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Deux huit huit: Stratégie en collectivité

Deux huit huit: Stratégie en collectivité

Depuis qu’ils le peuvent, Alex, Olivier et Louis on toujours tenté de travailler par eux-mêmes, partir leurs propres projets, vivre de leur passion. Artistes du design gr aphique, ils ont su se faire une réputation et enjoliver celle des autres dans l’ombre. C’est après avoir connu l’adrénaline du travailleur autonome qu’ils ont dû retourner travailler en agence ou pour un patron. Ce par cours était nécessaire pour réaliser où était leur véritable place. Ils ont donc formé l’atelier 288, une boîte de design graphique où siègent aussi des colocs choisis de façon str atégique, pouvant combler les besoins en cas de nécessité.

Qu’est-ce qui pousse quelqu’un à se partir à son compte ou à créer son entreprise?
Oli: Si à un moment donné, tu commences à croire que ce que ton patron te demande de faire, ce n’est pas le mieux pour le projet, c’est un point de départ. Si le moindrement tu es confiant et que tu es capable de te botter toi-même le derrière, tu vas pouvoir le faire.
Alex: On ne se lève pas pour la même chose le matin. Lorsqu’on travaille à son compte, ce n’est pas lourd de se lever le matin. On n’a pas l’impression d’aller travailler.
Oli: Un vrai travailleur autonome va toujours sentir que lorsqu’il travaille pour quelqu’un, il n’a pas l’impression de s’accomplir.

Au départ, vous étiez des travailleurs autonomes indépendants qui ont décidé de se regrouper ?
Alex: Entre travailleurs autonomes, on faisait déjà des équipes selon les besoins. On n’était pas attaché à personne, on nedépendait pas des autres. À un moment donné, comme on partageait de gros clients, on n’avait plus trop le choix de décider de se regrouper. Ça nous a aidés à nous renforcir.
Oli: On avait chacun des projets personnels. Au départ, je voulais faire des longboard et de la sérigraphie. Alex voulait faire des t-shirts et de la sérigraphie. On avait donc un point en commun. Puis, il y a Jimmy qui s’est joint à nous en collocation de bureaux. On avait tous des projets qui faisaient profiter les autres et en cours de route, c’est devenu 288.
Alex: Maintenant, le client n’appartient plus à personne. Lorsqu’il entre dans l’entonnoir, celui qui a du temps, prend le compte.
Oli: On connaît aussi nos forces. Donc, lorsqu’un client veut quelque chose en particulier, on est capable de l’orienter vers la
meilleure personne.

Vous louez donc des espaces de bureau?
Oli: On attend les bonnes personnes. Par exemple, on attend de voir s’il y aurait un designer graphique qui voudrait louer. On n’a pas besoin de plus de gens, pour l’instant. Et c’est la même chose pour les photographes. On n’a pas de besoin d’aller en chercher à l’extérieur pour nos projets. On veut s’entourer de personnes complémentaires pour nous aider à progresser. Donc, si pour un projet, on a besoin d’un réalisateur, ou d’un photographe, on en a autour de nous.
Louis: C’est une collocation stratégique. C’est pour ça qu’on ne prend pas tous des DA, parce qu’il y aurait de la concurrence qui se ferait à l’interne. Ce qui est bien aussi est que ça crée un échange à l’interne. Il y a plusieurs échanges de connaissances qui se font.

Quel est l’élément qui fait que votr e façon de tr availler en tant que « collectif » par vient à mieux fonctionner ?
Alex: Oli a dit quelque chose de fort l’autre jour:« La différence entre nous et les autres, c’est qu’on a une coordonnatrice. » Il y a un noyau solide. Tous les trucs administratifs, la gestion des clients, les projets, on n’est pas obligé d’avoir le nez là-dedans. On peut se concentrer sur la création. Elle nous aide et nous encadre et ça fait avancer les choses facilement, sans qu’on ait à s’en
soucier.
Oli: Avant, c’est fou la perte de temps qu’on accumulait juste à faire de la gestion!
Louis: C’est Alex qui s’en chargeait. Il le faisait bien, mais il n’est pas expert. Lorsqu’on a rencontré notre coordonnatrice, Gabrielle, on s’est rendu compte que c’était un « job » à temps plein.
Oli: On ne serait pas là où on est rendu aujourd’hui si elle n’était pas là. On ne serait juste qu’un bon regroupement de travailleurs autonomes qui travaillent au jour le jour. Elle nous permet de voir à long terme.

Quelles sont les erreurs que vous avez faites dans votre parcours de travailleurs autonomes? Y a-t-il des choses que vous aimeriez recommencer pour les faire différemment?
Alex: J’avais un projet de t-shirts qui fonctionnait bien; ça s’appellait Idle & Glory Clothing. J’étais seul, je m’arrangeais tout seul. Il y avait d’autres gens qui étaient intéressés à ce projet-là et qui voulaient s’associer avec moi. Ils étaient nombreux et chacun avait un domaine d’activité qui était intéressant afin de faire grandir le projet. Le problème est qu’ils étaient cinq. J’ai tout
de même accepté de m’associer avec eux, mais ce n’était pas ça qu’il fallait. J’ai perdu un peu la personnalité du brand et le goût. Il est arrivé plein de malchance. Il faut vraiment faire attention avant d’associer quelqu’un à son projet. C’est comme un mariage. On doit être avec cette personne-là jusqu’à la fin de ce projet-là. Et lorsque ça se termine, c’est en bien ou en mal et cette fois-là,
c’était en mal. Il faut vraiment prendre le temps d’évaluer la chose avant de s’associer avec des gens. Dans mon cas ça a mis fin au projet et ça m’a fait bien du mal de perdre ce projet.

Mais maintenant, vous êtes trois dans la business 288. Quel est la recette pour que ça fonctionne bien entre associés?
Alex: Je pense qu’on se fait vraiment confiance. Je pense qu’on peut dire qu’à la base, on est des amis, et ça a aidé.
Louis: Oui, on est des amis, mais on avait déjà travaillé ensemble aussi.
Oli: On a aussi pris le temps de faire des tests avant de décider de s’associer. Tu sais, c’est un gros sacrifice de décider de prendre tous nos clients pour les mettre ensemble et de faire confiance aux autres. Tu te demandes si les autres vont apporter autant que ce que tu leur donnais.
Alex: On est trois designer graphique, mais on a chacun un domaine particulier où on est meilleur que les autres ou plutôt dans lequel on a plus de connaissances. Pour Louis, on sent que c’est beaucoup le print, pour Oli c’est le motion et pour moi, c’est plus le Web. Mais on est tous capable de faire l’un et l’autre.

deuxhuithuit.com

Le conseil de 288
Il y a un cercle vicieux. Il y a du monde qui part trop gros, trop vite. Ils vont se prendre un loft et vont le décorer avant même d’avoir les clients et l’argent pour le payer. Il faut grandir à travers votre progrès. Si tu grandis trop vite, tu dois faire de l’argent aussi vite, ce qui fait que tu va dénigrer ta banque de clients. Tu vas aller chercher des clients qui ne te représenteront pas.

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