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Le salon du livre de Montréal: section jeunesse

Le salon du livre de Montréal: section jeunesse

Baron a bringuebalé son carnet et son appareil-photo au Salon du Livre cette fin de semaine, et vous rapporte de croustillantes entrevues à dévorer dans le confort de votre siège de bureau. Le Salon a refait peau neuve cette année, avec un kiosque numérique qui présentait des sites web où l’on peut trouver des livres publiés par des éditeurs québécois. Il y avait aussi des décorations de Noël légèrement à l’avance…

Des romanciers rêveurs aux maisons d’édition loufoques, Baron a exploré le Salon pour mieux vous le faire découvrir!

Robert Soulières…

Robert Soulières est l’auteur d’une vingtaine de romans et une vingtaine d’albums pour enfants, en plus d’être à la tête de sa maison d’édition. Il a aussi beaucoup, beaucoup d’humour.

« Bizarrement, l’idée du livre Un cadavre de classe m’est venue un soir, dans la douche. Drôle, hein? »

S’il dit ne pas pouvoir se comparer à San Antonio, « maître des maîtres » de l’intrigue et du rire, Robert Soulières dit bien rattraper ses histoires policières avec l’humour. Il utilise notamment beaucoup de jeux de mots loufoques, qu’il a commencé à adopter dans Casse-tête chinois, un de ses premiers romans. « Les jeux de mots me viennent de façon assez naturelle », explique-t-il au Salon du Livre. « Un jeu de mot en entraîne un autre, c’est comme une boucle qui se fait. Ca peut sembler facile, mais il m’arrive parfois d’en chercher, de prendre des notes. J’essaie aussi d’écrire quand je suis de bonne humeur. Quand je suis triste, je ne peux pas écrire.»
L’hilarant auteur-éditeur écrit aussi des romans plus dramatiques, sans jeu de mot, tel Le prince des marais. Mais son objectif est toujours de faire rire, tout en transmettant parfois des messages, sur l’esclavage des enfants, par exemple.

Pour l’avenir, il pense écrire un autre roman de la série cadavre. « Je pensais faire un mélange entre Jean de Chambly (qui se passe au Moyen-Âge) qui arrive à l’époque moderne, chez l’inspecteur et Élisabeth. » Il prévoit aussi un abécédaire de la famille pour septembre 2011. Attention, pas un texte comique, « parce que la famille, ce n’est pas toujours drôle, drôle ». Mais Robert Soulières est un homme occupé; avec sa maison d’édition, il a peu de temps pour se consacrer à l’écriture. « C’est pour ca que depuis quelques années je fais des choses très courtes », explique-t-il. « Écrire un roman demande beaucoup de temps et il faut quand même s’appliquer plusieurs jours de suite. Tout de même, ça me manque d’écrire.»

Julie Miville, maman des Affreux

Il y a dix ans, pendant sa grossesse, Julie Miville a commencé à gribouiller les Affreux, la famille la plus bizarre et charmante de la BD québécoise. Une maman constamment enceinte, un papa qui a fait la guerre de la vie, et des enfants pas comme les autres, tous faits de têtes rigolotes bien définies. « Ils sont un peu givrés, mais tellement attachants », explique leur créatrice

Artiste peintre, Mme Miville a commencé à peindre les Affreux sur des toiles et des t-shirts qu’elle a vendus dans des boutiques de Québec. Depuis, elle n’a pas arrêté. Ses créations sont maintenant disponibles dans plusieurs boutiques de la région, dont la sienne, ouverte depuis 2008. C’est lorsque l’éditeur Michel Brulé est passé dans sa boutique qu’il a adoré les Affreux et lui a proposé d’en faire des bandes dessinées. Julie Miville a donc écrit le profil de chacun de mes personnages et Nicole Bélanger a rédigé leurs aventures .

