Close
Cornemuse et fruits de mer : Entrevue musico-bouffe avec Fiachra O’Regan de Gross Isle

Cornemuse et fruits de mer : Entrevue musico-bouffe avec Fiachra O’Regan de Gross Isle

Le groupe de musique traditionnelle Grosse Isle composé de Sophie Lavoie, Fiachra O’Regan et d’André Marchand a récemment sorti, le 12 mars dernier, son nouvel album intitulé Le Bonhomme sept heures / The Bonesetter. C’est avec une fusion musicale du répertoire de l’Irlande et du Québec que le trio propose des pièces à l’instrumentation diversifiée et des chansons significatives qui reflètent les deux cultures.

Le 17 mars prochain, à la fête de la St-Patrick, le groupe fera son lancement virtuel sur sa page Facebook dans une formule 5 à 7, afin de permettre au public de découvrir leurs nouvelles créations.

En attendant de se laisser porter par les rythmes issus de cette collaboration unique, Baron Mag s’entretient avec Fiachra O’Regan, l’un des membres du groupe, pour parler bouffe, inspiration et souvenirs.

Qui êtes-vous, quel est votre parcours? 

Je m’appelle Fiachra O’Regan. Je viens d’Irlande et je joue un instrument qui s’appelle l’uilleann pipes (cornemuse irlandaise). Je joue de la musique traditionnelle d’Irlande. J’ai rencontré Sophie Lavoie (violoneuse du groupe) en 2008 et je suis tombé en amour avec elle, puis avec la musique québécoise qu’elle joue. Je suis déménagé au Québec en 2014.

Comment a démarré votre aventure dans la musique? 

Dans l’école primaire où que je suis allé, on a tous pris des cours de musique sur le tin whistle (flute irlandaise) à dix ans. Le prof était super, et j’aimais beaucoup ça. Quand on a terminé l’école primaire, la plupart des jeunes ont arrêté d’en jouer, mais j’ai continué les cours privés avec le même prof. C’était parti.

Que signifie le titre de votre récent album?

On réfléchit toujours beaucoup aux titres de nos albums parce qu’il faut que ça sonne bien en anglais et en français. Sophie a composé deux beaux reels qu’on a mis sur le disque Le Bonhomme sept heures / The Bonsetter, et c’est devenu le titre bilingue de notre album. Sophie et moi avons deux enfants. Pendant que nous préparions la musique pour l’album, ils étaient entrain de jouer en arrière en faisant des pièges pour le Bonhomme sept heures. C’est un personnage légendaire qui capture les enfants qui ne sont pas dans leur lit à 19h. Cette expression aurait été inspirée de le Bonesetter (le remancheur).

Nouvel album de Grosse Isle: Le Bonhomme de sept heures / The Bonesetter

Si Le Bonhomme sept heures était un plat, quel serait-il?

Sûrement un plateau de fruits de mer, car le lien entre l’Irlande et le Québec, c’est la mer. Et c’est par la mer que sont venus les milliers d’Irlandais au Québec dans l’histoire. D’ailleurs, le nom de groupe fait référence à Grosse Île, une île près de Québec ayant servi comme centre de quarantaine pour les immigrants entre 1832-1932. Enfin, comme il y a une grande variété sur l’album, ce serait un plateau très varié aussi.

Quelle est votre relation avec la nourriture?

J’aime beaucoup cuisiner, mais je suis incapable de suivre une recette. Souvent, quand je commence à préparer un repas, j’ai une idée principale dans ma tête, mais ça évolue pendant que je cuisine. Manger, ça a toujours été un grand plaisir pour moi.

Quel est votre repas traditionnel préféré?

En Irlande, c’est le ragoût à l’agneau, qui est très savoureux, avec de la viande vraiment tendre. Au Québec, c’est sans doute la tourtière du Lac-Saint-Jean. J’aime tellement la cérémonie de la préparation, presqu’autant que le festin.

Qu’est-ce que vous écoutez comme musique lorsque vous cuisinez?

Ça dépend, mais en général quand je cuisine, j’aime les groupes des années 80, comme Dire Straits et The Waterboys, et aussi des trames sonores de films. Si je mets de la musique traditionnelle pendant que je cuisine, je risque de me concentrer trop sur la musique, et pas assez sur le repas!

