Nous avons lancé l’invitation à plusieurs artisans issus de domaines distincts afin qu’ils nous parlent de leur réalité. On avait envie de leur donner la parole concernant les enjeux d’une consommation locale réfléchie, qui peine encore malheureusement à concurrencer les multinationales.
Marie-Maude Brunet, fondatrice de Marmod8, une ligne de bijoux qu’elle confectionne elle-même, s’est confiée à nous en pleine préparation de Noël. Pour la joaillière, artisanat rime surtout avec amour du métier et partage. Que ce soit avec les clients, les autres entrepreneurs et même la famille. Avec bienveillance, elle nous rappelle aussi que prendre du temps pour soi est essentiel sinon vital lorsqu’on oeuvre en artisanat.
Comment prépares-tu l’arrivée des fêtes pour la conception de tes bijoux?
Comme le temps de fêtes est la période la plus occupée pour moi, je dois effectivement m’assurer que toutes les boutiques dans lesquelles je vends mes bijoux sont fournies et que j’ai un inventaire relativement plein avant les marchés de Noël. Normalement, je commence ma production vers septembre, histoire de ne pas être trop dernière minute. Honnêtement, ça tombe bien, parce que c’est le mois de l’année où il recommence à faire froid et où il y a moins de lumière, donc que j’ai envie de passer à l’intérieur. Fini l’été, je me remets sérieusement au travail!
Est-ce que Noël est ta plus grosse période d’achalandage et de revenus?
Oui vraiment! Je dois même faire attention à ne pas trop me rusher parce qu’il m’est arrivé que cette période devienne un calvaire et ça me causait beaucoup de stress inutile. Cette année, je vais seulement participer à un événement et mon inventaire sera restreint. J’essaie de trouver le moyen de rester zen en me disant qu’au final, l’important ce n’est pas juste l’argent. Je dois me souvenir des raisons pour lesquelles je fais ce travail et c’est parce que j’aime ça!
Crées-tu une ligne de bijoux spécialement pour le temps des fêtes?
Avant j’essayais de sortir une nouvelle collection pour le temps des fêtes, mais c’était encore une fois un stress inutile. Maintenant, je m’assure d’avoir quelques nouveaux modèles seulement.
Participes-tu à différents marchés de Noël pour vendre tes produits?
Je serais aux Puces Pop. Pour moi c’est le marché qui fonctionne le mieux et qui est le plus agréable. J’y retrouve des amis artisans et j’en découvre d’autres, c’est vraiment un concept qui possède une belle ambiance et qui n’est pas du tout prétentieux. C’est aussi une tradition pour ma mère et moi de passer du temps ensemble lors de cet événement; sa présence est devenue au fil du temps une marque de commerce et tout le monde la reconnaît!
Depuis quelques temps j’ai l’impression que les gens s’intéressent et consomment davantage de produits conçus par des artisans et artistes du Québec. Toi aussi?
Oui je pense qu’effectivement les gens sont de plus en plus conscientisés et qu’ils consomment de plus en plus localement. Je crois qu’on se rend compte de l’importance du geste et de ses conséquences sur la communauté. Au final, ça leur rapporte aussi en tant que consommateur. Beaucoup de gens aiment rencontrer l’artiste ou artisan derrière les produits. En fait, c’est un peu notre devoir d’informer le client sur ce qu’il achète pour qu’il comprenne pourquoi il va dépenser quelques dollars supplémentaires.
À combien de marchés d’artisans participes-tu au cours de l’année? Ils se multiplient de plus en plus, période de fête ou pas…
J’essaie de participer aux plus gros (Puces Pop, Souk@Sat, Marché Etsy) mais j’oublie souvent de m’inscrire et parfois je suis refusée, alors ça dépend! Mais j’aime aussi participer à de plus petits événements où les ventes sont moins impressionnantes, mais l’expérience et les rencontres sont exceptionnelles, comme les ventes collectives d’Atelier B.
Est-ce que tu réalises beaucoup plus de ventes grâce à ta boutique sur Etsy?
Ma boutique Etsy me permet effectivement de faire plus de ventes. Ce n’est pas mon revenu principal, mais je dirais que ça fait une belle différence dans mon salaire annuel. De plus, j’aime savoir que mes bijoux voyagent et qu’ils sont portés un peu partout à travers le monde.
Dans ton domaine, la joaillerie, est-ce que les gens ont tendance à acheter local ou plutôt à se tourner vers des grosses compagnies?
Je crois malheureusement qu’en majorité les gens préfèrent acheter cinq bijoux chez H&M pour 80$, qu’un seul bijou à 80$ fait ici et en argent. Mais je suis loin d’émettre un jugement! Moi-même je ne peux pas me permettre de tout acheter local. L’important, selon moi, c’est de le faire le plus souvent possible quand on en a les moyens.
Selon toi, pourquoi faut-il se tourner vers l’achat local?
En gros, disons que ça revient au slogan «Acheter c’est voter». Quand on investit dans un bien ou un service local, on investit dans la communauté et on encourage les artisans à continuer leur travail. Évidemment, il y a aussi plusieurs avantages reliés à l’environnement (moins de transport impliqué) ainsi que des répercussions sociales et économiques importantes, mais ce sujet va au-delà de mes connaissances qui sont limitées à mon expérience personnelle.