Depuis la sortie de leurs aventures sur papier, les Affreux se portent bien; pendant l’entrevue avec Baron, beaucoup de jeunes et moins jeunes sont venus faire signer leur album ou un signet. Pour chaque fan, Mme Miville dessine son personnage préféré. Des personnages avec des cicatrices, des yeux en croix, couvrent rapidement les signets. « Ils sont nés ainsi, mes Affreux », explique leur joyeuse maman. « Ca allait très bien avec leur personnalité et il y avait pour moi un côté graphique; des dents pointues et des yeux en croix, ca attire l’œil. »

Les Affreux ont également évolué au fil du temps. « Ils n’étaient pas comme ca aux premiers brouillons, non, ils étaient plus naïfs, avec des têtes plus carrées et aussi un peu plus sauvages, plus sarcastiques, mais là ils se sont adoucis… ils sont à mon image, et j’ai aussi évolué… » raconte Julie Miville.

Ils se retrouvent partout dans sa vie : lorsqu’elle étudiait en éducation spécialisée, elle continuait à vendre des t-shirts; lorsqu’elle rédige des invitations pour une fête, elle dessine ses Affreux. Elle se sert même d’eux pour parler de création lorsqu’elle fait de l’animation dans les écoles.
« C’est mon p’tit monde. Les Affreux, ils disent tt haut ce que les gens pensent tout pas, c qui dérange un peu. Ils sont caractériels, sympas, mordants. »

Jasmin Roy et son Osti de bon livre

Jasmin Roy, c’est Phillipe Graton dans Caméra Café. C’est aussi l’auteur d’Osti de fif, un récit autobiographique dans lequel il raconte comment l’intimidation homophobe qu’il a subi à l’école a eu des conséquences dans sa vie.

« Ça a été une réaction médiatique plus grande que je pensais. J’ai été étonné de voir les pères, les mères de famille, des profs, des ados, pas nécessairement gais, acheter le livre», s’exclame-t-il pendant sa période de dédicace vendredi dernier, au Salon du livre de Montréal. Il ajoute que beaucoup de gens sont préoccupés par ce phénomène : des professeurs, des directeurs d’école, des intervenants sociaux… « Ça les a interpellé, je pense. Ça a crevé l’abcès, ca m’a donné des alliés importants. »

Celui qui a fait ses débuts à la télévision dans Chambres en ville pense que ce qui a aidé la popularité de son livre, « c’est qu’enfin un a mis un visage public sur un problème récurrent. Je n’ai pas réinventé la roue, des livres sur l’homophobie il y en a eu depuis les années 1970».

Et les choses ont peu changé depuis; dans la deuxième partie de son livre, M. Roy laisse la place à des victimes d’aujourd’hui, qui vivent ou ont vécu la même chose que lui, et qui parfois, font face à des conséquences beaucoup plus graves. « Est-ce que le système de santé peut se permettre d’avoir des gens malades comme ca? » déclare-t-il.

Selon lui, l’intimidation homophobe est un problème qui vient au monde à l’école. « Je me faisais traiter de tapette à l’école, mais je n’ai jamais vécu ca à la maison. Et la plupart des gens te diront que quand ils sortent de l’école, ils n’ont pas de problème. C’est vraiment à l’école que ca se passe. Un problème qui nait à l’école, c’est à l’école de le régler. »

Dans la partie témoignage de son livre, d’ailleurs, certains jeunes étaient promis à un brillant avenir intellectuel, mais ont subi tant d’attaques qu’ils décrochent. « Pourtant, dès le départ, c’était des élèves qui aiment l’école, qui sont brillants, qui ont de la facilité, mais tout ca les nivelle vers le bas. » La plupart des victimes qui ont témoigné ont également déploré un manque d’interventions du corps enseignant.

Jasmin Roy a rencontré certains de ses anciens bourreaux, dont certain qui ont réalisé l’impact néfaste que ça avait. « Je suis très serein par rapport à ca. Je n’agresse personne, je veux pas me venger. J’ai juste le gout de dire « écoutez c’est ce qui s’est passé, maintenant qu’est ce qu’on peut faire tout le monde ensemble ».

Le 30 novembre prochain, il lancera sa deuxième offensive : sa fondation.

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