Mais d’abord, qu’est-ce que la gamification – ou ludification, si on veut avoir le bon goût de le dire en français ? Cette question pourrait sans difficulté donner lieu à une réponse longue, détaillée, argumentée… et éventuellement contredite par d’autres développements. Pour faire simple : disons que la gamification consiste à intégrer des mécaniques ludiques dans des domaines qui ne le sont pas nécessairement, afin de les rendre plus motivants.
Elle s’adresse en fait à notre tendance naturelle au jeu, afin de nous donner envie de réaliser telle ou telle action. Un exemple pourrait être celui des serious games, grâce auxquels on peut amener des personnes à s’instruire sur un sujet, à effectuer une tâche, etc. via une interface ludique.
La gamification par l’exemple
Elle peut se décliner en une myriade de manières : en faisant collectionner des récompenses (songez aux objets à collectionner dans les paquets de ceci ou de cela), via un gain de points (avec l’espoir de gagner quelque chose à la fin : les stations services l’ont beaucoup fait), en permettant de récupérer des éléments de personnalisation, etc. Ce n’est pas un phénomène nouveau du tout, comme en témoignent nos deux exemples entre parenthèses.
Mais dans ce cas : quel rapport avec des industries déjà ludiques par définition, telles que le jeu vidéo et les jeux d’argent en ligne ? En fait, on pourrait presque parler de mise en abyme : si la gamification permet de ludifier des activités sérieuses, elle permet aussi de donner de nouvelles dimensions ludiques à des activités qui le sont déjà. De là une utilisation massive par le jeu vidéo (trophées, mini-jeux, etc.).
La gamification a le vent en poupe
Deux nouveautés sont apparues ces dernières années, qui ont fait de la gamification un élément incontournable dans de nombreux secteurs.
Elle a d’abord gagné en considération. Longtemps regardée comme un simple moyen de pousser à la consommation ou au travail, elle a aussi montré que, bien utilisée, elle pouvait rendre de grands services professionnels : allez donc demander dans les écoles militaires si on y prend les wargames au sérieux.
Elle a aussi gagné en moyens, grâce au développement d’internet et du jeu en ligne, favorisant les interactions entre joueurs et la mise à jour des jeux (événements, parcours de récompenses, etc.).
Pourquoi ce succès dans les jeux d’argent ?
Le succès de la gamification des jeux d’argent va bien au-delà des seules techniques de motivation de cette démarche : il est également dû à des raisons très pratiques.
Si les sites des opérateurs de casinos s’y retrouvent évidemment par la motivation que la gamification injecte chez leurs joueurs, celle-ci ne se suffit pas à elle-même. Car on parle ici non pas d’une simple distraction, mais d’une distraction qui implique une mise régulière : la rendre plus attrayante ne suffirait pas à décider les joueurs à y investir davantage.
Tout le secret est que, pour que la gamification fonctionne dans les jeux d’argent, il faut aussi qu’elle améliore les chances de succès des joueurs. Si les récompenses dans les jeux vidéo peuvent se permettre de “seulement” nous motiver, celles des jeux d’argent doivent nous donner des raisons pratiques de mettre une “pièce” supplémentaire.
Les probabilités en sont la clef et c’est pourquoi les joueurs examinent celles de chaque offre spéciale qui leur est faite. C’est pourquoi aussi cette industrie propose toujours une gamme de bonus et d’offres de casino qui représentent de vraies plus-values pour les joueurs.
En somme : ces éléments qui nous paraissent naturels dans le fonctionnement des jeux d’argent – bonus, free spins, récompenses, etc. – relèvent tous de la gamification. Ce sont les petites doses d’adrénaline qui nous donnent envie d’y revenir encore et encore… mais de façon pertinente car, encore une fois : lorsque de l’argent réel est en jeu, seule leur pertinence les rend réellement efficientes.
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