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Dans l’antre créatif de Geneviève Bigué, illustratrice et designer graphique

Dans l’antre créatif de Geneviève Bigué, illustratrice et designer graphique

Les créations visuelles de l’illustratrice et designer graphique Geneviève Bigué ont fait leur chemin et rayonnent aujourd’hui dans le milieu de l’édition, du publicitaire et de l’éditorial. Polyvalente tout en conservant sa propre signature, l’artiste sait jongler avec une quantité de contrats stimulants.

Le truc pour les mener à terme? La planification, du thé et une expression familiale toujours en tête!

Qui êtes-vous, quel est votre médium de prédilection et pourquoi?

Je suis Geneviève Bigué, illustratrice et designer graphique. J’ai fait une technique en dessin animé, fait un détour en création de jeux vidéo, puis j’ai complété le tout avec un Baccalauréat en design graphique, profil illustration. Je travaille depuis maintenant trois ans comme pigiste.

Depuis le début de ma carrière artistique, j’ai eu la chance d’illustrer pour plusieurs projets incroyables et variés: affiches de concert, couvertures de livre, romans jeunesses, vidéoclips, publicités, bandes dessinées… et j’en passe. Mes carrières en illustration et en design se croisent souvent et se complémentent dans la plupart de mes contrats.

Peu importe le projet, je travaille principalement de manière digitale, et ce, depuis plus de 10 ans. J’aime la certaine liberté que l’illustration digitale apporte. C’est beaucoup plus permissif lorsqu’on fait des erreurs ou si l’on veut changer des couleurs ou des détails. Il y a quand même certaines étapes que je fais à la main: la recherche d’idées et les premiers croquis. Même si le digital apporte énormément de possibilités, il ne peut pas rivaliser avec la fluidité et la spontanéité des traits de crayon faits à la main.

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(Esquisses) Roman jeunesse pour La courte échelle. Crédit : Geneviève Bigué.

Quelles ont été vos influences artistiques à vos débuts et quelles sont celles d’aujourd’hui?

Toute ma jeunesse, j’étais vraiment attirée par les dessins animés, surtout les séries japonaises. J’adorais aussi l’univers des jeux vidéo. Je dessinais sans cesse mes personnages préférés et j’inventais de nouvelles histoires autour d’eux. C’était une grande source d’inspiration!

Maintenant, mon inspiration provient de sources plus variées. La musique, la photographie, les sorties en nature ou au musée… Je lis surtout beaucoup de bandes dessinées et de romans. Parfois je vois, je lis ou j’entends quelque chose et tout de suite, il y a un déclic dans ma tête: une idée me vient et j’ai envie de la dessiner immédiatement. Ça m’évoque certaines images, et j’essaie de la transcrire sur papier.

Comment organisez-vous votre horaire? Comment planifiez-vous le temps de cerveau disponible à la création et celui accordé à la gestion plus technique de votre entreprise?

Comme je travaille comme pigiste, je garde un emploi du temps rigoureux: que j’aie peu ou beaucoup de contrats, de garder un horaire constant est primordial pour moi afin de jongler entre les contrats et les projets personnels. Il n’y a jamais un temps mort: si c’est plus tranquille au niveau du travail, j’en profite pour avancer des projets de bande dessinée, de rechercher des idées pour ma boutique en ligne, ou classer ma paperasse.

Il est certain qu’en travaillant à son compte, on ne fait pas que de la création. On doit par la même occasion apprendre à se promouvoir, à gérer sa publicité et à gérer ses finances. J’essaie d’être assez rigoureuse là-dessus: j’y consacre quelques heures par mois afin de ne pas me retrouver à la fin de l’année à devoir classer tous mes papiers!

Niveau créativité, je me fais souvent plusieurs sessions de travail pour la recherche d’idées. Je trouve que ça m’aide à trouver des concepts ou des idées plus poussées. Il faut laisser le temps aux idées de mûrir un peu. Ce n’est pas toujours évident selon la charge de travail, mais la recherche est une étape à ne pas négliger.

