28 ans, celui d’amalgamer toutes les matières premières dans un seul endroit. «Quand un brasseur m’appelle pour obtenir un malt, je vais tout faire pour lui trouver, explique-t-elle. Il ne faut pas que ce soit compliqué, ils se cassent déjà assez la tête pour fabriquer leur bière.»

Josée Ladouceur et son équipe se tiennent donc toujours prêts pour être capables de livrer dans des temps limités l’orge, le houblon, le malt, les levures et même la quincaillerie depuis leur entrepôt, à Anjou, jusqu’aux magasins spécialisés, pubs et autres microbrasseries. «Dans une petite semaine, on fait 90 à 100 commandes», souligne la «mama de la bière».

C’est d’ailleurs cette considération sans limites pour ses clients qui lui a valu ce surnom. «J’ai tendance à les materner un peu, avoue-t-elle en souriant. Je n’hésite pas à les appeler plusieurs fois pour leur demander s’ils ont bien pensé à telle ou telle chose dans leur commande.»

Une référence pour l’industrie

Aux côtés de son père, Mme Ladouceur a en effet acquis une expertise de terrain recherchée dans le milieu brassicole. Ayant commencé aux comptes, puis aux ventes, en passant par dix ans de travail d’entrepôt, peu d’aspects du métier lui sont inconnus. «Il y a trois ans, une dame de la Banque de développement du Canada m’a dit: “s’il t’arrive quelque chose demain, qu’adviendra-t-il du monde brassicole?”», raconte celle qui n’a pris que 4 jours de vacances l’an passé.

Un processus de transfert de ses connaissances et de délégation des tâches a donc été mis sur pieds depuis, afin que tout ne repose plus uniquement sur ses épaules. Cela ne l’a toutefois pas empêchée de passer les dernières semaines à soulever des sacs de 25 kg dans son entrepôt, pour remplacer des employés absents.

Cette passion inconditionnelle s’est aussi transmise au reste de la famille, alors que Mme Ladouceur travaille de concert avec son frère, sa fille, son conjoint, sa cousine et sa nièce. «C’est important d’être bien entouré pour avoir du plaisir dans ce que l’on fait», estime-t-elle.

Aujourd’hui, elle est surtout fière d’avoir réussi à garder des standards de service élevé avec les années. «Je ne suis pas prête à tasser un client pour en prendre un nouveau au détriment de la qualité du service, je n’ai pas l’ambition de servir tout le monde.»

La Montréalaise continue de travailler avec «les plus petits », pour le plaisir de les voir grandir. Ceux qui brassent de la bière dans leur garage sont pour elle tout aussi importants que les autres. «C’est comme un enfant, on l’accompagne jusqu’à ce qu’il puisse voler de ses propres ailes, illustre-t-elle. Mais souvent, ils reviennent faire affaire avec nous!»

Évolution

Depuis ses débuts, la «maman de la bière» a ainsi pu observer la multiplication des microbrasseries partout à travers le Québec. «C’est un domaine en pleine ébullition», témoigne-t-elle.

Mme Ladouceur admet avoir quelques craintes, parfois, quant à sa mainmise sur le marché. «J’ai des crises existentielles quand j’entends que les représentants d’autres fournisseurs sont passés dans nos microbrasseries, dit-elle. Mais à la fin de la journée, je ne baisse pas les bras, car s’ils peuvent proposer de meilleurs prix, ils ne peuvent pas offrir la même qualité de service.»

Nombre de ses clients sont prêts à payer plus cher certaines de leurs matières premières pour rester chez Moût International. Pour compléter le cercle vertueux, l’entreprise commandite des événements tels que La Grande brasse du Festival Bières et Saveurs de Chambly, le Festival des bières de Laval et la Soirée des Brasseurs, à Shawinigan. «C’est important pour nous d’aider la cause, ça va de soi», conclut Josée Ladouceur.

Elle soutient également plusieurs associations de brasseurs et collabore sur des projets originaux, comme le jeu de société Divago conçu par l’entreprise Primate à Bord qui promeut l’industrie brassicole locale.

Moût International

L’histoire de Moût International débute dans les années 1980, lorsque Jean-Pierre Ladouceur décide de créer une petite entreprise de distribution de vins et bières, installée sur le Plateau Mont-Royal.

Sa fille, Josée Ladouceur, quitte ses fonctions à la Ville de Montréal pour se joindre à l’aventure à l’âge de 24 ans, juste après avoir eu son premier enfant. «Quelques mois plus tard, on manquait déjà de place dans la boutique, raconte Mme Ladouceur. Nous avons donc investi dans un entrepôt de 23 500 pieds carrés, à Anjou en décembre 1991.»

Au fil des années, de plus en plus de microbrasseurs et de brasseurs amateurs se sont dirigés vers la famille Ladouceur. «On avait beaucoup de demandes de petits joueurs qui n’avaient pas de grands moyens, les gros distributeurs n’étant pas intéressés à les aider, soutient-elle. Je me suis dit qu’il y avait vraiment quelque chose à faire.»

C’est ainsi que Moût International a pris un tournant dans son offre de service pour se consacrer principalement à la bière. Un virage qui l’a placée parmi les compagnies pionnières de la distribution au Québec, contribuant largement à bâtir l’industrie brassicole locale.

Moût International

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