Dans le nouveau spectacle qu’elle présente à l’Agora de la danse (du 10 au 13 novembre 2021), Line Nault (danseuse et metteure en scène) continue son exploration entre la danse contemporaine et la technologie, une sorte d’étude qui la passionne depuis longtemps. Dans cette nouvelle expérience, elle veut amener le spectateur dans le questionnement profond du «Qui suis-je?». Nous nous sommes entretenus avec elle pour comprendre les défis de créer un tel spectacle.
Ce n’est pas ton premier spectacle qui amène la techno dans la danse. Comment Non de nom se démarque des autres projets que tu as fait? Qu’as-tu accompli de plus avec ce nouveau spectacle?
C’est comme un projet de synthèse de 20 ans de pratique avec la technologie interactive. J’ai commencé ça à l’aube des années 2000, c’était l’époque où plugger des senseurs avec un danseur pour que ça interagit avec le son et la lumière, c’était déjà, en soit, un exploit fantastique. Je travaille avec le studio Artificiel, dont je suis membre, qui est un laboratoire de lutherie numérique. C’est un terme que mon collègue à inventé à la fin des années 90. C’était un des premiers à faire de la programmation Max/MSP, de la programmation qui générait de l’interactivité sur différents médiums. Alors, il créait des outils pour les artistes. L’enjeu est d’apprendre l’outil de la même façon qu’on apprend à jouer du violon ou n’importe quel instrument. Il faut développer une façon de générer de la dramaturgie et un contenu expressif tout en faisant que le fond et la forme se tiennent. Il faut que la technologie utilisée serve ton propos. Et c’est extrêmement difficile, même aujourd’hui, car les gens se perdent beaucoup dans les possibilités technologiques et perdent aussi ce qu’ils ont envie de faire avec.
Alors, je pense que j’ai vraiment développé, sur les années, une capacité de travailler avec ces médiums, travailler avec le corps et la voix sans faire de surenchère. Ce spectacle est vraiment une synthèse entre ma pratique des installations et ma pratique des spectacles en art vivant. C’est une installation/performance, ce sont des interprètes qui vont déclencher, générer par leur présence, du contenu sur les différents médias.
Je comprends donc que tu ne seras peut-être pas une des interprètes?
C’est la deuxième fois que je travaille avec des interprètes, pour avoir une meilleure vue d’ensemble. Peut-être que mon désir d’être sur la scène est aussi moins fort. J’ai envie de pouvoir voir ce que je suis en train de faire et d’orchestrer un peu plus les éléments ensemble.
Concrètement, quelle est la technologie qui sera utilisée, comment allez-vous l’utiliser et pour faire quoi?
Ce qui est assez fabuleux est qu’il n’y a pas de régie dans ce que vous allez venir voir. Ce n’est pas un technicien qui part des cues. Il y a une infrastructure qui organise tous les set-up entre eux. Les interprètes ont un genre de petits trucs qui les géolocalise dans l’espace. Ils vont donc déclencher leur installation par leur présence sur la scène. Ils vont à certains endroits qui vont activer l’interactivité. Quand ils bougent dans l’espace, la lumière change et l’interactivité va se mettre à apparaître et s’ils quittent tout se désactive.
On dirait presque une technologie comme la Kinect?
On avait travaillé dans un projet passé avec des Kinects. C’était beaucoup de recherches mathématiques. On avait réussi à synchroniser quatre kinect pour avoir un méga plan de la salle. Mais bon, déclencher une interactivité avec une chose, c’est facile, mais là, c’est une autre technologie et le gros défi est de créer la dramaturgie avec toutes les choses qui peuvent ou non arriver avec toutes les choses qui ont été intégrées.
Avec une thématique qui joue sur l’éternelle question du «Qui suis-je», quelle expérience aura le-la spectateur-trice?
L’expérience est basée sur les fondements d’une pratique zen que je fais depuis plusieurs années qui m’a amenée à comment projeter ses espaces intérieurs et questionnements. Tout ce qui est dans ce projet sont des expériences personnelles que j’ai essayé de transposer mais qui seront véhiculées d’un interprète à l’autre.
C’est un endroit à aire ouverte. Un peu comme une exposition. C’est comme s’ils étaient dans une maison et ils sont les 4 dans cette quête du «Qui suis-je». Ils essayent de se supporter avec les tâches, comme on vit dans la société. Puis la recherche dure quatre heures. Les visiteurs peuvent passer d’une pièce à une autre et revenir. C’est en continu. Ça laisse le temps d’explorer.
Non de Nom par Line Nault
10,11,12,13 novembre 2021 à partir de 17h30
Entrée progressive aux 15 minutes.
À l’Agora de la Danse
1435, Rue De Bleury, Montréal
agoradanse.com