Par Kim Renaud-Venne
Les œuvres visuelles d’Aless Mc sont empreintes de nostalgie et marquées par une culture graphique haute en couleur et en contraste. Influencée par les arts, les jeux et les textures, l’artiste se nourrit de son environnement – pour ne pas dire de tout – pour créer des illustrations pigmentées aux allures vintage et à la composition puissante.
Entrevue avec l’illustratrice qui, toujours à la recherche de nouveauté, ne cesse d’expérimenter les styles et les médiums.
Bonjour! Quel est votre médium de prédilection et pourquoi?
J’essaie de varier les médiums traditionnels (peinture, stylo-pinceau, crayons de bois, pastel gras) pour mes esquisses, puis je travaille à l’ordinateur pour assembler l’image finale. Je ne crée donc pas avec un objet en particulier. Par contre, en ce moment, j’aime beaucoup travailler mes esquisses à la gouache.
Quelles ont été vos influences artistiques à vos débuts et quelles sont celles d’aujourd’hui?
J’ai passé ma jeunesse à lire et dessiner des mangas et à jouer au Nintendo, je crois que c’est ce qui a instauré en moi un intérêt pour la culture graphique. En ce moment, j’aime bien les emballages, les jeux et les objets d’autrefois, faits à la main. J’aime beaucoup regarder des aménagements intérieurs pour voir comment les couleurs, les textures et les compositions ont été mélangées pour créer un tout cohérent. J’aime aussi beaucoup aller au musée pour découvrir l’œuvre d’un artiste ou bien l’évolution d’un mouvement artistique à travers le temps. Je tire aussi beaucoup d’inspiration des formes et des couleurs dans la nature. Je pense qu’il est également important de nourrir sa pratique à travers d’autres médiums que l’illustration (tels que la musique et le cinéma) afin de voir les parallèles qui peuvent se créer à travers différents champs artistiques.
Comment organisez-vous votre horaire? Comment planifiez-vous le temps de cerveau disponible à la création et celui accordé à la gestion plus technique de votre entreprise?
Je ne suis pas la meilleure à gérer mon temps. C’est toujours difficile de prévoir combien de temps planifier pour un projet parce que parfois ça prend une journée et parfois ça prend une semaine pour arriver à conceptualiser une bonne idée. Par contre, avec le temps, j’ai appris à commencer mes esquisses à l’avance pour laisser mijoter mes idées et ne pas me ramasser avec un projet fait à la dernière minute.
J’ai travaillé pendant deux ans dans une entreprise de services financiers avant de devenir illustratrice et cela m’a doté de bonnes pratiques de communication avec mes clients. Je dirai que ça me permet de bien gérer les tâches plus bureaucratiques de mon travail.
Quels sont vos meilleurs trucs pour mousser votre créativité?
J’aime beaucoup commencer mes esquisses à la gouache parce que ça me permet de faire des liens graphiques que je ne ferais pas nécessairement autrement. Si je suis sur un projet sur lequel j’ai de la misère à déboucher, je prends un break et je recommence le jour suivant. Souvent, la nuit porte conseil!
Quels sont les outils indispensables pour passer une journée productive?
Ma productivité dépend plus de ma motivation que des outils à ma disposition, mais je dirais que mon ordinateur, ma tablette graphique, du papier, un crayon et de la gouache sont les outils que j’utilise le plus couramment dans mon travail.
Quels ont été les principaux défis auxquels vous avez pu faire face en tant qu’artiste lors de vos débuts?
Quand je commençais, je voulais que tout se passe rapidement: que mes projets soient à mon goût, que mes publications atteignent beaucoup de gens, etc. Quand je pense à mon parcours, je suis vraiment contente que tout ce soit passé (et se passe encore) très graduellement parce que ça me permet d’essayer de nouvelles choses sans être prise dans un style. Je trouve que, quand on a beaucoup de succès rapidement, on a tendance à être rapidement associé à un style et c’est plus difficile d’évoluer par la suite.
Quels sont vos principaux défis aujourd’hui et comment arrivez-vous à les surmonter?
J’ai toujours tendance à vouloir évoluer et essayer de nouvelles choses. Souvent, ça prend du temps et de la frustration à peaufiner une idée. Quand je me décourage, je me rappelle que je suis déjà passée par des moments comme ça et que, finalement, j’ai réussi à trouver une solution. Après quelques années, je réalise que la création est un cycle et que la frustration et la persévérance sont deux éléments qui en font partie inhérente!
Quelles ont été les personnes marquantes dans votre parcours professionnel?
J’ai beaucoup appris durant mon Baccalauréat en design graphique à l’UQAM. J’ai particulièrement été marquée par les professeurs que j’ai eus en illustration: Gérard Dubois, Michèle Lemieux et Pol Turgeon.
Quelle œuvre avez-vous réalisée dont vous êtes la plus fière et pourquoi?
Je trouve que mes projets personnels sont ceux dont je suis la plus fière.
Quel regard posez-vous sur votre secteur d’activité au Québec par rapport à ce qui se passe ailleurs dans le monde?
Il y a beaucoup de talent et de créativité au Québec et on n’a rien à envier aux grandes villes. Je trouve que la diversité culturelle, l’ouverture d’esprit des gens, la valorisation de la culture et de la création combinées à un coût de vie plus bas que d’autres villes font en sorte qu’il y a beaucoup de place à l’expérimentation et la collaboration au Québec. Ça donne une communauté unique axée sur la création et la collaboration plutôt que de vouloir générer du profit au détriment des arts et de la culture.
Quel est le meilleur conseil qu’un artiste vous ait partagé?
Un de mes profs m’a dit que si ton image fonctionne en petit, elle va fonctionner en grand. C’est un bon conseil pour savoir si une esquisse fonctionne avant de passer au final.
Quel est le pire ennemi et le meilleur allié d’un artiste?
Le temps! Quand on en a trop, on n’avance pas et quand on en n’a pas, on avance trop vite!
Que faut-il avoir pour atteindre votre point d’équilibre personnel?
Je vous le dirai quand je l’aurai atteint!