Quels sont vos meilleurs trucs pour mousser votre créativité?

J’ai toujours trouvé beaucoup d’inspiration dans la littérature et dans la musique que je consomme. Par les thèmes, l’ambiance, le rythme… Ça m’apporte des fois de bonnes pistes pour commencer un projet.

Il m’arrive parfois d’être également un peu démotivée par le dessin. Dans ces cas-là, je m’impose quelques heures de recherches avec des médiums que j’utilise moins: gouache, aquarelle, broderie, collage… Ça me permet de ne pas chercher à faire quelque chose de parfait et même ça peut m’apporter des idées pour de futurs projets.

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Roman jeunesse pour La courte échelle. Crédit : Geneviève Bigué

Quelles sont les outils indispensables pour passer une journée productive?

L’outil le plus important sur mon bureau est mon agenda. Je ne pourrais jamais m’en passer! C’est là que j’écris toutes mes dates de remise, mes listes de tâches à faire et où je planifie chacune de mes journées. Comme je jongle avec beaucoup de projets à la fois, et comme les projets créatifs demandent plusieurs heures de travail, il est primordial pour moi de tout planifier afin de rencontrer mes objectifs. À force de l’utiliser, on finit par mieux se connaître et de savoir ce que l’on peut accomplir dans une journée. C’est aussi ce qui me permet de planifier mes projets personnels: je les traite comme des contrats. Je leur planifie donc du temps que j’inscris à mon agenda.

Aussi, du thé.

Quels ont été les principaux défis auxquels vous avez pu faire face en tant qu’artiste lors de vos débuts?

Mon plus grand défi a vraiment été de me faire confiance et d’avoir confiance en mes réalisations. C’était difficile de me promouvoir, j’avais un peu le syndrome de l’imposteur.

J’étais tellement anxieuse de commencer ma carrière en illustration. J’avais une peur bleue que personne ne veuille m’engager pour mon style de dessin, que je ne trouve pas de contrats, que j’aie parcouru tout ce chemin pour rien… Le dessin, c’était toute ma vie, je ne voulais pas que ça s’arrête là.

Ça s’est bien passé, finalement!

Quels sont vos principaux défis aujourd’hui et comment arrivez-vous à les surmonter?

C’est un bon défi de trouver le temps de tout faire! Entre la recherche d’idées, les contrats, les projets personnels, la promotion de son travail avec un portfolio et les réseaux sociaux, la gestion de la paperasse, les finances et l’organisation de tout ça… Ça m’arrive souvent d’être un peu dépassée devant ma liste de tâches à accomplir.

Le meilleur conseil pour réussir à passer au travers de toutes les tâches, c’est vraiment de lister tout ce qu’on a à faire, puis de diviser ces tâches en étapes concrètes afin de les terminer. Et évidemment, je note le tout dans mon agenda. Ma mère me dit souvent: «Un éléphant, ça se mange en petites bouchées». C’est une expression un peu ridicule, mais elle représente bien ma stratégie!

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Couverture de livre pour Fides. Crédit : Geneviève Bigué.

Quelles ont été les personnes marquantes dans votre parcours professionnel?

Lors de mes études secondaires, au moment où on cherche activement ce qu’on veut devenir, j’ai eu la chance de rencontrer une personne qui travaillait à temps plein sur des productions de films animés. Cette personne m’a prouvé que, oui, c’était possible de vivre de son art. C’est vraiment ce qui m’a lancé sur la voie de l’illustration.

J’ai eu par la suite de merveilleux.ses professeur.e.s qui m’ont épaulée dans mon cheminement. Grâce à ces personnes, j’ai gagné la confiance qu’il me fallait pour croire en mon talent et transformer ma passion en métier.

Quelle œuvre avez-vous réalisée dont vous êtes la plus fière et pourquoi?

