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MTL – AU FIL DE L’HISTOIRE // VERNISSAGE

MTL – AU FIL DE L’HISTOIRE // VERNISSAGE

Diagonale
5455, avenue de Gaspé, rdc/espace 110, Montreal, Quebec H2T 3B3
https://www.facebook.com/events/964606750294017/

AU FIL DE L’HISTOIRE
MICHAEL BLUM, LEAH DECTER & JAIMIE ISAAC, KEESIC DOUGLAS
Commissaire: Anne-Marie St-Jean Aubre
15.01 – 20.02.2016
Vernissage 14.01, 18h

« L’époque de la liberté des hautes mers, là où les compagnies pouvaient opérer selon leurs propres lois et échapper ainsi à l’emprise des États souverains, est-elle vraiment dépassée? » (A Company with Sovereignty and Subjects of Its Own? The Case of the Hudson’s Bay Company, 1670–1763, Edward Cavanagh)

Colonialisme et capitalisme se rencontrent au sein de ce projet considéré comme une occasion de s’interroger sur l’histoire canadienne. Exemplaire du mouvement qui traverse cette exposition, l’œuvre Trade Me (2010) de Keesic Douglas montre le voyage agrémenté de portages et d’incidents effectué par l’artiste qui emprunte les cours d’eau reliant la réserve Rama à Toronto, pour retourner à la boutique de la Baie d’Hudson la fameuse couverture rayée remise à son arrière-arrière-grand-père en échange de peaux et de fourrures. Usant de stratégies similaires – la documentation d’un périple suivant une route commerciale, un intérêt pour l’enquête de terrain –, Michael Blum et Keesic Douglas mettent en scène une histoire traitant de la production et de la circulation d’un bien de consommation : une paire de chaussure Nike, une couverture de la Baie d’Hudson. Leah Decter contextualise pour sa part la couverture de la Baie d’Hudson au sein de l’histoire coloniale canadienne en créant des ponts entre le passé et le présent, référant à la fois à sa valeur d’échange lors de la traite des fourrures et à la déclaration controversée du premier ministre Harper qui affirmait, en 2009, que le Canada n’a pas d’histoire coloniale.

En tant qu’une des plus vieilles corporations encore en activité au monde, l’entreprise de la Baie d’Hudson, fondée en 1670 par proclamation d’une charte royale sous le nom de la Compagnie des Aventuriers d’Angleterre, a agit comme force colonisatrice de développement de la Terre de Rupert. Souveraine sur le territoire qui allait devenir le Canada, l’action de la compagnie visait moins à civiliser les populations amérindiennes qu’à engendrer un développement économique au profit de la Métropole et, éventuellement, à ouvrir de nouveaux marchés.

Traversant l’histoire, la Baie d’Hudson témoigne de la construction du Canada et de la transformation de l’économie, étroitement liée aux enjeux politiques. Comme le souligne l’historien Edward Cavanagh, c’est par l’action d’une corporation que s’est d’abord organisée la colonisation du territoire, un fondement qui nous incite à observer sous une lumière différente les pratiques des multinationales d’aujourd’hui. En remontant aux sources, ces artistes prennent ainsi à rebours le processus colonial, l’inversant en quelque sorte afin de le critiquer. Ensemble, leurs œuvres mettent en perspective le développement du capitalisme et s’interrogent sur les liens entre cette histoire et celle de l’entreprise coloniale.

Anne-Marie St-Jean Aubre

—–> http://www.artdiagonale.org/

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