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Forward Music Group: l’émergence d’une révolution sereine.

Forward Music Group: l’émergence d’une révolution sereine.

Photo: Aaron McKenzie Fraser

Nul besoin d’en douter ; l’organisation est la clé de la réussite pour n’importe quelle scène musicale, particulièrement dans les maritimes, où tous les grands centres sont éloignés par des kilomètres d’autoroutes. En plus d’être musicien (The Olympic Symphonium, David Myles), Kyle Cunjak est derrière la maison de disques Forward Music Group, qui se charge d’encadrer des artistes de la région. Suite à la réception du prix récompensant la maison de gérance de l’année au Gala de la musique de la Côte Est, accordé à Forward Music, Cunjak a pris quelques instants pour parler des succès et de la philosophie derrière ce projet.

Forward Music Group est né de vos initiatives précédentes dans la région de Fredericton.
Oui, à la fin de l’année 2006 et par nécessité. On était rendu au point où nous grandissions en tant que musicien. Nous étions prêts à faire des disques et à les mettre sur le marché. Ça prend du temps pour en arriver là. On a réalisé que pour faire tout cela de la bonne façon, on a besoin de choses comme un distributeur, un graphiste, quelqu’un pour imprimer les disques. Au Nouveau-Brunswick, dans le secteur anglophone, il n’y avait pas de vraies maisons de disques. Parce que nous étions une équipe de personnes qui faisaient ce genre de choses et que nous voulions en apprendre davantage sur l’industrie, nous avons lancé notre propre compagnie. On a eu une bourse de la province en gestion musicale et on apprit de nos erreurs. Ce fut un bel apprentissage. Les choses ont changé depuis, l’équipe est plus petite, mais on a toujours accès à un grand éventail de ressources. Nous travaillions tous encore dans l’industrie musicale et c’est encourageant, Forward Music émerge toujours.

Dans le fond, vous avez réuni la main d’oeuvre sous un seul toit. Pour vous, l’union fait la force ?
Selon moi, oui. C’est bien de donner une marque de commerce à cela, sinon ça peut être un gros désordre. Ça aide à créer un mouvement et à susciter du bouche-à-oreille. Les gens se disent « Forward Music, voilà ce qu’ils font », plutôt que « Telle personne, voilà ce qu’elle fait ». On donne un coup de main à tous, sous forme de consultation informelle. Si quelqu’un a besoin d’aide, ça nous fait plaisir d’offrir notre aide. C’est facile pour nous, ça fait tellement longtemps que nous fonctionnons que j’oublie comment c’est déroutant au début. Par exemple, c’est important d’avoir un mentor. De cette façon, la scène musicale est parrainée et elle grandit.

Vous lancez des disques sur vinyle, disque compact et en téléchargement gratuit. Pourquoi ces trois formats ?
Le vinyle est important pour nous. Moi et d’autres membres de l’équipe écoutons exclusivement des vinyles. Personnellement, je collectionne uniquement ce format. Je crois que si tu es un collectionneur de musique, le vinyle est la meilleure façon de le faire. Il y a un défi associé avec la recherche de ces disques. La majorité de la musique qui a été enregistrée fut lancée de cette manière, sauf pendant une courte période, durant les années 1980 et 1990. Au départ, quand la musique s’est démocratisée, ce fut sur vinyle. C’est toujours le cas et même les disques qui n’ont pas eu droit à ce traitement sont relancés de cette façon. Parfois, on ne peut même pas les commander et les tirages sont limités, alors on est toujours à la recherche du disque idéal. Avoir sa musique sur vinyle, c’est le piédestal le plus élevé, une médaille d’or. Je fais cela pour les gros amateurs. C’est beaucoup plus cher et même difficile d’obtenir un retour sur cet investissement, mais ça donne une légitimité à ce que l’on fait.

Le disque compact est une nécessité, mais Forward Music accorde une très grande importance à la présentation du produit. Pour ce qui est des téléchargements gratuits, les gens obtiennent de la musique sans payer de toute façon. Nous lançons des échantillons ou des maxis qui nous permettent de rejoindre plus de gens. De temps à autre, nous allons offrir quelque chose, question de remercier les gens et de redonner à la communauté.

De quelle parution es-tu le plus fier ?
Honnêtement, de chaque nouveauté que nous lançons. Il y l’album de Snailhouse (Michael Feuerstack). Nous sommes de très grands admirateurs de sa musique. On a eu l’occasion de jouer sur ce disque et de le lancer. J’en suis très fier. Également « Constellation » de Gypsophilia, avec qui nous venons tout juste de commencer à collaborer. C’est un groupe extraordinaire et ce sont eux qui nous ont approché, ce qui est un bel honneur. Notre dernière parution, le disque éponyme de Paper Beat Scissors, est un superbe album, d’une sorte de forme avancée de musique indé. Étant donné que nous lançons quatre ou cinq disques par année, on se concentre sur les choses pour lesquelles nous sommes enthousiastes.

