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«Apprendre sur le tas» pour devenir gestionnaire de communauté

«Apprendre sur le tas» pour devenir gestionnaire de communauté

Si les personnes qui occupent le métier de gestionnaire de communauté proviennent de milieux très divers, elles ont toutefois un point en commun: elles ne se sont jamais levées un matin pour annoncer à leurs parents qu’elles allaient un beau jour «devenir astronaute… ou gérer une communauté»! Parce que le métier n’existait tout simplement pas il y a quelques années.

Généralement, les gestionnaires de communauté ont eu droit à un gros coup de pouce du hasard pour se retrouver dans cette position. Raphaël B. Leclerc, spécialiste en marketing de contenu et médias sociaux chez Corus Média, en est l’exemple parfait. « On peut dire que je travaille officiellement en médias sociaux depuis 2014, mais il s’agit d’un parcours très progressif issu d’un long pataugeage dans le domaine extrêmement large des communications.» Nadine Mathurin, gestionnaire de communauté chez Radio-Canada, a sensiblement le même parcours: «Par un concours de circonstances, j’ai commencé en 2008, il y a neuf ans. Les choses ont vraiment changé depuis!»

L’expression «apprendre sur le tas» prend vraiment ici tout son sens. «J’ai fait mes premières armes à la Fondation DHC/ART, où les médias sociaux sont arrivés tardivement, lance Myriam Daguzan Bernier, webmestre et gestionnaire de communauté pour La Fabrique culturelle. Il a fallu partir de zéro et tout créer. Ce fut un beau défi. J’ai ensuite appris énormément en gérant les réseaux sociaux pour mon blogue Ma mère était hipster. Mon premier «vrai» contrat payé a été pour l’émission LIRE à ICI ARTV, contrat que j’ai gardé jusqu’à tout récemment.»

Et les études, alors?

Baccalauréat en histoire de l’art, formation universitaire en communication, études en musique, création de blogues ou webzines par intérêt personnel… Aucune des personnes interviewées ne peut se targuer d’avoir un diplôme en gestion de communauté. Et ce n’est pas par mauvaise volonté, loin de là. «En 2008, aucun programme n’existait… Dans ce domaine, il faut savoir être autodidacte pour survivre!», indique Audrée Longtin, stratège en médias sociaux à Absolu. Catherine Cormier, fondatrice de Betti-réseaux sociaux & rédaction, l’a bien vite compris. «J’ai la chance d’être dans un domaine qui va vite, qui change beaucoup, qui évolue. La formation passe par les tests et les erreurs. Et comme je trippe sur ce que je fais, j’abuse côté livres, conférences et veille sur le sujet!»

Si les formations n’étaient clairement pas adéquates il y a quelques années, et pour des raisons très claires, qu’en est-il aujourd’hui? «Si je crois qu’elles sont assez nombreuses, oui. Qu’elles soient adaptées, je ne le sais plus. Je ne crois pas qu’il y a 5 ans, les écoles étaient prêtes à donner ce genre de formation. Le domaine a grandi si vite que même les travailleurs ne pouvaient expliquer clairement ce qui fonctionnait bien et ce qui échouait. Je crois que depuis les programmes universitaires se sont remis à jour, mais je pense quand même que ce sera toujours nécessaire d’avoir des chargés de cours qui travaillent en même temps dans le milieu pour être à l’affût et informer les étudiants des nouvelles tendances avant qu’ils puissent eux-mêmes l’expérimenter en milieu de travail», affirme Étienne Lessard, gestionnaire de communauté à ESI Marketing.

Severine Baron, consultante en réseaux sociaux pour Marie-Pierre Arthur, KNGFU, Rezolution Pictures et Ford Canada, va même jusqu’à douter de la pertinence d’une formation académique de la gestion de communauté. «Je questionne tout de même le système de formation à l’intérieur d’une «école» en ce qui concerne ce milieu, plutôt que de suivre quelqu’un et d’apprendre sur le tas. C’est un métier qui change constamment, la théorie est bien belle, mais rapide à apprendre. C’est la pratique et l’expérience qui compte pour beaucoup dans l’efficacité d’un gestionnaire. Les échanges d’idées et de bonnes pratiques sont aussi de belles formations.» Décidément, le jour où un programme de gestion de communauté sera reconnu par tous est loin d’être arrivé!

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