Les créations artistiques de la designer graphique et illustratrice Camille Charbonneau ont tout pour aguicher l’œil: couleurs éclatantes, joyeuse simplicité et thématiques ludiques. Teintées par un style graphique flamboyant et tout en rondeur des nineties, ces illustrations festives s’observent depuis quelques temps déjà dans la ville, ajoutant de l’éclat à un piano public, une table de pique-nique ou encore un autobus.
Rencontre avec l’artiste qui nous parle de son parcours, de ses trucs de travailleuse autonome et de la place importante qu’elle accorde au café dans sa vie!
Qui êtes-vous, quel est votre médium de prédilection et pourquoi?
Je suis Camille, designer graphique et illustratrice de Montréal qui aime un peu trop le rose et les motifs funky. Je travaille principalement de manière digitale, à l’aide de mon iPad et du logiciel Illustrator. Quand je ne suis pas assise devant mon ordinateur, vous pouvez me trouver en train de peindre dehors sur des murs ou autres éléments du paysage urbain.
Quelles ont été vos influences artistiques à vos débuts et quelles sont celles d’aujourd’hui?
Mon premier crush artistique a été Keith Haring. Son style graphique iconique, ses palettes de couleurs et sa simplicité sont des éléments qui m’inspirent encore aujourd’hui. Plusieurs autres artistes se sont ajoutés à ma liste de gens inspirants depuis. Marylou Faure, Steven Harrington, Justyna Stasik et Lauren West pour n’en nommer que quelques-uns.
Comment organisez-vous votre horaire? Comment planifiez vous le temps de cerveau disponible à la création et celui accordé à la gestion plus technique de votre entreprise?
Ça fait bientôt 5 ans que je travaille à mon compte, et j’ai essayé plusieurs formules pour tenter de rester productive et saine d’esprit. Pour moi, ça passe principalement par une routine. Je suis plus efficace le matin, alors j’essaie de me lever tôt et d’attaquer mes tâches plus ou moins créatives en premier. Ça me permet de libérer un peu mon cerveau et d’être plus créative quand c’est le temps. Je me donne toujours un peu de flexibilité aussi lorsque c’est possible. Si j’ai envie de prendre un après-midi pour aller me balader dans le bois, je le fais. Je pense que c’est le principal avantage d’être travailleur autonome, et on oublie souvent d’en profiter.
Quels sont vos meilleurs trucs pour mousser votre créativité?
En pré-pandémie, j’aimais prendre un petit café dans mon coin et aller à la bibliothèque pour regarder des livres. Que ce soit sur des sujets créatifs ou non, juste le fait d’être assise en silence et de me sortir un peu de mon quotidien m’aidait beaucoup à trouver des nouvelles sources d’inspiration. Ces temps-ci, j’essaie de reproduire la même ambiance en achetant des livres dans des boutiques locales comme Librairie St-Henri Books, La librairie de Verdun ou encore Drawn and Quaterly et en buvant un bon café. Ce n’est pas aussi efficace, mais ça aide.
J’écoute aussi beaucoup de podcasts en travaillant. Ils m’aident à rester concentrée et me permettent d’apprendre des choses en même temps. J’écoute majoritairement des balados de True Crime, mais pour quelque chose de plus créatif, je recommande Creative Pep Talk, Overtime et The Women of illustration.
Quelles sont les outils indispensables pour passer une journée productive?
Pour moi, l’outil dont je ne pourrais jamais me passer reste mon bon vieux cahier de note. J’ai essayé tous les outils de gestion en ligne qui existent, mais rien ne peut remplacer faire des listes et gribouiller des idées sur papier. Et du café…beaucoup de café!
Quels ont été les principaux défis auxquels vous avez pu faire face en tant qu’artiste lors de vos débuts?
Ce qui a été le plus difficile au début a probablement été de savoir par où commencer. Ça peut être compliqué de trouver des contrats quand on commence, alors j’ai plutôt misé sur des projets personnels qui montraient bien mon style et qui m’ont permis de le peaufiner.
