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Pascal Foisy: «L’art, c’est un bon copain»

Pascal Foisy: «L’art, c’est un bon copain»

Programme B

L’artiste visuel Pascal Foisy s’est vu remettre le Grand Prix du festival Mtl en Arts 2018 il y a quelques jours. Avec des œuvres hétéroclites qui balancent entre le réalisme et le ludisme, le peintre tente de garder un élément essentiel de sa démarche: le plaisir avant tout.

Quelle est ta relation avec l’art?

Je dessine et peinture pour le plaisir depuis toujours. La question de l’art, du langage et de la signification est venue après. Dès l’enfance, j’ai eu des difficultés de langage et des difficultés à socialiser, donc ça m’a beaucoup aidé à m’exprimer, à rencontrer du monde et à montrer ma vision de manière plus belle et intense que juste avec les mots.

Ça m’a permis d’aller mieux en général et de terminer des choses que je voulais arrêter comme le secondaire, le CÉGEP ou l’université. L’art c’est un bon copain et on s’entend bien. Des fois, je change d’idée, mais ça revient tout le temps à ça.

Où en est ta pratique?

Je viens de sortir de l’université, mais j’ai essayé beaucoup de choses auparavant. Mon travail est devenu un mélange de tout ce que j’apprécie en art. Souvent à l’université, on nous dit de choisir trois artistes et je n’en étais pas capable. J’avais des listes de mille artistes! C’est bizarre, le monde veut tout le temps que tu sortes de ta zone de confort, mais je n’ai pas de zone d’inconfort, alors je me suis dit que j’allais tout mettre, ça va être plus rapide. Depuis, ça me permet d’avoir beaucoup plus de fun.

Avant d’arriver à l’étape du travail en lui-même, quelles thématiques te parlent?

Ça a tout le temps été les relations entre personnages. Des relations un peu plus complexes que «Salut, bonjour». Je dirais qu’en ce moment, je suis plus dans le sujet de la famille, des relations entre des personnes, la diversité. Des histoires de relations qu’on peut avoir, des relations parents-enfants, entre les générations cassées, le désintérêt vers le passé, l’entraide, les relations en amour.

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Tu touches à plusieurs médiums: illustration, murale, peinture… Quelles possibilités t’offre chaque style?

C’est plus une question de feeling et d’envie sur le moment. Quand tu fais de la peinture, il y a certaines toiles, cela prend trois mois et t’es tout le temps avec toi-même, donc c’est un peu redondant. J’ai de grosses envies souvent de faire de l’abstrait et parfois, je trippe sur le côté très réaliste. Ça dépend vraiment de mon état. Il y a un temps où je n’étais pas capable de comprendre pourquoi, mais maintenant, c’est ça qui est ça. Quand tu es passionné, c’est dur de se contrôler. Si tu es capable, fais-les tous.

Quelle place accordes-tu au réalisme dans ton œuvre?

J’essaie de jouer avec les degrés maintenant que je sais que j’ai le goût de tout faire. Les personnages que je crois être importants, qui doivent être mis de l’avant, je les fais réalistes. C’est aussi un plaisir qui reste assez courant chez moi, je trouve qu’il y a une dynamique cool avec ça. Le monde connecte tout de suite. Tu peux faire n’importe quoi de complètement absurde, mais tu mets un événement réaliste afin que le monde se sente interpellé rapidement. C’est comme une sorte de repère pour l’observateur et aussi un challenge.

Que représente pour toi l’expérience Mlt en Arts?

Ça a pris beaucoup de temps pour que j’expose, je suis assez introverti là-dessus. Cédric Taillon est celui qui m’a poussé à participer la première fois. J’ai aimé ça, j’ai fait beaucoup de ventes et j’étais content. C’était une première expérience et c’est vraiment une ambiance que tu ne peux pas retrouver ailleurs. Il y avait beaucoup de public et j’aime les rencontres assez random. D’être dehors, le fait de rencontrer d’autres artistes, d’avoir un contact direct où les gens ne peuvent pas vraiment être indifférents. Et là, je me suis réinscrit et j’ai gagné, donc c’est sûr que ça représente beaucoup plus!

Quelles sont tes craintes par rapport au métier d’artiste?

Ah, je pense qu’il n’y a que des craintes! De plus, je ne connais pas beaucoup le milieu. J’ai fait beaucoup d’observation, mais à la manière de quelqu’un un peu à l’extérieur qui va faire ses affaires et qui ne connaît pas beaucoup de monde. Je trouvais certaines manières de faire assez étranges. Moi, j’aime beaucoup le côté ludique du dessin et de la peinture. Être seul avec soi-même, inventer. Dessiner, c’est une porte immense sur un monde infini et je trouve ça trippant. Mais on dirait que le monde des arts me fait peur, car j’ai peur d’être restreint parfois. C’est comme un monde qui a l’air sérieux, qui a l’air dans le paraître aussi, alors c’est un peu épeurant parce que j’essaie d’être le plus franc avec moi-même et avec la personnalité que j’ai. J’ai le goût de faire mon chemin à mon rythme.

Qu’est-ce que tu envisages pour l’avenir?

Mon plan est de faire davantage d’illustrations, des dessins de bande dessinée et de me pratiquer au dessin animé, mais là je vais recommencer à penser à des toiles, à en faire plus. Peut-être retourner au dessin et aux matériaux plus bruts, parce que l’huile ou l’acrylique, ça peut être difficile, mais j’aimerais recommencer l’aquarelle et le dessin. Sinon, je vais faire des projets d’illustrations.

Comment vois-tu le côté de l’autogestion de l’artiste?

On n’a pas le choix, mais ce n’est pas pour ça que je suis là-dedans. J’ai appris avec le temps qu’il fallait le travailler et le développer. Pendant longtemps, je n’avais juste rien à faire et je n’ai rien fait pour me faire connaître. Mais aujourd’hui, je suis plus ouvert. C’est tout nouveau. Par le passé, je ne me présentais pas à certaines de mes expos. Je suis un peu comme ça, un peu sauvage, mais j’aime ça le côté soit solitaire, soit en milieu ludique.

Pascal Foisy

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