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« Vous allez me revoir sur scène, pas dans les coulisses! » – Nicky Estor, fondateur d’Iguane Records

« Vous allez me revoir sur scène, pas dans les coulisses! » – Nicky Estor, fondateur d’Iguane Records

Celui qui s’est pris de passion très jeune pour la musique (le blues, mais aussi le jazz, le swing, le funk, le soul et le folk), et qui a décidé de se consacrer à la batterie, a joué notamment avec Nico Wayne Toussaint, Shawn Pittman, Preston Hubbard, UP Wilson, Paul Orta et Mr Boogie Woogie. Autant dire que ce mélomane, qui a d’ailleurs été à la barre du Festival Joueurs de blues durant plus de 10 ans, en connaissait un sacré rayon sur la musique avant de se lancer dans l’aventure d’Iguane Records en 2011.

C’est en 2008 que Nicky Estor a décidé de s’installer du côté de Montréal. « J’avais été au Québec 2-3 fois, et j’avais adoré la ville de Montréal. Je me suis dit que j’allais y vivre un jour. » Et ce, malgré une carrière florissante en Europe, qui lui permettait de vivre de sa musique. « J’avais l’impression que c’était plus facile de se faire connaître au Québec. Qu’il y avait plus de place. » Petit rêve américain derrière ce choix? « Peut-être! », admet le musicien en riant.

Le déménagement s’est fait, son intégration dans le milieu musical aussi, mais le succès facile n’a pas été au rendez-vous. « En Europe, le monde du blues est très développé. Quand je suis arrivé au Québec, j’ai réalisé qu’il n’y avait pas ce bouillonnement. » Face à cette réalité, Estor a vite eu l’idée de créer une maison de disques indépendante. « Beaucoup de gens au Québec assimilent le rock au blues. Bien humblement, j’avais une ambition d’éducation. Je me suis dit qu’on allait produire des trucs blues. J’avais envie de réunir des artistes et de rassembler tout le monde sous une étiquette. » On vous le donne en mille: Iguane Records. Et il s’est lancé tête première.

Trop grand, trop vite?

La toute nouvelle maison de disques a pris sous son aile plusieurs artistes: Vinz, Alberta, Lazy Buddies, Nico Wayne Toussaint, Riot and the Blues Devils… « J’ai produit 7 à 8 albums en 2 ans. Ça a pris beaucoup de frais et d’argent, d’énergie. Le but, dans toute cette effervescence, c’était de faire parler de nous. Ça n’a pas vraiment pas pris. Les médias n’ont pas suivi du tout. Du tout. »

  Malheureusement, Estor a dû se rendre à l’évidence: il a avait peut-être visé trop grand, trop vite. « Pas un album n’a été rentable. J’ai perdu de l’argent sur toutes les productions. J’ai tout mis dans le même panier et je n’ai pas pu continuer. Je n’avais plus les moyens. »

Toute une déception pour celui qui a dû se désinvestir de plus en plus d’Iguane Records. Aujourd’hui, seulement quelques projets sont encore sur la table. « Mon but a été de me faire plaisir et ça a été le cas. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit si difficile. » Toutefois, Estor est conscient du contexte très particulier du virage numérique. « Dans les magasins, c’est catastrophique. Ça n’a pas aidé. Aussi, le blues est une musique de niche. Et en plus, que la plupart des chansons blues soient en anglais, ça apporte une difficulté supplémentaire. Le Québec n’a pas une ouverture totale face à ça. Je comprends par contre qu’on privilégie la culture francophone. » 

Aujourd’hui, le musicien n’envisage plus de travailler dans le milieu musical autrement qu’en tenant un instrument. « Vous allez me revoir sur scène, pas dans les coulisses! Peut-être un webzine, un jour? Qui sait! »

Après toutes ces aventures, le mélomane encouragerait-il une personne qui a envie de suivre ses traces? « Oui. Mais je lui dirai de faire attention. Il ne faut pas se lancer corps et âme, d’un coup. Il faut choisir où mettre son énergie pour avancer tranquillement. » Surtout, Nicky Estor souligne l’importance de la passion: « En musique, il ne faut pas penser à l’argent. Sinon, on ne ferait jamais rien. »

Iguane records | facebook

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