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Entrevue musico-bouffe avec Mafane | 43e édition de Contact Ontarois

Entrevue musico-bouffe avec Mafane | 43e édition de Contact Ontarois

43e édition de Contact Ontarois | Ottawa du 17 au 20 janvier 2024  | En collaboration avec Baron Mag

Un grand brouillard efface un jour le village de Sara : les chemins, les maisons, et même les gens disparaissent ! Grâce à une aiguille d’argent et un curieux bateau confiés par sa grand-mère, Sara et ses compagnons iront jusqu’au Pays du grand nulle part, un pays si merveilleux, qu’il n’existe pas : il faut l’inventer !

Bulle art de la parole  | 18 janvier | 13:45 à 15:15

La Nouvelle Scène Gilles Desjardins

 

Qui êtes-vous, quel est votre parcours ? 

Mon nom est Mafane, je suis conteuse depuis maintenant 15 ans. Venue de l’île de La Réunion, j’ai d’abord trouvé dans le conte un remède pour soigner le mal du pays, et j’ai commencé à conter en m’inspirant du folklore et de la musique de l’Océan Indien, avant de m’intéresser à d’autres traditions orales et de composer des histoires de mon cru.

J’ai eu l’occasion de conter à divers endroits, notamment au Centre national des Arts à Ottawa,  dans de nombreuses salles du Québec (notamment grâce au Circuit Paroles vivantes) ou encore en France, en Martinique et au Brésil. J’ai eu la chance de décrocher en 2015 la bourse de la conteuse de la relève décernée par Conteurs du Canada, et de faire de nombreuses résidences de création et de participer à différents festivals au Québec et en France.

 

Issue d’une longue tradition d’immigrants venus de Maurice, de Madagascar, d’Afrique du Sud, de Sicile, d’Algérie, d’Écosse et de France, j’ai commencé à m’interroger sur la question du départ lorsque j’ai quitté ma terre natale pour venir m’installer au Canada. Comment quitte-t-on ses racines ? Qu’emporte-t-on de plus précieux ? C’est à partir de ces questions que naissent mes histoires : La ruée vers l’autre, publié en 2020 sous forme de livre-balado chez Planète Rebelle, et Le pays du grand nulle part, sorti en 2022.

 

Comment a démarré votre aventure artistique ? 

J’ai fait mes études en Europe, où j’ai rencontré Casilda Regueiro, une remarquable conteuse espagnole qui a le don d’arrêter le temps lorsqu’elle conte des histoires.

J’ai trouvé que c’était là un pouvoir étonnant, et j’ai voulu essayer lorsque je suis venue m’installer dans la région en 2008. J’ai suivi un cours d’initiation et tout est parti de là.

 

Comment décririez-vous votre univers artistique   ?

Les histoires que je raconte sont soit tirées, soit directement inspirées de la littérature orale, et surtout du conte merveilleux. Il y a dans ces histoires une profondeur que je ne saisis pas entièrement, et c’est tant mieux : les histoires doivent garder une part de leur mystère !

Même s’il m’arrive de confectionner de nouvelles histoires, il me semble qu’on n’invente rien; on trouve de nouveaux chemins pour parler des mêmes choses. Derrière les histoires que j’ai ainsi façonnées, j’entends l’écho d’autres contes, d’autres motifs beaucoup plus anciens, ce qui me rassure : je sais alors que je suis sur des sentiers tracés par d’autres il y a bien longtemps, et que je ne peux alors pas m’égarer.

 

Quelle est votre relation à la nourriture ?

Saine ! J’aime manger, découvrir, expérimenter ! J’adore cuisiner et essayer de nouvelles choses (avec plus ou moins de succès).

 

Si Mafane était un plat, quel serait-il ?

 

Qu’est-ce que vous écoutez comme musique lorsque vous cuisinez ?

En général, quelque chose de calme, instrumental ou folk.

J’écoute beaucoup de balado et de livres audio aussi pendant que je cuisine, ça me permet de plonger dans un autre univers.

Quels sont les aliments dont vous ne pourriez jamais vous passer et pourquoi ?

Le piment (mais pas n’importe lequel, j’ai une très nette préférence pour le piment de chez moi – le piment cabri entre autres).

Aussi le miel, c’est un aliment merveilleux, un cadeau de la nature qui ne périme jamais !

 

Quel est le pire repas que l’on vous ait servi ?

 

Avez-vous des demandes spéciales aux promoteurs de spectacles lorsque vous êtes en tournée ?

Non, pas vraiment. Il y a des aliments que j’aime moins que d’autres (le fromage par exemple), mais je ne fais pas ma difficile.

Je me souviens d’un endroit où l’équipe sur place avait préparé une soupe maison pour les techniciens et nous, et on a tous mangé ensemble. C’était simple, généreux, j’ai adoré !

Quel est votre plus gros « fail » culinaire ?

Le bon vieux confondre le sel et le sucre quand tu prépares un gâteau de fête…

 

…Et votre plus gros « fail » théâtral ?

Peut-être pas exactement un « fail théâtral », mais assurément l’origine d’une grosse remise en question : j’avais été sélectionnée pour faire une résidence d’un mois à St-Elie-de-Caxton, grâce à un partenariat entre le CALQ, le Regroupement du conte au Québec et Fred Pellerin. J’arrivais là-bas avec l’idée de finir mon tout premier spectacle, La ruée vers l’autre. J’avais déjà presque 3 histoires sur 4, je disposais d’amplement de temps pour boucler tout ça et présenter le tout à la fin de la résidence. Ou c’est ce que je croyais.

Au bout de 15 jours, ma coach d’écriture est venue me rendre visite, on a regardé les histoires, et tout s’est cassé la gueule. TOUT.

Y’avait plus rien qui tenait la route. Elle a dû repartir au bout de 24h (c’était prévu) et moi je suis restée là, à regarder la poussière retomber.

Je me souviens d’avoir alors eu une image. Celle de lâcher la barre. Je n’étais pas maîtresse à bord, je ne l’avais jamais été : ce sont les histoires, et elles seules qui décident. À partir de ce moment-là, tout s’est placé tout seul, et j’ai pu présenter une ébauche somme toute satisfaisante du travail que je voulais mener.

J’ai depuis complètement revu ma façon de faire : désormais, je ne travaille plus « sur » une histoire, mais « avec » elle. C’est elle qui décide. Je lui pose des questions, et j’attends. Des fois, il faut faire preuve de patience. Mais je fais confiance au processus, et ça finit toujours par se placer.

 

Si je vous invite à souper, qu’est-ce que je devrais cuisiner et passer comme musique pour vous impressionner ?

Quelque chose qui mette à l’aise la personne qui m’invite. J’aime avant tout l’authenticité, je suis ravie de manger une sauce à spag du commerce si c’est servi avec simplicité et naturel. Pour la musique comme pour la nourriture, je suis toujours heureuse de découvrir des choses !

 

Quels sont vos projets futurs ?

Pour cette année : transposer mon nouveau spectacle Le pays du grand nulle part sous forme de roman jeunesse.

mafane.com

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