En fait, c’est un projet qui est toujours en cours, mais je suis très fière d’où j’en suis rendue. Je travaille depuis maintenant presque deux ans sur une bande dessinée dont j’ai écrit et illustré l’histoire. J’ai commencé ce projet durant un programme de mentorat avec l’éditeur Front Froid en début 2020 et j’ai eu un magnifique coup de main pour propulser le projet où il en est aujourd’hui.

C’est un projet de très long terme (presque 200 pages!) et c’est un bon défi de garder le cap à travers mes autres contrats et projets. Je suis contente de voir que j’arrive à avancer toutes les semaines et de voir la bande dessinée progresser peu à peu. Deux ans sur un projet (et ce sera probablement plus), ça prend beaucoup de volonté! Mais de pouvoir mélanger récit et dessin et de pouvoir conter une histoire comme ça à travers mes illustrations, c’est une source de motivation incroyable.

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Bande dessinée. Crédit : Geneviève Bigué.

Quel regard posez-vous sur votre secteur d’activité au Québec par rapport à ce qui se passe ailleurs dans le monde?

Le Québec est vraiment un petit monde en soi, mais c’est loin d’être une mauvaise chose. Je suis toujours impressionnée de voir à quel point l’illustration occupe une place importante dans la vie de tous les jours: sur les vêtements, sur les affiches publicitaires, à la télévision… Lorsqu’on commence à s’y attarder, c’est facile de voir à quel point nous sommes entourés d’images créées par les illustrateurs.rices d’ici. D’ailleurs, il y a beaucoup d’entraide entre les illustrateurs.rices d’ici, c’est rassurant de pouvoir compter sur elles.eux si on est incertain.e.s sur certaines facettes de notre travail.

Et puis, il est certain que je rêve un jour de pouvoir faire des projets à l’international, mais le Québec a également beaucoup à offrir en termes d’opportunités. J’ai déjà pu toucher à plusieurs projets d’édition, de publicités, d’éditorial et culturels… tout ça, ici!

Que faut-il avoir pour atteindre votre point d’équilibre personnel?

Il faut s’imposer des limites. L’illustration est mon travail, mais aussi ma passion et mon passe-temps. La ligne entre la vie personnelle et professionnelle peut donc facilement disparaître, et il m’est arrivé souvent de travailler le soir et les fins de semaine sans relâche. Ça m’arrive encore, mais il est vraiment important de tracer la limite, sinon c’est impossible de recharger sa batterie créative et de se ressourcer.

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Calendrier de l’Avent – Cossette X garde-manger pour tous. Crédit : Geneviève Bigué.

Que changeriez-vous, si vous aviez la chance de revenir en arrière?

Je ne pense pas que je changerais quoi que ce soit. Pour en arriver à ma carrière d’aujourd’hui, j’ai fais quelques détours scolaires, mais j’ai toujours appris quelque chose dans ces détours qui me sert encore aujourd’hui. Il n’y a jamais rien de perdu.

Quel est le meilleur conseil qu’un artiste vous ait partagé?

Il faut arrêter d’attendre le meilleur moment pour commencer un projet: il faut juste le commencer. Une fois le projet commencé, on dirait qu’il devient tout à coup beaucoup moins imposant.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite vivre de son art?

Il faut rester actif.ve dans sa production artistique. Toujours avoir des projets sur lesquels on peut travailler nous permet d’explorer, de s’améliorer. Ça aide aussi lorsqu’on cherche des contrats: ça démontre ce qu’on est capable d’accomplir, mais ça prouve également qu’on est capable d’être disciplinés et de terminer des projets.

Vivre de son art est aussi un long chemin, et ce n’est pas une tâche facile. D’ailleurs, beaucoup d’illustrateurs.rices diversifient leurs revenus en faisant des ateliers dans les écoles, en enseignant, en faisant des expositions, en ayant un autre travail… Moi-même, je n’illustre pas à temps plein. Je fais aussi beaucoup de graphisme et j’ai ma boutique en ligne. Grâce à ces emplois, j’ai la chance de souvent pouvoir mêler l’illustration à tout ça, ce qui est assez génial.

Geneviève Bigué

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