Quels sont vos principaux défis aujourd’hui et comment arrivez-vous à les surmonter?
Je dirais que mon plus gros défi ces temps-ci est de bien gérer l’équilibre entre ma vie personnelle et professionnelle. Cette année, j’ai réalisé à quel point j’ai de la chance de pouvoir faire ce qui me passionne tous les jours. Par contre, justement parce que j’aime ce que je fais, ça peut être difficile de m’arrêter et de prendre le temps de recharger mes batteries entre les projets. Je me rends compte que pour alimenter ma créativité, ça me prend des temps de pause où je décroche un peu et je prends du temps pour moi. Pour m’aider, j’essaie de me fixer un horaire de travail et de le respecter le plus possible. Ça me permet de mieux structurer mon temps et d’entretenir un état d’esprit plus sain.
Quelles ont été les personnes marquantes dans votre parcours professionnel?
Les personnes les plus marquantes et celles qui m’ont le plus aidée dans mon parcours ont définitivement été mes autres amis/collègues/gurus illustrateurs et designers. M’entourer de gens qui comprennent les petits plaisirs ainsi que les obstacles de ce genre de travail m’a énormément aidée à me sentir moins seule. Partager nos opinions et discuter ensemble de nos expériences nous permettent d’apprendre et de se motiver mutuellement.
Quelle œuvre avez-vous réalisée dont vous êtes la plus fière et pourquoi?
Mon projet favori à ce jour reste l’autobus de la STM que j’ai peint pour le Festival Mural en collaboration avec Fierté Montréal. J’ai adoré relever ce défi de rendre un si gros objet coloré et festif. Pour quelqu’un qui travaille majoritairement de manière digitale, j’ai été fascinée de voir mon illustration prendre vie en 3 dimensions. Plusieurs de mes amis sont aussi venus me donner un coup de main pour ce gros projet. Peindre des motifs funky avec ses amis en pleine canicule sur une rue remplie d’énergie et de festivités, je suis loin d’oublier cette expérience, c’est certain.
Que changeriez-vous, si vous aviez la chance de revenir en arrière?
Au niveau de mon parcours, rien. Par contre, pour ce qui est de mon état d’esprit, je me ferais définitivement plus confiance. J’ai beaucoup douté lors de mes premiers pas et certaines peurs ont pu me ralentir. Je travaille chaque jour à écouter davantage mon instinct et à me faire plus confiance. Je pense que ça restera toujours un de mes plus gros défis, mais j’ose croire qu’avec le temps je développerai de meilleurs outils pour gérer cette petite voix de doute qui me parle de temps à autre.
Quel est le meilleur conseil qu’un artiste vous ait partagé?
De faire des projets personnels qui reflètent le genre de projets sur lesquels je veux travailler dans le futur. Les clients aiment voir des exemples de ce pourquoi ils engagent un illustrateur. Si par exemple j’avais comme but de faire une collaboration avec une compagnie de vêtements, je ferais moi-même quelques morceaux et les diffuserait sur mes réseaux sociaux pour montrer ce dont je suis capable et ainsi inciter des clients potentiels à penser à moi pour ce genre de projet.
Quel(s) conseil(s) donneriez vous à quelqu’un qui souhaite vivre de son art?
Je sais que je me répète, mais mon meilleur conseil de tous les temps restera toujours de faire des projets personnels. Ils sont des exercices indispensables qui nous permettent d’explorer et de s’exprimer sans les contraintes de vrais projets comme l’opinion des clients ou le manque de budget. Ceci dit, j’aime bien me fixer moi-même quelques contraintes comme un échéancier ou un thème précis. L’idée d’avoir toutes les possibilités du monde devant soi peut être un peu effrayant, j’ai compris que mon cerveau fonctionnait mieux quand il y avait quelques règles en place.
Sinon, je pense que ça peut être facile de l’oublier et de se perdre dans le stress et la pression d’une carrière créative, mais c’est important d’avoir du plaisir. De jouer, d’explorer, de faire des erreurs, d’apprendre. Selon moi, c’est la seule façon de rester motivé et de s’améliorer au fil du temps.