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« J’aime avoir le temps de cuisiner, le plaisir de le faire et s’il y a des amis qui viennent partager, c’est encore mieux! » – Entrevue musico-bouffe de Christine Tassan

« J’aime avoir le temps de cuisiner, le plaisir de le faire et s’il y a des amis qui viennent partager, c’est encore mieux! » – Entrevue musico-bouffe de Christine Tassan

Christine Tassan a fait un lancement-spectacle hybride au Lion d’or le 27 septembre pour présenter son nouvel album distribué par Sélect, Voyage intérieur. Si on associe habituellement la guitariste au jazz manouche, elle aborde ici des sonorités jazz, électriques et bebop avec une formule en quintette.

La guitariste Christine Tassan partage avec Baron ses expériences musicales & culinaires.

Comment en es-tu arrivée à faire carrière en musique?

Ça fait longtemps. J’ai commencé la guitare classique à 11 ans, mais ce qui m’intéressait c’était plus la chanson et même l’improvisation, donc assez rapidement j’ai joué sur scène, vers l’âge de 15 ans. Je suis née à Paris, je suis arrivée au Québec en 1994 et là j’ai intensifié toutes mes activités musicales.

Petit à petit, je me suis orientée plus vers l’improvisation. D’abord, avec le jazz manouche, donc la musique de Django Reinhardt et Stéphane Grappelli. J’ai monté un groupe de jazz manouche féminin en 2003 qui s’appelle Christine Tassan et les Imposteures. Ça a été mon projet principal depuis ce temps, on a sorti 5 albums et on a tourné un peu partout, au Canada, aux États-Unis, en Europe, en Chine… Et on avait beaucoup de tournées de prévues encore. Depuis deux ans, j’ai formé un autre groupe qui s’appelle Christine Tassan quintette. Ça faisait longtemps que je faisais du jazz manouche et j’avais envie de faire autre chose, d’évoluer musicalement, de pouvoir explorer d’autres styles avec d’autres musiciens.

Pourquoi garder les deux?

C’est complètement différent et ce sont deux projets qui peuvent très bien fonctionner en parallèle. Avec les Imposteurs, il y a de l’instrumental, mais il y a aussi des harmonies vocales. Avec le quintette, c’est purement instrumental. Ça va me permettre de cibler différents festivals, concerts, publics.

Pourquoi Voyage intérieur?

Ce sont 10 compositions, avec un jazz plus contemporain, je suis à la guitare électrique. Je trouvais que ça résumait bien l’ensemble de l’album. C’est le titre d’un morceau qui est assez introspectif, une espèce de balade, une valse lente. Dans l’album, c’est très varié rythmiquement: il y a autant des balades, que du swing, ou encore du funk. Musicalement, c’est déjà une espèce de voyage pour les gens qui passent à travers différents styles. Pour moi, je trouve que ça a été un album dans lequel je me suis laissée la liberté de partir dans toutes les directions sans a priori et sans limitations.

C’est un titre prémonitoire par rapport à l’histoire de la pandémie puisque l’album était conçu avant, donc je trouve ça surprenant. Avec la pandémie, beaucoup de choses s’arrêtent et on ne peut plus fonctionner de la même manière qu’avant, on est un peu tous obligés de faire ce voyage intérieur. On se retrouve face à nous-mêmes.

Quelle est ta relation avec la nourriture?

J’aime bien, bien manger. C’est vraiment important pour moi. Quand j’ai faim, il faut que je mange. Je n’aime pas la junk food, j’aime bien les bons repas. Pas nécessairement les repas riches, mais de bons aliments. J’aime bien prendre une pause pour manger, c’est peut-être mon côté français… C’est aussi un partage, il y a toute la convivialité quand on mange avec d’autres personnes.

Quel est le dernier repas que le quintette a partagé ensemble?

Lors du lancement-spectacle, tous les musiciens ne pouvaient pas rester, mais on était trois et quelques amis, c’était super! On est allés manger du poulet portugais, c’était très bon.

