Christine Fortier est plongée dans l’univers des pigistes depuis maintenant 15 ans. C’est en écrivant sur la scène métal montréalaise qu’elle à été recrutée à l’hebdo culturel Voir qui fut son premier client. Pour les magazines de TVA, souvent, elle couvre les séries américaines qu’on ne verra pas nécessairement au Québec. En littérature, elle couvre le fantastique, le policier et la science-fiction.
Quel est le déclic qui ta donné le goût d’être journaliste?
Dans mon coin, je lisais toujours le Courrier Frontenac et je regardais toujours l’émission de télé Le match de la vie. Je crois que j’avais 14-15 ans lorsque j’ai décidé que je voulais écrire, parce que j’aimais lire et écouter de la musique. Mais à ce moment là, je me disais qu’il n’y avait aucune façon que je puisse écrire dans les magazines de musique que je lisais à l’époque. Dans ma tête, c’était utopique. Lorsque j’ai étudié en art et technologie des médias à Jonquière, nos professeurs ne nous poussaient pas à couvrir ça. Dans ce temps là, je voulais faire des études en politique. Lorsque je suis arrivée à Montréal, je n’ai pas du tout travaillé comme journaliste pendant quelques années, mais j’allais voir à peu près tous les shows métal qu’il y avait. Puis en 1995, je regardais le Voir et je trouvais qu’il n’y avait jamais de truc métal. J’ai décidé de leur envoyer un texte sur la culture du métal à Montréal. Puis j’ai été engagée par Laurent Saulnier. Je ne m’y attendais pas, mais il cherchait quelqu’un en même temps.
En tant que journaliste, est-ce que tu a le choix d’être engagé par une entreprise de façon permanente ou tu dois absolument être pigiste d’abord?
Je crois qu’il y a de la place mais beaucoup moins qu’avant. La plupart de mes amis journalistes sont pigistes. Je connais une personne qui travaille pour le quotidien Le Soleil. Je pense que les entreprises de presse ont peut-être plus envie d’engager des pigistes parce que ça coûte moins cher, puis ils peuvent utiliser les textes sur leur site web. Je sais que maintenant, je dois abandonner les droits d’auteur si je veux travailler. Mais je ne crois pas que je serais bien si j’étais engagée à temps plein comme journaliste. Le fait d’écrire sur différentes affaires, ça m’évite d’être blasée.
Je me suis toujours considérée comme étant chanceuse. J’ai toujours réussi à bien entretenir mes relations. Je connais des journalistes qui en arrachent. Il y a du monde qui ne travaillerait pas pour 7 jours, tv hebdo ou Lundi, mais moi, j’ai toujours pensé que ce qui était important, ce sont les gens avec qui tu travailles. C’est avec eux que tu as une véritable relation et c’est ce qui m’a toujours permis d’avoir du travail en bout de ligne. C’est sûr qu’il y a des « jobs » qu’on faits qui sont plus élémentaires dans l’écriture. Ce que je reprocherais au fil des années, c’est que lorsque j’ai commencé, on écrivait souvent 6-7 feuillets par article, ce qui est quand même pas mal, tandis que maintenant, c’est 2 feuillets. On ne peut plus élaborer autant qu’on le faisait à l’époque. Ça, je m’en ennuie. Tu ne peux plus présenter autant l’artiste ou le sujet.
Qu’est-ce qui est le plus dur dans le fait d’être travailleuse autonome?
Les premières années sont difficiles. Il faut être en roulement et se dénicher des chroniques régulières qui nous permettent de manger. C’est également difficile de se faire des contacts. Mais le plus dur, c’est le fait qu’on travaille de plus en plus et que nos textes sont souvent commandés à la dernière minute.
J’ai l’impression que les employeurs s’attendent toujours à ce qu’on soit disponible pour eux lorsqu’ils nous appellent. S’ils me commandent un texte le mardi pour le vendredi, ils sont surpris que je leur dise que j’ai autre chose. Tu essaies de te négocier un plus long échéancier. Mais j’ai l’impression que tout le monde est vraiment surchargé et que toutes les décisions sont prises à la dernière minute. Je n’ai plus autant le temps d’avoir des idées à proposer. Je suis toujours en train d’écrire un texte et ça restreint alors le temps de penser à un sujet à proposer.
Qu’est-ce que tu conseillerais à des jeunes qui veulent être journalistes?
Pour commencer, je dirais de ne jamais lever le nez sur quoi que ce soit. Il y a des gens qui disent qu’ils ne travailleraient jamais pour ceci ou cela, mais tu ne sais jamais où ça peut te mener. Il faut écrire pour devenir bon. Il faut s’assurer que ce qu’on envoie comme matériel est bien écrit parce que ça va faire toute une différence sur les chances de te faire rappeler souvent ou pas. Il faut écrire, mais surtout, ne pas avoir peur de foncer.
Je n’ai jamais lâché le Voir. Il y a beaucoup de journalistes du Voir qui ont commencé, puis à un moment donné ils ont quitté pour La Presse. Peut-être que j’aurais dû faire la même chose… Mais comme j’écris sur l’underground en musique, je n’aurais pas eu assez de textes. Aussi, il faut travailler sa polyvalence.
Est-ce que les travailleurs autonomes sont mal perçus?
La plupart du temps, les gens pensent qu’on ne travaille pas vraiment. Au début, lorsque j’ai commencé, mes amis m’appelaient à tout moment et s’attendaient à ce que je sois en train de boire une bière sur le bord de mon divan, en train de regarder la télé. Ils étaient toujours un peu surpris lorsque je leur disais que j’écrivais de 9 à 5 à tous les jours. Il y a beaucoup de monde qui travaille en pyjama, mais moi, je dois faire comme si j’allais travailler dans un bureau. Je prends ma douche, je m’habille et je vais devant mon ordi.
As-tu eu un mentor?
Honnêtement, j’aurais le goût de dire que c’est Laurent Saulnier, même s’il n’a pas vraiment eu ce rôle. Mais c’est lui qui m’a donné ma première chance. Il était très ouvert.
repertoire.ajiq.qc.ca/liste/profil/christine-fortier
Qu’est-ce que tu conseillerais à des jeunes qui veulent être journalistes?
Pour commencer, je dirais de ne jamais lever le nez sur quoi que ce soit. Il y a des gens qui disent qu’ils ne travailleraient jamais pour ceci ou cela, mais tu ne sais jamais où ça peut te mener. Il faut écrire pour devenir bon.