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SLĀV: le nouveau spectacle de Robert Lepage et Betty Bonifassi en première au Festival de Jazz de Montréal

SLĀV: le nouveau spectacle de Robert Lepage et Betty Bonifassi en première au Festival de Jazz de Montréal

Programme B 

«Mon idée, c’était de mettre en avant la résilience par l’art vocal, en passant par les chants d’esclaves et leur histoire, débute Betty Bonifassi. Robert [Lepage] a eu un coup de foudre comme moi pour ces chants-là. Pendant cinq ans, on s’est vu assez régulièrement pour discuter d’une éventuelle mise en scène des deux albums.» Ceux-ci, Betty Bonifassi et Lomax, dont le titre reprend le nom de l’ethnomusicologue Alan Lomax, ont pour coeur des chants d’esclaves afro-américains du siècle dernier.

Pour la chanteuse et musicienne, il s’agit de la consécration d’un amour qu’elle porte depuis longtemps à ces pièces. C’est en 1998, en faisant de la recherche pour la pièce Des souris et des hommes de John Steinbeck, qu’elle tombe sur «un enregistrement de Lomax, avec ces chants d’hommes purs – sans rien dedans, pas de musique rien, juste eux. J’ai vraiment été troublée» explique-t-elle. 

Si SLĀV devait au départ être strictement une mise en scène de la musique de Mme Bonifassi, le projet a évolué et se situe plutôt à la rencontre du théâtre et de la musique. 

Sur scène, ce ne sont que des femmes qui prennent place: la chanteuse qui porte le projet, qui signe également la trame musicale. Elle est accompagnée d’un choeur de six comédiennes, aussi chanteuses pour l’occasion – dont 4 des Marjo’s qui apparaissent sur l’album Lomax.

Difficile pour Betty Bonifassi de nous révéler la forme que prendra le spectacle. «C’est un objet qui part de la musique, c’est-à-dire qui part de toute la fragilité, la douleur, de la dignité, la résilience que j’ai entendues dans ces chants-là. Le show part de ça.» Au travers d’une panoplie de chants, qu’ils soient a capella, ou accompagnés de musique acoustique et live, la chanteuse souhaite continuer «à parler de ce dont je sais le mieux parler: la musique, mais au travers d’une histoire incroyablement fantastique et dure à entendre. À mon avis, d’entendre ces histoires-là, ça nous rassemble plus que de ne pas les entendre

Prestation de Betty Bonifassi au Festival de Jazz en 2017

Rassembler, c’est ce que souhaite faire la Montréalaise avec SLĀV, malgré des voix dénonçant la tenue du spectacle depuis son annonce en novembre dernier. La critique qui lui est adressée en est une d’appropriation culturelle: est-ce légitime de porter sur scène des chants d’oppression du peuple afro-américain par les blancs lorsqu’ils sont chantés et mis en scène par des blancs?

«Je ne sais pas quoi répondre à ça, à part que mon coeur est entier et que ça fait très longtemps que j’ai envie de faire ça de manière digne et noble par la musique», déclare-t-elle. J’arrive de la musique, et on ne parle pas d’appropriation culturelle en musique. Ça fait cinq ans que j’ai fait deux albums sur les chants d’esclaves, et j’ai donné 50% de mes droits d’auteur et de composition au domaine public.»

«J’avais envie de dire dans le spectacle que moi, une petite fille de l’Europe, mes mentors de vie sont de couleur noire. Et pour ça, je ne demande la permission à personne. Mon immersion au théâtre avec cette idée, j’ai mis ça dans les mains d’un grand monsieur qui s’appelle Robert Lepage, et qui à mon sens a la plus grande délicatesse qui soit pour prendre ça au sérieux et faire en sorte qu’on heurte le minimum de gens.»

Le blitz de création final

Malgré tout le travail qu’il reste à abattre, la confiance règne au sein de l’équipe. «Ça va être un accouchement, ce show, après tant d’années à se dire va-t-il exister ou pas!» Car si travailler avec Robert Lepage est une chance, il faut savoir partager le metteur en scène et composer avec les multiples projets qui peuplent son horaire plus qu’occupé.

Alors que les cinq premières dates annoncées au TNM sont déjà complètes, 11 supplémentaires ont été ajoutées et quelques dates ailleurs au Québec annoncées pour 2019. «Si on fait bien ça, qu’on place tout comme il se doit et que tout devient cohérent, j’aimerais beaucoup qu’on sorte aussi du pays» afin de faire voyager le spectacle, conclut Betty Bonifassi.

SLAV

Par Robert Lepage et Betty Bonifassi, une production d’Ex Machina.

Du 26 au 30 juin – complet et en supplémentaire du 2 au 14 juillet 2018 dans le cadre du 39e Festival International de Jazz de Montréal.

Pour vous procurez des billets, c’est par ici

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