Cédric Brottier, Gérant et Co-fondateur chez L’INSTANT SAS, une brasserie artisanale située à Pontault-Combault en France, lance un cri du coeur à l’industrie brassicole dans un texte sur LinkedIn.com
« Il n’est pas dans mes habitudes de faire des posts LinkedIn. Je suis plutôt un utilisateur passif. Mais aujourd’hui j’avais besoin de faire le point. Vous avez peut-être déjà vu passer ce visuel sur vos réseaux dans les jours précédents ? Ce n’est pas un
hasard. Tout le secteur brassicole artisanal est en souffrance.Lancer une brasserie, ce n’est pas qu’une lubie de néo-hispter en quête de concret. C’est un engagement pour le goût, pour la mise en valeur des terroirs, pour la dynamisation d’une ville, d’un quartier, d’une région. C’est aussi de la création de valeur, d’emploi, de la convivialité et une contribution très nette aux comptes de la nation…
Et pourtant, aujourd’hui, une grande part des brasseries artisanales sont menacées. Pourquoi ? Nous sommes de jeunes entreprises et le tournant de la bière craft est récent en France. Nous sommes donc pour la plupart en train d’amortir un matériel, issu d’un investissement lourd et récent. À cela s’est greffé le COVID-19 qui a rendu obsolète les business-plan de départ et aggravé notre endettement. Puis la crise inflationniste liée à la hausse du prix de l’énergie avec la répercussion directe de la guerre en Ukraine, est venue porter un coup décisif au secteur.
Aujourd’hui, une brasserie récente doit composer avec un loyer important (brasser demande de l’espace), un crédit lourd (brasser requiert du gros matériel), un endettement élevé (coucou le PGE), et des marges considérablement affaiblies (merci le verre à + 100 % et je parle pas des cartons, étiquettes, malts etc).
Dans ces conditions, je vois de nombreux confrères mettre la clé sous la porte. Parfois, après 7 ou 8 ans d’activité, certains s’interrogent face à une situation qui se durcit, et l’incapacité de se verser un salaire décent. Mon entreprise, L’Instant, n’est pas épargnée. Et je ne me suis pas payé encore en 2024, alors que je tournais au SMIC en 2023. C’est ça aussi être un petit patron.
Aujourd’hui, je suis fatigué, mais toujours combatif. Je ne cesserai jamais de croire que l’on peut convaincre la majorité de boire moins mais mieux. Qu’une très bonne bière produite proche de chez soi vaut bien quelques euros de plus qu’une mauvaise qui a traversé tout le pays et qu’on oubliera le lendemain. Je reste plus impliqué que jamais dans ce combat de tous les jours pour porter haut les couleurs de la bière dans notre patrimoine gastronomique.
Mais ce combat ne pourra réussir sans vous. Les brasseurs artisans ont besoin de vous, besoin de votre arbitrage en faveur des bonnes bières, en faveur de la qualité et du soutien au tissu économique qui vous entoure. Ensemble, nous pouvons y arriver.
En attendant, la profession attend aussi que les pouvoirs publics nous entendent en prenant la mesure de la situation. Notre Syndicat National des Brasseries Indépendantes a partagé récemment 4 revendications simple auxquelles je m’associe pleinement.
Soutenez votre brasseur local ! »