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Mini-cycle: l’économie circulaire

Mini-cycle: l’économie circulaire

Jad Robitaille a lancé Mini-cycle en octobre 2018. La compagnie implantée dans Saint-Henri propose des vêtements neufs et de seconde main pour enfants de 0 à 12 ans. Une fois trop petits, les consommateurs peuvent les échanger pour du crédit ou du comptant. Les items sont alors lavés, réparés et remis sur le marché.

Après avoir travaillé pour Bombardier Transports en Asie, Jad Robitaille est revenue au Canada faire une maîtrise environnementale à Queens, en Ontario, où elle a été sensibilisée à l’économie circulaire. Elle a ensuite enseigné les stratégies en durabilité à McGill, à Montréal.

Elle est tombée enceinte pendant ses études. Elle s’est alors aperçue qu’avoir des enfants comporte des défis en termes de gaspillage, surtout en lien avec les vêtements.

«Je voulais des vêtements faits au Canada, avec des fibres naturelles, mais je n’en trouvais pas en seconde main, d’où l’idée de Mini-cycle, raconte Jad Robitaille. Je me suis aperçue qu’un vêtement bien fait pouvait revenir 4 à 5 fois dans le cycle, sachant qu’une pièce est généralement gardée pendant 9 mois. On réduit son empreinte écologique d’environ 20 à 25%. On pense aussi à la fin de vie des pièces, en m’assurant qu’elles ne peuvent plus être portées et qu’elles soient facilement recyclables, par exemple du coton bio, du lin ou du chanvre.»

Crédit photo: Mini-cycle

Son idée lui est venue en 2017, puis le temps de contacter des marques, d’avoir des produits seconde main, de construire le site internet, de trouver les compagnies pour les envois de commandes, c’est une période de tests et d’essais qui a mené l’année suivante au lancement.

L’objectif premier de Mini-cycle est d’éduquer et de donner de l’information sur la consommation de vêtements et l’impact sur l’environnement. L’entrepreneure veut aussi servir de communauté et de lien de partage, c’est pourquoi elle a décidé de lancer un blogue sur lequel à terme elle aimerait publier un article par semaine.

Des ventes en ligne

La problématique ne serait pas l’approvisionnement seconde main, mais plutôt l’éducation des consommateurs.

Sa première stratégie est d’offrir des vêtements neufs pour que les personnes qui ne veulent pas consommer de seconde main puissent aussi participer à l’économie circulaire. La seconde est de faire comprendre qu’une pièce neuve bien faite peut être utilisée plusieurs fois et avoir une bonne valeur de revente. Mme Robitaille encourage à acheter peu, mais bien, puis de remettre la pièce sur le marché pour qu’elle vive le plus longtemps possible. La troisième est de rendre le seconde main facile en ligne puisque cela représente son moyen de vente principale, car cela lui permet de rejoindre plus de monde. Elle dispose présentement d’un showroom et aimerait à terme avoir une boutique, mais faire les deux requiert du temps et de l’argent.

Crédit photo: Mini-cycle

«Mettre une pièce à 5$, dans le système économique dans lequel on vit, ça ne fait pas de sens d’un point de vue business. Le temps qu’on la mette en ligne, on est déjà dans le moins. Si on pense aussi à l’envoi, c’est zéro profit. Même si on est une compagnie à vocation sociale, on ne peut pas vivre si on ne fait pas de profits. L’idée est que si une pièce nous revient plusieurs fois, ça devient beaucoup plus intéressant économiquement parce qu’on a déjà la photo, l’information… C’est donc de partir une grosse banque de données», explique l’entrepreneure.

Forte demande du seconde main

Les ventes de seconde main représentent 30% de ses ventes totales, le reste correspond au neuf. Chaque mercredi midi, Mini-cycle met en ligne 200 nouvelles pièces seconde main qui partent en dix minutes environ. Ce chiffre correspond au nombre de pièces reçues, qu’elles proviennent de Mini-cycle ou d’un autre magasin, et à la capacité de les traiter.

«On essaye d’augmenter la cadence le plus possible, mais c’est un modèle d’affaires qui est très difficile à faire fonctionner, c’est très demandant du côté ressources humaines, souligne Jad Robitaille. Même si on essaye de le standardiser, chaque pièce doit être revue pour les taches ou les trous, parce qu’on les répare lorsqu’elles sont brisées. Mon idéal serait de magasiner le seconde main comme on magasine le neuf. Par exemple, il y a des leggins bleus que vous aimez, vous les trouvez sur notre site en neuf ou en seconde main, c’est d’avoir une panoplie d’options pour le même produit.»

Crédit photo: Mini-cycle

Différentes étiquettes accompagnent les vêtements: neuf avec étiquette, comme neuf, minimalement usé, a besoin d’amour et reconditionnement. L’entrepreneure cherche à faire des partenariats pour les vêtements trop usés. Elle vend des toutous en matières recyclées, ce qui est une alternative imaginée, ou encore des élastiques pour les cheveux. Et pour tous les vêtements qui ne correspondent pas à ses critères de vente, elle les remet à l’OBNL implantée dans Saint-Henri, Famijeunes.

À noter également qu’elle souhaite installer une boîte à vêtements devant son showroom pour être en mesure de réceptionner des pièces seconde main en dehors des heures d’ouverture.

Croissance de l’entreprise

Si Mini-cycle s’adressait initialement aux 0-8 ans, elle élargit aujourd’hui son offre aux 0-12 ans.

«C’est juste une question de diminuer les coûts d’achat, mais en seconde main, on a toujours pris plus grand. Aussi, les plus petites et les plus grandes pièces prennent le plus de temps à partir, mais là je commence à voir qu’on a de plus en plus de clients qui cherchent du plus grand… Je pense que maintenant on rejoint plus de clients qui avaient déjà des enfants quand on a commencé, donc ça s’en va dans la bonne direction pour augmenter la tranche d’âge», s’enthousiasme l’entrepreneure.

De janvier à avril, elle a triplé ses ventes soit parce qu’elle était déjà en croissance, soit en lien avec la pandémie qui a augmenté le nombre d’achats en ligne. Elle a présentement de la difficulté à répondre à la demande, tant pour le neuf que pour le seconde main. Et ce, malgré une équipe composée de six employés à temps plein et de quatre autres à temps partiel.

Crédit photo: Mini-cycle

«Pour grossir, ça prend quand même un gros investissement parce que tu ne peux pas juste utiliser tes ventes pour couvrir ta croissance, insiste Jad Robitaille. Il faut que tu ailles chercher de l’argent extérieur et, pour une compagnie, ça demande d’avoir un historique de crédit qu’on n’a pas. Sinon, il faut qu’on donne de l’équité, mais il ne faut pas trop donner pour ne pas perdre non plus l’essence de la compagnie. Il ne faut pas grossir trop vite non plus parce que sinon on va perdre en qualité.»

Elle regarde présentement pour déménager dans un plus grand local sachant que son showroom est de 1200 pieds carrés. Ce changement lui permettrait d’avoir plus de place pour ses employés, d’accueillir plus de clients tout en respectant la distanciation sociale et de gérer l’inventaire.

👕 Mini-cycle

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