Collaboration spéciale – Edith Paré-Roy
(et une petite touche de Mélissa Pelletier pour la critique de Le Couleur)
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31 août, Rouyn-Noranda – C’est avec les oreilles encore bourdonnantes et comblées par les spectacles de la veille que nous avons amorcé notre deuxième journée en sol abitibien. Grisaille ou pas, allez hop!, la quête des découvertes musicales était repartie. Déjà, à 14 h 30, mission accomplie : on tombait sur Foxtrott, qui a été plus efficace que le café pour nous réveiller, avec son électro-pop catchy et ses envolées vocales bien senties. LE Couleur a suivi avec sa pop française dynamique. Quelques heures plus tard, la chance nous souriait à nouveau : le band Dear Criminals nous envoûtait avec son folk sombre servi dans une ambiance joyeuse.
Photo: Christian Leduc
Foxtrott
Armés de patience (et de bière), les festivaliers ont attendu plus de 30 minutes avant que ne commence la prestation de Marie-Hélène L. Delorme, alias Foxtrott. C’est avec soulagement que nous avons entendu les premières notes; soulagement de courte durée puisque les problèmes techniques sont venus tordre nos pauvres oreilles ainsi que les sourires de Foxtrott et de son accompagnatrice au cor français. Pendant que les techniciens s’affairaient à régler le problème, Foxtrott en a profité pour présenter son projet solo… et pour faire une charade, question de divertir la foule.
Un début difficile (que la musicienne qualifiera plus tard « de vrai nightmare ») qui a été vite oublié grâce à la suite. La jeune femme de 27 ans a retrouvé ses aises derrière ses claviers et son micro dès la deuxième chanson. Sur une plate-forme surélevée, elle a partagé au public des morceaux qu’elle venait tout juste d’enregistrer en studio. S’il n’est jamais facile de « casser » des chansons, Foxtrott a su relever le défi. Sa voix, toujours juste et puissante, s’est faite envoûtante; ses paroles, intimes et pleines d’émotions, étaient accrocheuses, et ses beats en ont hypnotisé plus d’un. « Shields », l’excellente chanson-titre de son EP disponible sur Bandcamp, est venue conclure à merveille le spectacle.
Le Couleur
Après la prestation de Foxtrott (et une petite promenade à travers les shows cachés sur la rue Murdoch), nous sommes retournées sur nos pas pour retrouver Le Couleur sur la plate-forme surélevée de la scène extérieure du FME. Laurence Giroux-Do (voix/piano/synthétiseur), Patrick Gosselin (guitare/piano), Marc-André Morin (basse/synthétiseur) et Steeven Chouinard (batterie) ont présenté les pièces de leur dernier EP, Voyage Love, entrecoupant le tout d’extraits de leurs précédents albums, en passant par Petit Piano Électrique (2008), Origami (2010), entre autres.
Avec sa pop française vitaminée et ses paroles qui frôlent dangereusement la superficialité, la formation a donné au public un spectacle sympathique certes, mais un peu trop égal. Un sentiment peut-être même ressenti par le groupe lui-même, qui a tenté d’apporter un drôle d’éclat à la moitié du spectacle : la chanteuse a quitté la scène pour aller enfiler un one piece doré et des bottes d’aluminium (home made, selon nous). Bon OK. La question : pourquoi? Ce clash esthétique n’a malheureusement rien apporté à l’ensemble et était loin d’être justifié. En fredonnant pour la quinzième fois « En voyage amoureux, en voyage tous les deux… » et en regardant les spectateurs se dandiner avec une bière à la main, j’ai mieux compris le charme de la formation. Si la pop de Le Couleur ne vole pas super haut, elle entraîne avec brio le public dans son univers funky.
Photo: Christian Leduc
Dear Criminals
C’est à la microbrasserie Le Trèfle noir que nous avons eu le bonheur d’écouter le band Dear Criminals, le projet parallèle de Frannie Holder (Random Recipe), Charles Lavoie (lackofsleep et b.e.t.a.l.o.v.e.r.s.) et Vincent Legault (Random Recipe). L’endroit était surbondé et plus chaud que dans un sauna, mais qu’importe, les musiciens étaient ravis de présenter leur premier EP, Weapons, à un public tout aussi enthousiaste.
De leur propre aveu, les membres de la formation avaient la gueule de bois (« J’ai perdu ma voix dans le whiskey », a partagé Charles. « Et moi, ma dignité dans l’alcool », a renchéri Frannie), ce qui ne les a pas empêchés d’être pleins d’humour et d’esprit. À les voir si joyeux, on s’étonnait de les entendre jouer un folk mélancolique (qui rappelle Timber Timbre et Patrick Watson) aux paroles crève-cœur et aux titres « pas très optimistes » : « Lover’s Suicide », « Bad Black Days », « Acid Rain » et « Fuck the Stars ». Un drôle de contraste qui s’est avéré tout à fait gagnant : autant la musique que les petites blagues ont conquis le cœur des spectateurs. La dernière chanson, une version très lyrique et éclatée de « Roads » de Portishead, était tellement prenante qu’on avait envie d’en redemander, mais Frannie nous avait bien avertis : « Ne demandez pas de rappel; on n’a pas d’autres chansons, donc ce serait juste awkward! » Pour l’anecdote, nulle autre que la comédienne Sophie Cadieux a félicité Dear Criminals à la fin du concert : « J’aimerais que votre musique soit la soundtrack de ma vie! »
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Après avoir fait autant de découvertes musicales marquantes, on décrète le FME le meilleur festival du monde! Les 7 heures de route à partir de Montréal (et les paysages pour le moins redondants) en valaient vraiment la peine. On compte déjà les dodos avant la prochaine édition!