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Jean-François Gibson, Dépanneur Chez Gibb

Jean-François Gibson, Dépanneur Chez Gibb

Depuis combien de temps votre dépanneur existe-t-il? 

31 ans, nous avons ouvert le 1er janvier 1986.

Avez-vous toujours vendu des bières de microbrasseries? Quand vous êtes-vous spécialisé et pourquoi? 

Nous nous sommes spécialisés en vente de bières de microbrasseries à la fin de l’année 2004. Je (Jean-François Gibson) résidais à Montréal sur le même coin de rue que le dépanneur Péluso, les bières de micro commençaient à m’intéresser et j’en emportais à mes parents (propriétaires de Chez Gibb jusqu’en 2014) pendant mes visites en Abitibi pour faire des petites dégustations en famille. Mon père a flairé la bonne affaire et a sauté sur l’occasion pour se démarquer dans un créneau qui n’était pas encore exploité en Abitibi à cette époque.

Sentez-vous une plus grande ouverture aux bières des microbrasseries ces dernières années? Comment se traduit-elle? 

C’est complètement fou! Je dirais que depuis les 5 dernières années (depuis 2012), les clients de l’Abitibi sont de plus en plus curieux, intéressés et épicuriens, on le remarque aussi par l’offre de restaurants et de boutiques de toutes sortes qui ouvrent dans la région. La bière de microbrasserie suit un mouvement social de consommer local, artisanal et biologique.

Quel type de client revient le plus souvent? 

Nous avons encore un gros pourcentage de nouveaux clients. Même si nous en avons de plus en plus, notre clientèle de «beer geek» ne représente pas plus que 20%.

Combien de variétés différentes avez-vous en stock? 

Il y a environ 4 ou 5 ans, le but d’un dépanneur spécialisé était d’avoir tout ce qui était disponible sur le marché. Maintenant ça a beaucoup changé: le but est davantage d’avoir de la qualité, de la fraicheur et de bien conseiller les clients, en particulier par rapport aux accords bières et bouffe. Les clients demandent aussi d’avoir les produits au froid. Pour nous en région éloignée, le gros du problème a toujours été la livraison. Avant c’était d’une certaine façon plus simple, nous n’avions qu’à faire deux commandes par année avec toutes les compagnies, notre back store était loadé en fou, mais nous pouvions nous venter d’avoir pratiquement tout ce qui était disponible sur le marché. Nous avons encore un peu de difficulté à casser cette vilaine habitude, mais notre volume de vente a beaucoup augmenté, donc les commandes sont au mois et les produits sont plus frais. Pour votre information, nous avons un peu plus de 700 sortes de bières sur notre plancher.

Quels sont les défis particuliers à relever? 

Le plus grand défi, selon notre réalité, est d’être à jour sur les nouveautés et les éditions spéciales: je suis constamment en mission de charme avec les brasseurs, représentants et vendeurs pour ne pas qu’ils m’oublient à chaque lancement de produits particuliers. Mon but est que dans la tête des amateurs de microbrasseries, et surtout chez les fabricants, que le nom Chez Gibb soit sur la même ligne que les grands dépanneurs et boutiques spécialisées à travers le Québec, malgré la distance qui nous sépare des grands centres.

Est-ce que vous souhaiteriez que les dépanneurs traditionnels incluent davantage de microbrasseries parmi leur sélection, ou vous préféreriez une distinction marquée entre les dépanneurs spécialisés et les dépanneurs généralistes? 

C’est une très bonne question. Au début de mon retour en région (2012), à chaque fois que j’entendais parler qu’un dépanneur ou une épicerie de la région commençait à vendre de la bière de micro, je ne dormais plus, j’étais persuadé que nous allons perdre notre créneau. Pourtant, de mois en mois je voyais mon chiffre d’affaires augmenter. Je pense que jusqu’à un certain point, le fait qu’on retrouve des produits de micro un peu partout peut être bon pour un dépanneur comme le nôtre. Parce que si un client a apprécié un produit, il va vouloir venir dans notre commerce pour en essayer d’autres, et c’est là que nous devons être fort et bien outillé pour pouvoir garder ce client dans cet univers passionnant.

Comment entrevoyez-vous le marché des microbrasseries dans les prochaines années? Croissance, stabilité, ou décroissance? 

Au moment où j’écris ces lignes, Molson vient de mettre la main sur TDD [Trou du Diable], l’une des microbrasseries les plus appréciées du Québec… L’avenir peut être inquiétant sur plusieurs points, mais il faut dire qu’à court terme, ça risque d’être bon pour développer une nouvelle clientèle.

Je pense que la croissance va continuer d’augmenter et que les jeunes qui commencent à consommer de l’alcool (de la bière) seront plus portés à consommer des bières raffinées que simplement des produits bon marché. Je ne crois pas que l’engouement pour les bières de micro est un feu de paille: le domaine a le vent dans les voiles, plus populaire que jamais et il reste encore beaucoup de parts de marché à aller chercher.

Quel est votre meilleur vendeur? 

Les produits de la région (Trèfle noir, Le Prospecteur et Belgh Brasse). Le côté artisanal et local est très fort dans l’univers de la microbrasserie et je pense que toutes les régions doivent privilégier les produits locaux.

Quels sont vos coups de cœur des derniers six mois? 

Je suis tout simplement tombé en amour avec la Saison Bretton de Hopéra: si vous la voyez sur les tablettes, sautez dessus. J’aime aussi beaucoup la nouvelle vague des NEIPA. Mais il faut dire que je ne suis pas le plus objectif… il serait plus facile pour moi de dire les styles que je n’aime pas plutôt que ceux que j’apprécie. Je suis un très grand consommateur de bières de microbrasseries québécoises.

chezgibb.com | facebook.com/ChezGibb  | facebook.com/chezgibbcentreville

Chez Gibb | 25, rue d’Évain, Rouyn-Noranda | Tél. : 819-768-2954

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Les Brettencieux | épisode #0 // Podcast collaborative sur la bière

Pour notre premier épisode, enregistré en direct du Peluso Beaubien, on rencontre Frank Privé et Dominic Gingras, propriétaires de L’Espace public, et on goûte au nouveau produit la Kolshlaga. On discute avec les invités au sujet de la nouvelle mode entourant le vieillissement de la bière et le type de bière idéale pour le réaliser. On aborde également les enjeux entourant le rachat de petites entreprises par les géants de l’industrie, notamment en discutant de l’affaire Trou du diable et Molson. On présente le livre Les paradis des bières Blanches de David Lévesque Gendron & Martin Thibault aux éditions Druide. On démystifie la bière de microbrasserie pour les amateurs néophytes avec quelques conseils. Finalement, une dégustation à l’aveugle réserve également de belles surprises. Écouter

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