Des solutions zéro déchet confectionnées par des artistes québécois pour des lunchs au goût du jour, c’est ce que propose Demain Demain. Sa fondatrice se consacre aujourd’hui à temps plein à sa production 100% locale, des matières premières à la confection en passant par la gestion. Rencontre.
Passionnée de couture et détentrice d’une formation en arts plastiques, Anne Chabot a d’abord commencé à fabriquer des affaires pour bébés sous le nom de Panda Roux, lors de son congé maternité en 2014. Si elle considère avoir une conscience environnementale très développée, l’enseignante au secondaire en éthique pense que c’est auprès de ses élèves que son intérêt s’est renforcé.
«J’ai découvert certains textiles qui permettaient de faire des choses comme des sacs à collation et des produits imperméables. C’est à partir de ce moment que la vocation environnementale a été choisie pour la direction de l’entreprise. J’en suis arrivée à un constat assez rapidement, celui d’avoir l’incapacité de trouver des tissus à mon goût et qui soient produits localement», se souvient l’entrepreneure.
Elle décide donc de relever le défi et d’imprimer ses propres textiles à Montréal. «C’est une recherche qui a été assez laborieuse parce que le monde du tissu est assez fermé et très masculin, insiste-t-elle. Pour une femme, quand tu te présentes dans ce genre de business, il y a une espèce d’appréhension. On est peut-être moins prises au sérieux. Je me suis cogné le nez à plusieurs portes avec des quantités de fous qui étaient demandées. C’est vraiment en persévérant que j’ai fini par trouver un partenaire d’affaires.»
En 2017, Mme Chabot s’associe avec un graphiste qui réalise le design des tissus pour l’entreprise. Ce virage l’incite à changer de nom puisqu’elle propose désormais un nouveau type de produits et elle opte pour l’appellation Demain Demain. Elle gagne en visibilité et décide de se consacrer à temps plein à son projet.
«Il faut que l’entourage te soutienne parce que ce n’est pas toujours facile et tu peux passer plusieurs mois sans avoir de réel salaire, prévient la mère de famille. Tout finit par tourner autour de ça. Pendant longtemps l’entreprise était chez moi, partout dans la maison il y avait du tissu, je travaillais les soirs et les fins de semaine.»
Des artistes et des tissus
Elle rachète ensuite les parts de son associé et collabore avec six artistes québécois, dont Myriam Van Neste et Joannie Houle, afin de créer les collections. «Tout le processus créatif, souvent, n’est pas exploité à son maximum parce que les illustrateurs doivent rendre des contrats, qui sont dans le fond une commande qu’ils ont à remplir. Alors que quand ils travaillent avec Demain Demain, on leur donne la liberté de produire une collection qui leur ressemble», souligne Anne Chabot qui confie dessiner également quelques motifs.
Elle ajoute que la rémunération est aussi un point essentiel. «Dans une optique de développement durable, il y a le fait d’être capable de payer ces gens à la hauteur du travail qui est effectué et que tout le monde soit gagnant à travers l’entreprise. On est dans une optique d’équipe, si on peut dire, où il n’y a pas de différences salariales très grandes entre les professionnels.»
Les produits de la compagnie sont entièrement réalisés au Québec, une future boutique sera basée à Saint-Eustache et Demain Demain compte 50 points de vente à travers la province.
Le textile utilisé se veut bon pour l’environnement puisqu’il est créé à partir de bouteilles d’eau recyclées. «[Celui] que je choisis peut avoir une très longue durée de vie et est très résistant, indique la fondatrice. Au départ, ce n’est pas un tissu facile à coudre, mais quand on connaît la façon de le travailler, il est très intéressant. On peut l’imprimer par sublimation, donc je n’ai pas de limite de couleurs et il est plus responsable.»
Toutefois, l’un des enjeux rencontrés par l’entrepreneure a été de trouver des entreprises qui produisent du textile avec le motif voulu dans des quantités accessibles à une compagnie en démarrage.
S’agrandir petit à petit
Demain Demain propose présentement des sacs à collation, des pochettes réutilisables et des napperons. «Je pense que quand on est en démarrage d’entreprise, on a souvent intérêt à se concentrer sur un, deux ou trois produits dans lesquels on a une certaine expertise pour bien se positionner sur le marché. Je suis une personne qui a besoin d’être en confiance avec les produits que j’offre, je n’ai pas de doute par rapport à la qualité de ce qui est produit chez Demain Demain, ce qui m’amène après ça à être capable de lancer d’autres produits», estime Mme Chabot.
Cette dernière a d’ailleurs plusieurs idées d’accessoires pour la maison, en textiles et durables, qui sont en développement et qui devraient lui permettre d’étendre son offre dans la prochaine année.
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D’ici là, l’ouverture de sa boutique est prévue ce mois de mai où se retrouveront ses produits écologiques et ceux d’autres entreprises québécoises en lien avec la boîte à lunch et la décoration.
«Le contact avec les gens est pour moi super important, autant ceux avec qui je travaille au quotidien, que la clientèle qui nous envoie des messages, assure l’entrepreneure. On a des groupes conseils sur Internet qu’on sonde pour avoir leur opinion. Pour moi, c’est important de s’assurer qu’on ne va pas dans une direction qui ne serait pas celle que les gens désirent et qu’on ne passe pas à côté de quelque chose non plus.»
À terme, elle espère avoir un impact dans le quartier du Vieux-Saint-Eustache qu’elle juge très touristique et malgré tout assez pauvre. Mme Chabot imagine alors faire valoir l’aspect social de Demain Demain, par exemple en employant de la main-d’oeuvre ou en confectionnant une collection dont les profits seraient remis à un organisme local.
Elle compte ainsi mener une réflexion avec les acteurs locaux pour déterminer les besoins et la meilleure façon d’y répondre.