Vous touchez à une très grande variété de genres musicaux.
On a commencé à se spécialiser un peu plus. Dans le passé, Forward Music a lancé des disques de rock lourd ou de jazz. Maintenant, on veut réduire ce créneau. Quand on me demande quel est notre genre musical, je réponds beautiful music. C’est résolument léger, à l’intérieur du folk, du jazz ou de la chanson contemporaine. Ce ne sera pas quelque chose de plus agressif, malgré nos collaborations avec des groupes du genre.

Je travaille présentement sur le projet d’une nouvelle maison de disque, Backwards Music, où nous allons lancer des disques rock ou électro, disponibles uniquement en téléchargement. De cette façon, Forward sera une entité comme tel. J’adore la diversité, mais ça peut finir par être mélangeant. Je n’ai toujours pas découvert comment approcher tout cela, mais plus je grandis en tant que musicien, moins je veux être dans un bar jusqu’à trois heures du matin. J’appartiens plutôt à la scène folk et c’est là où je veux amener Forward, tout en ayant cette autre porte, pour les trucs plus expérimentaux.

Est-ce que votre festival de musique folk à Fredericton, Shivering Songs, sert justement d’alternative aux spectacles dans les bars ?
Un peu. Shivering Songs est un coup de chance. Nous voulions notre propre festival et le succès fut tel que c’est devenu une marque de commerce en soit. Il s’agit de prendre ce concept de beautiful music et de l’amener à un tout autre niveau. Ça permet de créer une expérience acoustique très intime. On amène de groupes du genre dans un cadre magnifique.

Encore une fois, la palette d’artistes est plutôt large.
Dans notre ville natale, Fredericton, et même au Nouveau-Brunswick, je ne crois pas qu’il y aille beaucoup de festivals qui font ce genre de choses. C’est important pour nous, on l’organise avec mon groupe, The Olympic Symphonium, qui gère l’événement. Cette formation adore être dans un environnement calme avec d’autres gens. Le but était de créer cela pour d’autres artistes que nous aimons et d’offrir cette vitrine, devant nos spectateurs de Fredericton.

Tu fais également de la photographie. Quelle est ton approche ?
Elle a changé énormément, étant donné que je ne travaille plus en tant que photographe. J’ai déjà fait cela à temps plein et j’avais tellement de projets différents que j’y ai laissé ma passion. J’ai fait quelques mariages et des trucs commerciaux. Soit que mon coeur n’y était pas, soit que les clients étaient pointilleux. On ne peut que prendre cela à coeur quand on critique votre travail. J’ai changé de vitesse et j’ai été assez chanceux pour gagner ma vie avec la musique. Maintenant, je fais de la photographie simplement par plaisir. Ce fut une libération et j’adore le résultat.

Si j’avais à expliquer ma philosophie, je dirais «lent et constant», ce que j’applique à la musique dans le fond. Avec la photographie analogique, il faut se concentrer ; tu ne peux pas prendre des milliers de photos. L’unique essai doit être le bon et tout doit être bien réglé, car il n’y a pas de montage numérique. Ça rend le procédé plus facile. Il ne faut pas espérer le moment opportun, il faut l’attendre.

Tu habites maintenant Halifax, en Nouvelle-Écosse. Quels sont tes endroits préférés dans cette ville?
Taz Records et Obsolete Records sont les deux disquaires que je fréquente. Ils sont très différents, mais aussi vraiment super. Obsolete a une bonne sélection des disques plus étranges, comme des 45 tours punk et de groupes locaux. Taz a un grand éventail de vieux disques soul et bluegrass.

Trident Bookstore and Café fait de l’excellent café. C’est situé dans le South End et c’est aussi un libraire. Les propriétaires sont bouddhistes et l’ambiance est décontractée. Ils font leur truc et ils le font très bien.

Point Pleasant Park est un endroit où j’aime faire une promenade. J’habite tout prêt et c’est extraordinaire d’être près de l’océa, mais de réaliser qu’on est en ville, avec cet espace naturel.

Pete’s Frootique, où ma copine et moi allons de manière quotidienne. Cette épicerie est notre point de rencontre et on décide ce que nous allons manger pour souper. Tellement de bonne nourriture à un seul endroit.

Finalement, Long Lake, une place où nager, que je considère comme mon sauveur, à 15 minutes de vélo de la ville. Il s’agit d’un lac, à l’intérieur de la ville, mais reculé et magnifique. Le fait qu’il y a tous ces lacs autour d’Halifax améliore tellement la qualité de vie de la région.

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