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Dans l’atelier de CY: Géométrie contrastée

Dans l’atelier de CY: Géométrie contrastée

Si la peinture a toujours fait partie de la vie de la jeune femme, le contact avec l’art muraliste est venu d’abord par le côtoiement d’artistes graffeurs. Puis, il y a eu le Mexique, terre de liberté pour ce mouvement artistique qui a éclos à la suite de la Révolution mexicaine de 1910. «Le monde de la murale est super démocratisé là-bas, déclare Cyrielle. La majorité des artistes en font parce que c’est vraiment accessible.» 

Et le Québec n’est certainement pas le Mexique en termes de lois régissant les édifices. «C’est facile d’y trouver un mur, il n’y a pas vraiment de législation, tu n’es pas obligée de demander un permis à la ville, explique Cyrielle. C’est un peu plus freestyle

Ce voyage a été déterminant dans le parcours artistique de la peintre car l’accessibilité à un élément essentiel du travail devenait tout d’un coup possible. Sans mur, il ne peut y avoir de murale. «Ça m’a permis de beaucoup pratiquer mon art, parce qu’à Québec [où vit l’artiste], les règles municipales sont très strictes. Il y a toute une zone qui est patrimoine de l’UNESCO. Ça prend du temps pour avoir un permis. C’est de la bureaucratie à n’en plus finir. Ça décourage beaucoup les artistes. Même un propriétaire qui voudrait avoir une murale, il faut qu’il fasse mille démarches. Ça ne facilite pas la propagation de cette forme d’art.»

Grande exploratrice de formats

Les réalisations de Cyrielle Tremblay se déclinent aussi en petits formats, à travers des tableaux, même si elle demeure adepte des fresques géantes. Il y a quelque chose d’emblématique à créer sur un bâtiment plus grand que soi; des possibilités de jeux et d’explorations formels. «Ce format te permet de faire un jeu d’échelle et c’est que je préfère le plus, précise-t-elle. Mon travail est beaucoup dans la composition, une espèce d’équilibre et un jeu de couleurs en harmonie.»

Dans les œuvres de Tremblay s’illustre un contraste d’histoires et de figures qui laissent libre cours à l’imagination. Ce plaisir de jouer avec la configuration des objets et des êtres apporte une touche d’innocence et d’humour. L’exploration continue jusqu’au contenu. «J’aime faire se rencontrer l’abstrait et le figuratif», confie-t-elle. Elle part du réalisme, s’inspirant de la ville et de ses quartiers familiers pour arriver à un résultat suggestif.

Mais l’interprétation, la jeune femme avoue laisser cela aux autres. «J’aime ça les compositions intrigantes, mais je ne suis pas encore capable de dire ce que ça sous-entend. Je me dis qu’un jour, je serai capable de parler de ça, peut-être quand j’aurai 50 ans, dit-elle. C’est dur de tenir un discours sur son travail tout en étant en train de le faire.»

Vivre de son art

«Au Québec, non, impossible, répond l’artiste. Je vis partiellement de la murale, mais c’est très difficile.» À cause entre autres de l’accessibilité et des règles municipales qui sont un frein à la production artistique, contrairement au Mexique où l’artiste avait l’impression que tout était possible.

Comment donc arriver à produire et à partager son travail? Cyrielle Tremblay avoue ne pas être la meilleure pour l’autopromotion. «Je suis très mauvaise dans le fait de me vendre, comme la plupart des artistes probablement. Il y a toujours cette petite impression d’être prétentieux, c’est sûrement mon problème à moi, raconte-t-elle. Tout ce que je fais, c’est publier sur Instagram et je suis souvent surprise lorsque les gens me contactent.»

Cela n’empêche pas qu’elle soit une artiste entrepreneure. Cela relève plus de la gestion individuelle que du marketing selon elle. Avec le travail autonome viennent la solitude, l’incertitude et les périodes creuses, toutes des choses avec lesquelles l’artiste doit composer et créer.

Pourtant, rien ne vaut la liberté d’action qui vient avec ce mode de vie. «Je trouve ça extrêmement précieux et tous les jours, je l’apprécie. Je me rends compte à quel point j’ai de la chance malgré le fait que je ne sois pas millionnaire!»

CY – Cyrielle Tremblay

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