Courtoisie: Grosse Isle

Quelle est la première recette que vous avez appris à faire?

Quand j’étais très très jeune (peut-être 6-7 ans), je me souviens avoir trouvé une recette de «Butterfly Buns» dans un livre à la maison. C’était très simple: un petit gâteau blanc. Une fois cuit, on coupe le dessus puis on le divise en deux. On ajoute une couche de confiture aux fraises et de crème, et les deux morceaux qu’on a coupés sont déposés à l’inverse dans la crème comme deux ailes de papillon. Assez simple, mais impressionnant à cet âge.

Quels sont les aliments dont vous ne pourrez jamais vous passer et pourquoi?

Des patates. Je sais que c’est cliché pour un Irlandais, mais c’est très polyvalent comme aliment et je m’ennuierais vraiment vite si je n’avais pas ça.

Avez-vous des demandes spéciales aux promoteurs de spectacles lorsque vous êtes en tournée?

Rien de très spécifique. Je n’ai pas d’allergies, et il n’y a aucune nourriture que je n’aime pas, mais je demande d’avoir de la nourriture bonne pour la santé. Ce n’est pas que je n’aime pas le fastfood de temps en temps, mais en tournée, ça peut arriver facilement d’en manger trop souvent. J’aime surtout quand il y a des repas locaux ou typiques de la région.

Quel est votre plus gros «fail» culinaire?

Un autre de mon jeune enfance. J’ai essayé d’inventer un breuvage et j’ai commencé avec du lait chauffé. Il y avait de la cannelle, du cacao, du sucre et du beurre. Après avoir passé un bon 20 minutes à penser aux saveurs et à le préparer, j’ai gouté, et me suis rendu compte que j’avais fait finalement un genre de chocolat chaud au beurre fondu. C’était imbuvable.

Courtoisie: Grosse Isle

…Et votre plus gros «fail» musical?

C’est facile pour un joueur d’uilleann pipes… Cet instrument est très vieux et fait avec plein de morceaux, un mélange de bois, métal et cuivre. Il y a souvent des parties qui tombent de l’instrument quand il fait chaud, et il fait souvent chaud sur la scène. Il y a deux ans, j’étais aux États-Unis en tournée avec un groupe de six musiciens et six gigueuses irlandaises. J’étais en plein milieu d’un gros solo d’uilleann pipes avec les gigueuses qui dansaient, quand soudain, il y eu un gros «pffffff»: le dessus de ma cornemuse a revolé au milieu du stage, dans les jambes des danseuses. Je ne pouvais plus jouer sans cette partie de l’instrument. Le guitariste a vu le petit morceau et il est allé le chercher. Je n’ai pas pu récupérer la partie avant le fin du morceau (les autres musiciens ont pris le relai sur mon solo) et je me suis assis sur ma chaise en faisant semblant que tout était correct!

Si je vous invite à souper, qu’est-ce que je devrais cuisiner et passer comme musique pour vous impressionner?

Je n’aime pas les soupers fancy. Je préfère un repas réconfortant. Simple, mais fait avec de bons ingrédients. L’ambiance est aussi importante que la bouffe, et j’aime la musique plus calme pendant un souper.

Votre dernier repas et la dernière musique que vous écouterez… Si vous deviez mourir demain?! 

Les pétoncles frais, cuits à la vapeur juste assez longtemps pour que les coquilles soient ouvertes, et après rôtis dans un poêlon avec du beurre et de petits morceaux de bacon (avec un verre de vin blanc sec). Pour la musique, ce serait The Bothy Band, un groupe de musique traditionnelle irlandaise actif entre 1974-1978. Selon moi, il n’y a pas de groupe aussi inspirant depuis.

Quels sont vos projets futurs?

Avec le lancement du nouvel album, on espère voir une amélioration de la situation avec la COVID, pour des raisons évidentes, mais aussi pour recommencer à jouer devant notre public. On a hâte de jouer nos nouvelles pièces. J’ai aussi un projet d’un deuxième disque solo que j’aimerais réaliser bientôt.

Grosse Isle

site web | facebook | youtube

Close
0