Le pari paraît risqué. Bâtir un événement mode montréalais dédié à la relève québécoise, mais réunissant autant le public que des membres de l’industrie. Pourtant, à en juger par la première édition de DMoment tenue les 24 et 25 février dernier, les fondatrices ont su relever le défi.
Nancy Richard et Genevière Allaire, deux stylistes oeuvrant dans le domaine de la mode depuis une dizaine d’années, ont cherché à créer un véritable tremplin pour les créateurs émergents et un espace de découverte pour le grand public.
« La Semaine de mode est une belle plateforme pour les designers établis,» explique Nancy Richard en entrevue avec Baron Magazine. « Nous avons voulu créer une sorte de off fashion week. quelque chose pour les designers émergents. C’est comme faire une espèce de petite école de la Semaine de mode. »
Il n’y avait toutefois rien d’amateur à l’événement tenu dans l’antre de la Technopole Angus dans le sud du quartier Rosemont-Petite-Patrie. Le décor post-industriel mélangeant l’artistique et le délabré et se prêtait parfaitement au défilé.
Neuf créateurs émergents ont pu présenter tour à tour leurs collections automne/hiver 2014-2015. Dominique Ouzilleau et Marilyne Barril nous ont plongés dans une ambiance nordique, avec des manteaux aux textures recherchées, alternant fourrure et couleurs royales. La ligne Insieme a surpris par ses coupes épurées alors que House of Sins a plu par ses textures branchées.
«L’idée à la base est que le grand public puisse découvrir la mode québécoise,» ajoute Nancy Richard. « Il n’y a pas cette ouverture présentement à laisser le grand public devenir connaisseur de mode. La seule façon actuelle c’est de regarder des revues. C”est pas normal,» déplore-t-elle.
Si les défilés étaient dans l’ensemble bien exécuté, celui du concours « Télio: Les créateurs mode de demain » a volé la vedette. Vingt-cinq finalistes choisis à travers 23 écoles de mode du Canada ont pu présenter leurs créations. Des créations monochromatiques avec un nuage de rouge, alliant technique et imagination. Montréal a su se démarquer puisque quatre des cinq gagnants du concours proviennent du Collège Lasalle. Frédéric Jonc, Mathieu Jonc, Ting Pan et Alex-Ève Martin se sont partagé un total de 13 000$ en bourse.
Pour les fondatrices de DMoment, l’événement répond à un besoin. « Les créateurs sont laissés à eux-mêmes, » constate Nancy Richard. « C”est difficile pour eux. On ne s’attendait pas à faire autant de marrainage avec eux par rapport aux étapes suivantes, mais nous sommes très contentes d’avoir pu les encadrer et les amener plus loin. »
En plus de ce coup de pouce, les fondatrices ont cherché à encourager le réseautage entre les différents acteurs de l’industrie de la mode québécoise. « L’industrie dans toutes ses facettes doit se tenir la main et essayer de faire évoluer les choses, » analyse Richard. « Nous voulions qu’il y ait des poignées de main, que des rencontres soient faites. Nous avons amené des acheteurs backstage. »
Si les organisatrices préfèrent ne pas s’avancer sur la tenue d’une prochaine édition de DMoment, elles formulent quand même le souhait d’un événement semestriel qui puisse suivre les collections des créateurs. Parions qu’il laissera sa trace dans le paysage de la mode montréalaise.