Est-ce que tu écoutes de la musique quand tu cuisines?

Oui, souvent. Je me mets du jazz, souvent la radio: soit Radio-Canada avec Stanley Péan, soit la radio française TSF Jazz. J’ai toujours été une adepte de la radio, j’aime aussi les commentaires des animateurs et, souvent, ils nous font découvrir des choses auxquelles on n’aurait jamais pensé.

Quels sont les ingrédients de base dont tu as toujours besoin?

Je suis très fruits et légumes. Des aliments frais. J’aime aussi beaucoup le poisson et les fruits de mer. Un régime assez méditerranéen, genre tomate, basilic et bocconcini. J’ai des petits bacs avec des herbes comme de la menthe, du basilic, du thym, de la sauge.

Quelle est la première recette que tu as appris à faire?

Je suis d’origine italienne, donc j’ai appris à cuisiner avec ma grand-mère et ma mère. J’aime beaucoup faire un osso buco que je réussis assez bien! On pourrait dire que c’est mon plat signature.

Courtoisie: Christine Tassan – Facebook

Quel est le plat que tu aimes commander?

J’aime beaucoup commander le couscous du restaurant Tao, je le trouve très bon. Les sushis, j’aime bien aussi.

Quelles sont tes règles en cuisine?

Je ne suis pas assez ferrée en cuisine pour avoir des règles. Ce que je n’aime pas, ce sont les trucs trop gras, je pense que je ne les digère pas très bien. J’aime quand c’est de qualité.

En musique?

En jazz, c’est beaucoup de l’improvisation, donc il n’y a pas vraiment de règles. Musicalement parlant, j’aime que ce soit bien fait, autant ce que je fais que ce que j’écoute. Sentir qu’il y a un travail en arrière et que c’est beau à écouter. C’est plus une exigence de qualité que des règles en particulier.

Quelles sont les bonnes conditions pour cuisiner?

J’aime avoir le temps de cuisiner, le plaisir de le faire et s’il y a des amis qui viennent partager, c’est encore mieux.

Pour faire de la musique?

C’est un petit peu la même chose. Souvent, on est bousculé par les horaires, mais de pouvoir prendre le temps, je trouve ça important. On en parlait avec Aurélien Tomasi, le saxophoniste de mon quintette. En ce moment, il y a beaucoup moins de spectacles, il y a un côté négatif à ça, mais aussi un côté positif parce qu’on peut prendre le temps de préparer le spectacle. J’aime aussi répéter tranquille dans mon coin, mais aussi avec d’autres personnes. La convivialité, le partage, en musique, c’est très important pour moi.

Quel est le meilleur assemblage repas-musique que tu aies expérimenté?

En 2014, on a été en France avec les Imposteures, on a joué au Festival Samois-sur-Seine qui a lieu dans le village où a vécu Django Reinhardt. C’est l’un des plus prestigieux festivals. Juste après, il y avait un arrière scène pour les musiciens et il y avait un buffet comme un banquet, avec de tout, c’était incroyable. Il y avait même un sommelier pour faire un accord met et vin en fonction de ce qu’on prenait. J’avoue, c’était assez top!

Quelle est ta dernière découverte culinaire?

Ce n’est pas une découverte en tant que telle, mais un plaisir incroyable. Pendant la pandémie, j’ai été à Carleton-sur-Mer en Gaspésie, et on a mangé du homard qui était hallucinant et du crabe des neiges. J’en ai jamais mangé d’aussi bon!

Et musicale?

Dans mes dernières découvertes, il y a Avishai Cohen qui est un compositeur et un joueur de contrebasse hallucinant. Son ambiance musicale m’inspire beaucoup. C’est du jazz, mais en même temps, ça reste très mélodieux. C’est le genre de jazz que j’apprécie, rythmiquement c’est très fort, et il crée des ambiances que ce soit en trio ou avec une formation plus importante, c’est vraiment hallucinant ce qu’il arrive à faire!

🎸 Christine Tassan

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